BREAKFAST CLUB (The Breakfast Club) est un film écrit et réalisé par John Hughes.
La photographie est signée Thomas Del Ruth. La musique est composée par Keith Forsey et Gary Chang.
Dans les rôles principaux, on trouve : Emilio Estevez (Andrew Clark), Molly Ringwald (Claire Standish), Anthony Michael Hall (Brian Johnson), Ally Sheedy (Allison Reynolds), Judd Nelson (John Bender), Paul Gleason (Richard Vernon), John Kapelos (Carl).
John Bender, Andrew Clark, Allison Reynolds, Claire Standish et Brian Johnson
(Judd Nelson, Emilio Estevez, Ally Sheedy, Molly Ringwald et Anthony Michael Hall)
24 Mars 1984. Lycée Shermer, Chicago (Illinois). Cinq élèves sont collés et réunis dans la bibliothèque de l'établissement.
Le professeur Richard Vernon
(Paul Gleason)
Un de leurs professeurs, Richard Vernon, pour les occuper, leur donne une dissertation à rédiger sur le sujet : "Qui pensez-vous être ?". Il y a là :
Andrew Clark
- Andrew est un sportif, puni pour avoir bizuté un autre élève dans l'espoir d'impressionner son père.
Claire Standish
- Claire est une fille de bourgeois dont les parents sont sur le point de divorcer - on ignorera jusqu'au bout pourquoi elle a été retenue.
Brian Johnson
- Brian est un frêle intellectuel dans le casier duquel on a retrouvé un pistolet avec lequel il comptait se suicider après avoir reçu une très mauvaise note.
Allison Reynolds
- Allison est une excentrique qui s'est mêlée au groupe parce qu'elle s'ennuie chez elle.
John Bender
- Et John est un cancre fort en gueule mais qui est maltraité par ses parents alcooliques.
Le concierge Carl
(John Kapelos)
Alternant ennui, échanges à bâtons rompus - sur leurs conditions sociales, leurs sentiments, leur avenir - , dialogues avec Carl le concierge - qui sait tout d'eux en les côtoyant et en les observant chaque jour - et défis contre Mr. Vernon, ils vont apprendre à se connaître, s'estimer et s'aimer malgré leurs différences et leurs différends...
"Ces enfant sur lesquels vous crachez alors qu'ils essaient de changer le monde n'entendent plus vos conseils. Ils ont pleinement conscience de ce qu'ils traversent." C'est par ces mots de David Bowie que s'ouvre le film de John Hughes, une oeuvre emblématique des années 80 mais qui, plus de trente ans après sa sortie, n'a en vérité pas pris une ride. Ce huis clos doux-amer a révolutionné le "teen movie" à une époque où les Etats-Unis glorifiaient la réussite individuelle et rejetaient le droit à la différence.
"Le club du petit-déjeuner"
Hughes montre une jeunesse fragile et touchante, il la sonde avec un regard bienveillant mais lucide et sans concessions. Il s'agit de cinq adolescents écrasés par la pression familiale, scolaire et sociale, des héros symbolisant divers milieux sans aucun manichéisme. Pourtant l'inspiration du cinéaste remonte aux comédies des années 30-40 : il était un grand fan de Laurel et Hardy et voulait surtout tirer le maximum d'une situation a priori limitée sur le plan dramatique en soignant particulièrement la caractérisation.
Au début des années 80, John Hughes a bâti sa réputation sur sa rapidité : il aurait ainsi écrit La Folle journée de Ferris Bueller (1986) en trois jours (!). Mais cela ne signifie pas qu'il bâcle son ouvrage : au contraire, il semble qu'il puise dans cette urgence une façon spontanée de saisir les états d'âme de ses personnages, issus d'une génération paumée, celle qui a succédé aux baby boomers par ailleurs bien mal en point - les parents de Claire vont divorcer, ceux de John le brutalisent, ceux d'Andrew et Brian leur mettent une pression pour qu'ils soient les premiers dans leur domaine. Seule la mystérieuse et extravagante Allison semble avoir trouvé un échappatoire en se créant un personnage de mythomane taciturne (elle ne prononce sa première réplique qu'au bout de 30 minutes).
Tous sont des enfants évoluant dans l'Amérique de Reagan, celle des années fric, sans y trouver le bonheur, et redoutant de ressembler à leurs géniteurs en vieillissant. Le sexe, abordé sans détour pour la première fois, est leur autre préoccupation, mais traitée avec une incomparable finesse par rapport à ce qui se produira dans les années 2000 avec des navets comme la série des American Pie et les comédies vulgaires de Judd Appatow et compagnie. Ici, tout est dit en une phrase prononcée lucidement par Allison : "si une fille couche, c'est une traînée. Si elle ne couche pas, c'est une coincée."
La vivacité du film tient à une méthode de filmage bien spéciale : Hughes ne coupe jamais ses acteurs une fois l'action lancée pour obtenir un rendu plus réaliste. Résultat : le premier bout-à-bout dure trois heures ! Il faudra les ciseaux experts de Dede Allen (Bonnie and Clyde) pour aboutir à un montage plus resserré et raisonnable de 95 minutes.
Mais The Breakfast Club sortira dans des conditions difficiles : son producteur quitte le studio Universal et est remplacé par un cadre qui ne croit pas au potentiel commercial du long métrage. Son score au box office sera pourtant très correct (50 millions de dollars) mais c'est en vidéo qu'il accédera au rang de film-culte et à l'étranger qu'il rencontrera un écho considérable (notamment en France où il tiendra l'affiche pendant cinq mois à Paris !).
Pour les cinq acteurs, tous remarquables, ce sera le tremplin vers une gloire finalement très éphémère. Un article assassin épinglera leur nouveau train de vie et certains déraperont carrément, tels Molly Ringwald qui passera vite du statut de nouvelle fiancée de l'Amérique à celui de diva capricieuse. Ally Sheedy se reconvertira dans le cinéma indépendant. Emilio Estevez ne confirmera jamais son prometteur début de carrière. Anthony Michael Hall (véritable double physique de Hughes) et Judd Nelson sombreront dans l'oubli. Chacun restera à jamais Claire, Allison, Andrew, Brian et John.
Quant à John Hughes, il mourra en 2008 sans avoir jamais été vraiment reconnu au-delà du genre qu'il a révolutionné : les Oscar, un an après, lui rendront hommage en réunissant ses interprètes emblématiques.
Mais pour tous ceux qui découvrirent le film en 1985, il reste en mémoire le texte finalement écrit par Brian : " "Qui pensez-vous être ?" Mais qu'est-ce que cela peut vous faire après tout ? Quoiqu'il arrive, vous ne nous voyez qu'à travers votre grille de lecture. Vous avez de nous une image simpliste qui vous suffit. Mais ce que nous avons découvert, c'est que nous sommes tous à la fois un surdoué, un athlète, une détraquée, une fille à papa et un délinquant. Bien à vous. Le Breakfast Club."
*
Bonus :
Le "Breakfast Club", c'est aussi une chanson inoubliable,
Don't you (forget about me), chantée par Simple Minds
(mais écrite par Keith Forsey et uniquement disponible sur la bande originale du film).
De la "pop héroïque" dans toute sa splendeur !
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