UN SHERIF A NEW YORK (Coogan's Bluff) est un film réalisé par Don Siegel.
Le scénario est écrit par Dean Riesner, Howard Rodman et Herman Miller, d'après une histoire originale de ce dernier. La photographie est signée Bud Thackeray. La musique est composée par Lalo Schifrin.
Dans les rôles principaux, on trouve : Clint Eastwood (shérif adjoint Walter Coogan), Lee J. Cobb (lieutenant McEllroy), Susan Clark (Julie), Don Stroud (Jimmy Ringerman), Tisha Sterling (Linny Raven), Tom Tully (shérif McCrea).
Le shérif adjoint Walter Coogan
(Clint Eastwood)
Walter Coogan est shérif adjoint dans le comté de Piute en Arizona. Très efficace, ses méthodes volontiers brutales et sa désinvolture envers la discipline lui valent les reproches du shérif McCrea. Il se voit alors confier une mission a priori facile : aller à New York et obtenir l'extradition de Jimmy Ringerman, un délinquant multi-récidiviste, qui vient d'être à nouveau arrêté.
Coogan (debout à gauche) et le lieutenant McEllroy (assis à droite)
(Clint Eastwood et Lee J. Cobb)
Une fois en ville, Coogan est reçu avec mépris par les citadins qui le considèrent tous comme un plouc et un rustre, au premier rang desquels le lieutenant McEllroy, qui l'informe que Ringerman a été transféré à la prison du pénitencier après avoir consommé du LSD. Avant de le reconduire en Arizona, Coogan devra attendre que le prévenu soit rétabli et qu'un juge autorise son extradition.
Coogan et Julie
(Clint Eastwood et Susan Clark)
Coogan décide d'outrepasser ces formalités et va chercher Ringerman à la prison. Mais, à l'aéroport, le malfrat lui échappe avec la complicité de sa fiancé, Linny Raven, et d'un acolyte, qui assomme le shérif adjoint. Cela ne décourage pas ce dernier, même après avoir été rappelé à l'ordre par McEllroy, qui le prévient que s'il continue à agir seul, il le fera jeter en prison à son tour. Coogan se rapproche alors de Julie, une psychologue croisée au commissariat, et, tout en cherchant à coucher avec elle, en profite pour consulter ses dossiers afin de localiser Linny Raven.
Coogan
La jeune femme le conduit jusqu'à son acolyte après avoir couché avec Coogan. Mais c'est un piège qui attend celui-ci : tabassé dans un bar, il est obligé de fuir avant que la police ne débarque. Coogan retrouve Linny chez elle et, cette fois-ci, la force à le mener jusqu'à Ringerman.
Coogan et Jimmy Ringerman
(Clint Eastwood et Don Stroud)
Le voyou se cache dans un jardin public et tente de fuir en voyant Coogan. Après une poursuite en moto et à pied dans le parc, le shérif adjoint appréhende enfin Ringerman. McEllroy se résigne à les laisser repartir sans passer par un juge, pour se débarrasser de ce cowboy et de son prévenu.
Coogan et Ringerman
Quand Don Siegel réalise Coogan's Bluff, il est déjà actif à Hollywood depuis 1954, année où il a réalisé son premier film (Les Révoltés de la cellule 11) : il s'est taillé ensuite une réputation solide de metteur en scène doué pour le suspense, appréciant particulièrement les intrigues percutantes, et refusant toute psychologie ou autre digression alourdissant le récit. Il sait aussi, à l'occasion, glisser de l'humour dans les histoires qu'il met en images, et s'est aussi illustré dans la science-fiction avec L'Invasion des profanateurs de sépultures.
Sa maîtrise des budgets serrés, ses succès critiques et publics, lui permettent d'enrichir sa filmographie durant les années 60, et il tourne également pour la télé. En 68, il est mis en contact avec Clint Eastwood, devenu une vedette après ses tournages en Europe sous la direction de Sergio Leone dans des westerns "spaghettis". Pour le jeune acteur, il est temps de se faire un nom dans son propre pays. Il s'entend tout de suite avec Siegel avec lequel il partage l'amour des séries B, de l'action et de l'humour à froid.
Un Shérif à New York sera le premier chapitre d'une association durable. Pourtant, le script leur parvient après plusieurs remaniements et la version définitive sera produite par Dean Riesner. Le film raconte le combat d'un homme pour arriver à faire simplement son travail, du moins tel qu'il le conçoit. Walt Coogan est autant, sinon plus, un chasseur qu'un shérif ordinaire : il nous est présentés pour la première fois en train de pister un meurtrier indien navajo dans la sierra et, quand il le retrouve, il n'hésite pas à le brutaliser pour le maîtriser avant de le menotter sur le perron de la maison de sa fiancée chez qui il s'arrête pour se délasser avant de rentrer au poste.
Indiscipliné, arrogant, Coogan mérite une leçon selon son supérieur : il est envoyé à New York et, à partir de là, le récit détaille le voyage mouvementée de ce provincial rustre mais pugnace dans la métropole. Ses méthodes déplaisent aux policiers, les citadins le toisent avec dédain, mais le héros ne se démonte pas : si on le considère comme un plouc, il voit les gens de la ville comme des individus ayant oublié leurs racines. Une scène significative le montre en compagnie de la psychologue du commissariat, Julie, observant la Manhattan skyline : Coogan s'interroge alors sur ce à quoi pouvait ressembler cet endroit avant que ne se dressent tous ces gratte-ciel.
La mission sera ainsi ponctué de moments soulignant le décalage entre la conception du travail de terrain du shérif adjoint et cet environnement insensé dans lequel il est obligé d'évoluer : le jeu, toujours aussi économe et pince-sans-rire, de Eastwood rend la balade de son personnage souvent étonnamment drôle, comme lorsqu'il traverse la piste de danse encombrée d'un night club jusqu'à ce qu'une fille, seins nus mais visiblement droguée, se jette à son cou. Mais ce n'est pas non plus un nigaud, un poisson hors de l'eau : auparavant, on l'aura vu faire une cour assidue à Julie ; ensuite, il ne repoussera pas les avances de la fiancée de son ennemi - sûr de son charme autant que de sa force, Coogan est volontiers entreprenant et opportuniste.
New York est filmé comme le lieu de toutes les débauches, avec ses bouges, ses hôtels sordides, ses toxicomanes, ses prostituées. Pourtant, l'aventure se termine dans le cadre de Central Park, le seul espace ressemblant à un site aussi naturel que ceux où officie d'habitude Coogan : le polar y cède la place au codes du western à l'occasion d'une poursuite en moto qui renvoie aux chevauchées du far west.
Même si le film est encore assez modeste dans son ambition par rapport aux collaborations ultérieures entre Eastwood et Siegel (voir Les Proies, L'Evadé d'Alcatraz ou L'Inspecteur Harry), le cinéaste y jette déjà les bases du héros qui va longtemps coller à la peau de son comédien, un anti-héros moins sommaire qu'il n'y paraît, et qu'il résumera en ces termes : "c'est un super-héros à l'image ternie. Vous pouvez approfondir un personnage comme celui-là. Il commet des erreurs, fait des actions d'un goût douteux, il est vulnérable. Il n'est pas le preux chevalier qui sauve la demoiselle : il la tombe !"
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