LA SOIF DU MAL (Touch of Evil - Director's Cut) est un film écrit et réalisé par Orson Welles, d'après le roman Badge of Evil de Whit Masterson.
La photographie est signée Russell Metty. La musique est composée par Henry Mancini sous la supervision de Joseph Gershenson.
Dans les rôles principaux, on trouve : Charlton Heston (Ramon Miguel "Mike" Vargas), Janet Leigh (Susan Vargas), Orson Welles (commissaire Henry "Hank" Quinlan), Joseph Calleia (adjoint Pete Menzies), Akim Tamiroff ("Oncle Joe" Grandi), Mort Mills (procureur Schwartz), Marlene Dietrich (Tanya).
Un plan-séquence d'anthologie pour démarrer !
Mike et Susan Vargas
(Charlton Heston et Janet Leigh)
La lune de miel de Susan et Mike Vargas est interrompue par l'explosion d'une bombe dans le secteur américain de Los Robles, petite ville proche de la frontière mexicaine.
Le commissaire Hank Quinlan et Mike Vargas
(Orson Welles et Charlton Heston)
Vargas redoute que cet attentat provoque des complications avec les autorités locales et ses craintes se vérifient vite lorsqu'il rencontre le commissaire Hank Quinlan chargé de résoudre l'affaire, dont les méthodes douteuses le heurtent.
"Oncle Joe" Grandi et Susan Vargas
(Akim Tamiroff et Janet Leigh)
Pendant ce temps, Susan Vargas est abordé par les sbires de "Oncle Joe" Grandi, qui les menacent, elle et son mari, à mots couverts si Mike s'implique de trop près dans cette enquête.
Mike Vargas, le procureur Schwartz, Hank Quinlan et Pete Menzies
(Charlton Heston, Mort Mills, Orson Welles et Joseph Calleia)
Quinlan soupçonne rapidement Manolo Sanchez d'être l'auteur de l'attentat : le jeune homme nie énergiquement mais il fait un coupable idéal car il est le fiancé de Marcia Linnekar dont le père, Rudy, a été tué avec sa compagne, Rita, dans l'explosion.
Susan Vargas
(Janet Leigh)
Inquiet pour la sécurité de Susan, Mike lui demande de s'installer dans un hôtel isolé, le "Mirador", où la conduit l'adjoint de Quinlan, Pete Menzies. Ils sont suivis par Grandi que Menzies arrête et ramène en ville.
Le procureur Schwartz et Mike Vargas
(Mort Mills et Charlton Heston)
Faute de preuves solides contre Sanchez, Quinlan n'hésite pas en en fabriquer, comme le remarque Vargas, quand des bâtons de dynamite sont retrouvés dans la salle de bain du suspect alors qu'ils n'y étaient pas quelque minutes auparavant lorsque Mike était allé s'y rafraîchir.
Susan Vargas
Cependant, à son hôtel, Susan est agressée puis droguée et enlevée par Pancho et ses amis, tous à la solde de Grandi, dont le frère a été arrêté par Vargas et qu'il espère ainsi écarter des investigations en cours tout en soulageant Quinlan pour mieux le corrompre.
Mike Vargas
Vargas accède aux archives du palais de justice grâce au procureur Schwartz et consulte les dossiers des enquêtes menées par Quinlan et Menzies, pour la plupart entachées de graves irrégularités.
Hank Quinlan et Pete Menzies
Pendant ce temps, Quinlan élimine Grandi dans la chambre d'hôtel de Los Robles où il a fait transporter Susan en l'étranglant avec un bas de la jeune femme. Elle découvre le cadavre à son réveil, juste avant d'être opportunément arrêtée par la brigade des moeurs et placée en détention au commissariat. Mike l'y rejoint et promet de la faire sortir au plus vite, puis passe un marché avec Menzies pour pièger Quinlan.
Mike et Susan Vargas
Menzies entraîne Quinlan près d'une rivière en portant un micro sur lui, suivi discrètement par Vargas qui les enregistre. Mais le commissaire devine le piège et abat son adjoint avec l'arme de Mike pour qu'il soit accusé du meurtre. Menzies, agonisant, réussit à abattre Quinlan dont la conversation enregistrée est accablante sur ses méthodes.
La chiromancienne gitane Tanyia : "C'était un sacré bonhomme tout de même !"
(Marlene Dietrich)
Mike retrouve Susan, libéré, tandis que Tanya, une chiromancienne gitane, rejoint le procureur Schwartz devant la dépouille de Quinlan et alors que Sanchez est passé aux aveux.
C'est dix ans après avoir quitté Hollywood qu'Orson Welles y fit son retour pour réaliser cette adaptation libre, qu'il a lui-même rédigée, du roman de Whit Masterson. Il s'était exilé entretemps pour tourner son Othello (1952) puis Mr. Arkadin (1955), dans des conditions éprouvantes (difficultés innombrables pour trouver des financements, des lieux de tournage...).
C'est grâce à Charlton Heston que Welles obtient le poste car l'acteur souhaitait lui donner la réplique. Pour rassurer le studio Universal, le scénariste-cinéaste-comédien met en boîte en quelques heures plusieurs pages de son script, grâce à des répétitions effectuées en amont avec son casting et le soutien de son chef opérateur, Russell Metty, qui règle avec lui de longs plans-séquences admirablement orchestrées (notamment l'interrogatoire de Sanchez par Quinlan, Menzies, Schwartz et Vargas).
Désormais tranquille, Welles va pouvoir travailler comme il le souhaite et il entraîne alors toute son équipe à Venice, sur les conseils de son ami, l'écrivain Aldous Huxley (Le Meilleur des Mondes). Afin de décourager un subalterne du studio de le surveiller, il filme la nuit, réécrivant le scénario le matin et le livrant aux acteurs l'après-midi.
Welles sait aussi que, comme il tient un des rôles principaux, Universal ne pourra pas le remplacer (à moins de retourner tout ce qui l'a déjà été). Heston mais aussi Janet Leigh, que le cinéaste a insisté pour avoir car il appréciait son jeu expressif et vif, le soutiennent, tandis que son ami Joseph Cotten vient jouer un petit rôle. Le casting est hétéroclite (Akim Yamiroff, Dennis Weaver) mais étonnamment cohérent. Même Marlene Dietrich en diseuse de bonne aventure gitane est crédible !
Touch of Evil est évidemment aussi resté célèbre pour son plan-séquence d'ouverture qui est une véritable prouesse mais au service du récit : ces trois minutes, filmées avec une caméra fixée sur une grue, donne le la du film, admirablement fluide, montrant la bombe, l'assassin qui la pose, Vargas et sa femme, Linnekar et Zita, et glissant entre les immeubles et les rues jusqu'à l'explosion. Dès lors, toute l'histoire est sous tension, en proie à une fièvre intense, au rythme implacable. On est entraîné avec les personnages dans un vrai tourbillon de sentiments, de situations : c'est à peine si on remarque les transitions tellement le montage est virtuose.
Touch of Evil est évidemment aussi resté célèbre pour son plan-séquence d'ouverture qui est une véritable prouesse mais au service du récit : ces trois minutes, filmées avec une caméra fixée sur une grue, donne le la du film, admirablement fluide, montrant la bombe, l'assassin qui la pose, Vargas et sa femme, Linnekar et Zita, et glissant entre les immeubles et les rues jusqu'à l'explosion. Dès lors, toute l'histoire est sous tension, en proie à une fièvre intense, au rythme implacable. On est entraîné avec les personnages dans un vrai tourbillon de sentiments, de situations : c'est à peine si on remarque les transitions tellement le montage est virtuose.
Pourtant quand les pontes d'Universal découvriront le résultat, ils seront aussi déconcertés que déçus et feront procéder à un remontage et des retakes, réalisées par Harry Keller, un technicien assez habile pour respecter le style de Welles tout en étant moins baroque. Toutefois, Charlton Heston et Janet Leigh se désolidariseront du studio et Welles, parti au Mexique pour préparer Don Quichotte (un de ses innombrables projets qui ne verra jamais le jour), adressera au responsables un mémo de presque 60 pages pour préciser sa vision (avouant au passage avoir à peine lu le roman d'origine pour mieux développer la relation entre Vargas et Quinlan, et par extension celle entre les autorités mexicaine et américaine). Ces notes, heureusement conservées, serviront des années plus tard à établir la version director's cut de 108 minutes (contre les 93 minutes précédentes) désormais disponibles.
La Soif du Mal n'est pas seulement un grand film pour son époque, c'est un film génial parce qu'il a précédé bien des oeuvres, dans la forme (pour ne citer qu'un exemple : toutes les scènes avec Janet Leigh à l'hôtel préfigurent de façon troublante sa prestation dans Psychose de Hitchcock). Le tour de force est tel que, malgré ses audaces multiples, la censure en 1958 sera moins choqué par les situations que par la manière de filmer de Welles. Mais ce chef d'oeuvre, porté par une interprétation incandescente, une mise en scène étourdissante, des ambiances prenantes, et une intrigue à la fois complexe et lisible, a surtout su conserver toute sa puissance, et en impose, comme l'ogre Orson Welles face au chevalier Charlton Heston et sa princesse Janet Leigh, par sa modernité intacte.
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