MARIAGE COMPLIQUE (Holiday Affair) est un film réalisé par Don Hartman.
Le scénario est écrit par Isobel Lennart, d'après la nouvelle Christmas Gift de John D. Weaver. La photographie est signée Milton Krassner. La musique est composée par Roy Webb.
Dans les rôles principaux, on trouve : Janet Leigh (Connie Ennis), Gordon Gebert (Timmy Ennis), Robert Mitchum (Steve Mason), Wendell Corey (Carl Davis), Griff Barnett et Esther Dale (les beaux-parents de Connie).
Connie Ennis et son fils Timmy
(Janet Leigh et Gordon Gebert)
Jeune veuve de guerre, Connie Ennis élève son fils unique, Timmy, et travaille pour une société de comparaison des prix en signalant à quel tarif sont vendus divers articles dans de grands magasins. C'est ainsi qu'elle achète un train électrique et fait la connaissance de Steve Mason, ancien combattant devenu commis : il devine tout de suite son activité mais ne la signale pas, comme il le devrait au détective de l'enseigne, quand le lendemain elle vient se faire rembourser l'article. Cela coûte la place au brave bougre qui retrouve ensuite Connie à un autre rayon et l'aide à porter jusque chez elle ses paquets.
Carl Davis et Connie Ennis
(Wendell Corey et Janet Leigh)
Steve a ainsi l'occasion de rencontrer Carl Davis, un avocat qui a demandé la main de Connie, mais que son fils rejette quand il s'avise de lui enseigner les bonnes manières en lui rappelant qu'il n'est pas son père. Davis, dépité, s'excuse auprès de Connie mais préfère se retirer, le temps que le garçon se calme. Steve, lui, reste un peu et se met l'enfant dans la poche en lui faisant aussi la leçon mais de manière plus complice. Avant de partir à son tour, il avise Connie qu'elle ne devrait pas l'élever dans le culte de son mari disparu afin qu'elle comme Timmy puissent avancer dans l'existence.
Connie Ennis et Steve Mason
(Janet Leigh et Robert Mitchum)
Quelque jours après, le matin de Noël, Timmy, fou de joie, réveille sa mère parce qu'il a trouvé sur le pas de la porte de leur appartement un paquet avec le train électrique dont il rêvait (celui-là même qu'elle avait acheté auparavant, que son fils avait découvert en inspectant le paquet indiscrètement, puis qu'elle s'était fait rembourser). Une carte indique à Connie que c'est un présent offert par Steve. Pour le remercier, Timmy suggère à sa mère d'offrir un cadeau à Mason - une cravate prévue pour Carl Davis par exemple.
Carl Davis, Connie et Timmy Ennis, et Steve Mason
Mais l'affaire va provoquer une série de quiproquos : Connie donne la cravate à Steve qui donne la sienne à un clochard qui, pour le remercier, lui donne une salière et une poivrière en argent... Volés à un homme dans le parc où tout ce beau monde se trouve. Steve est peu après accusé de ce vol et la police demande à Connie de venir au poste pour témoigner. Grâce à l'aide de Carl Davis, l'innocence de Steve est prouvée et Timmy l'invite à dîner au réveillon. L'avocat y fait sa demande en mariage à Connie en présence de ses beaux parents invités mais Mason l'imite. Connie tranche en le congédiant.
Steve Mason et Connie Ennis
Malgré tout, Carl a bien compris que sa belle en pinçait pour son rival et il finira pas la quitter pour qu'elle profite de son bonheur. Connie rattrape, avec Timmy, Steve à bord du train dans lequel il regagne sa Californie natale et ils s'embrassent sous les yeux ravis du fils de la jeune femme.
En 1949, Robert Mitchum, étoile montante de Hollywood qui voit en lui le nouveau "tough guy" à la mode, est arrêté pour possession et consommation de marijuana. L'affaire fait grand bruit mais l'acteur s'en tirera à bon compte. Malgré tout il lui faut restaurer son image.
Le studio RKO, avec lequel il est sous contrat, organise l'opération en lui préparant une comédie, genre qu'il n'a jamais investi, dont la sortie est planifiée pour Noël. Holiday Affair est confié à Don Hartman, "yes man" sans talent comme toutes les compagnies en comptent, pour réaliser le scénario écrit par Isobel Lennart, d'après une nouvelle de John D. Weaver.
Pour donner la réplique à Mitchum, Howard Hughes, le patron de la RKO, impose Janet Leigh, encore débutante à l'époque (elle n'a que 22 ans) mais dont le charme lumineux, le physique à la fois pulpeux et élégant, et la justesse de jeu promettent beaucoup selon le nabab. Malgré une intrigue médiocre, l'entreprise sera un succès et relancera, comme prévu, la carrière de son comédien vedette, qui collaborera dans les années 50 avec les plus grands studios dans des oeuvres nettement plus intéressantes.
Mariage Compliqué deviendra même, avec les années, un authentique film-culte aux Etats-Unis, souvent diffusé (comme le chef d'oeuvre de Capra, La Vie est belle) lors des fêtes de fin d'année, et faisant l'objet d'un remake sous la forme d'un téléfilm en 1996.
Cela étant dit, il ne faut pas prêter à cette bluette, aux artifices narratifs grotesques et aux ficelles plus grosses que des cordes de marine, plus de qualités qu'elle ne prétend en posséder. La RKO était une compagnie habile pour produire des séries B, dans tous les genres, avec des budgets souvent réduits mais des scores étonnants au box office. Néanmoins, la comédie n'était pas un registre dans lequel ses cadres brillaient (malgré des réussites indéniables comme L'Impossible M. Bébé de Howard Hawks, en 1939) et on en a ici un parfait exemple.
Don Hartman n'est pas Hawks, Preston Sturges, Ernst Lubitsch ou George Cukor, loin s'en faut : il conduit le récit sans rythme, enchaînant les péripéties mollement, et échouant plus souvent qu'à son tour à rendre les personnages attachants (le petit Gordon Gebert alias Timmy est une vraie tête à claques, et la défaite de Wendell Corey est prévisible dès sa première scène avec Mitchum, dont la virilité cool en impose naturellement). Mais, pire que tout, tout cela n'est pas drôle : le film flirte avec le mélodrame sans en assumer les aspects (le statut de veuve de guerre de Janet Leigh, celui d'ancien combattant de Mitchum - au passage, son laïus sur le fait qu'elle ne doit pas élever son fils dans le culte de son mari, soldat tombé au front, se révèle très hypocrite puisqu'il a lui-même été militaire et en joue pour séduire autant la mère que son fils, en se posant comme un successeur plus légitime qu'un avocat dans ce foyer !) mais échoue à susciter le rire, faute de situations conçues pour cela.
Le projet ne ment pas sur sa cible, c'est effectivement un divertissement conçu pour célébrer l'esprit de Noël : tout le monde y est d'une bienveillance extraordinaire - le vendeur au grand coeur, l'avocat bonne pâte, la mère de famille courageuse et digne, les beaux-parents si gentils, et même le patron du grand magasin qui reconduit le gamin chez lui après que ce dernier soit arrivé jusqu'à lui pour qu'il lui rembourse son train électrique cassé (afin de donner l'argent à Steve, désormais démuni mais voulant quitter New York pour rentrer en californie) !
Mais aussi sirupeux tout cela soit-il, le handicap insurmontable du film tient bien à... Mitchum lui-même ! Il n'est jamais ni convaincant ni convaincu dans ce rôle et son style d'interprétation - ce fameux "underplay" - joue contre son rôle : il traverse cette romance en ayant l'air de s'en ficher totalement, au point qu'il en devient antipathique. En comparaison, Janet Leigh, d'une beauté comme d'habitude renversante, incarne Connie avec beaucoup plus de sérieux, réussissant à être émouvante sans être mièvre en jeune femme éprouvée, tiraillée entre ses devoirs de mère (consciente de trop couver son fils et de faire tirer la langue à Wendell Corey) et ses envies de femme (elle admet, à à contrecoeur, qu'elle est trop jeune pour rester seule) : le personnage ouvrait des possibilités intéressantes, peu exploitées à l'époque (où pourtant il devait y avoir de nombreuses veuves dans cette situation)...
Ni fait ni vraiment à faire (si ce n'est pour redorer le blason de Mitchum), cette rareté ratée n'a heureusement pas davantage entaché la suite de l'oeuvre de ses interprètes pour qui la décennie qui allait commencer serait celle de la consécration.
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