HOUDINI LE GRAND MAGICIEN (Houdini) est un film réalisé par George Marshall.
Le scénario est écrit par Philip Yordan, d'après le livre de Harold Kellock. La photographie est signée Ernest Laszlo. La musique est composée par Roy Webb.
Dans les rôles principaux, on trouve : Tony Curtis (Harry Houdini), Janet Leigh (Bess Wycott-Houdini), Angela Clarke (la mère de Harry Houdini), Torin Thatcher (Otto), Ian Wolfe (Fante).
(Tony Curtis et Janet Leigh)
Années 1890. Le jeune Harry Houdini se produit parmi des forains à Coney Island lorsqu'il remarque dans le public une ravissante jeune femme, Bess. Aussitôt sa prestation terminée, il lui fait une cour pressante pour pouvoir la revoir. Mais elle ne lui promet rien.
La mère de Harry Houdini
(Angela Clarke)
Néanmoins, Bess assiste à toutes les représentations que donne Houdini par la suite, dans différentes salles, y entraînant même son petit ami du moment. Elle finit par quitter ce dernier et accepte de suivre le magicien à l'appartement où il vit avec sa mère. Celle-ci reçoit aimablement la jeune femme tout en la mettant en garde sur le caractère fanfaron de son fils.
Bess et Harry
Cela ne décourage pas Bess qui épouse Harry et devient son assistante sur scène. Leur faible rémunération ne leur permet cependant pas de vivre de leur art et Bess convainc Harry de décrocher un emploi stable et plus sérieux. Il est employé dans une entreprise de serrurerie.
Harry Houdini
Mais Harry n'a pas renoncé à la gloire et un soir, il entraîne Bess au dîner de Halloween donné par les magiciens de la ville.
Bess Houdini
Répondant au défi du magicien Fante, il éblouit l'assemblée en réussissant à s'extraire d'une camisole de force solidement fermée.
Le magicien Fante
(Ian Wolfe)
Malgré cet exploit, Fante déconseille au jeune homme de poursuivre une carrière dans la magie en lui racontant que le dernier à avoir accompli l'exploit qu'il vient de réaliser est l'allemand Johann Von Schweger, lequel s'est retiré en pleine gloire.
Harry et Bess
Harry convainc malgré tout Bess de l'accompagner en Europe pour y retrouver Von Schweger et devenir célèbres et riches. En Angleterre, ainsi, répondant au défi d'un complice dans la salle, il se fait enfermer dans une cellule de prison dont il s'échappe in extremis pour être de retour sur scène le lendemain. Ce coup d'éclat ravive les tensions au sein du couple Houdini car Bess estime que Harry ne sera jamais rassasié de renommée.
Otto
(Torin Thatcher)
A Berlin, alors qu'il est au restaurant avec sa mère, dont c'est l'anniversaire, et Bess, Harry improvise un tour pour les clients lorsqu'il apprend qu'il va être jugé pour escroquerie - on lui reproche de se vanter d'avoir des pouvoirs surnaturels. Devant la cour, il prouve qu'il n'en est rien en se faisant enfermer dans un coffre-fort dont il ressort sans intervention miraculeuse.
La mère de Harry et Bess
Harry se rend ensuite au domicile de Von Chweger où il rencontre le majordome de celui-ci, Otto, qui lui apprend la mort du magicien deux jours plus tôt alors qu'il souhaitait le rencontrer pour savoir si Houdini avait percé le secret de la "dématérialisation". Otto accepte toutefois de rentrer aux Etats-Unis avec Harry pour être son assistant. Inconnu dans son propre pays, il corrige la situation avec de spectaculaires numéros dont la presse se fait l'écho, comme cette fois où il est immergé dans la rivière de Detroit, enfermé et menotté dans un coffre. Il n'en réchappera que de justesse, manquant de mourir noyé et gelé, mais en ayant pressenti la mort de sa mère - elle s'est effectivement éteinte durant le tour.
Houdini se retire de la scène durant deux ans pour mener une véritable croisade contre les spirites après avoir été escroqué par l'une d'eux qui prétendait le faire communiquer avec l'esprit de sa mère. Poussé par la presse, il remonte sur les planches en préparant un numéro aussi sensationnel que dangereux que Bess le supplie de ne pas tenter. Il ne l'écoutera pas plus qu'Otto qui le met en garde contre une crise de l'appendicite qui lui sera fatale lors de la représentation. Harry meurt dans les bras de Bess en lui promettant de revenir.
Comme je l'avais expliqué lorsque j'avais critiqué (l'excellent) Magic in the Moonlight de Woody Allen (2014), je suis intéressé par l'histoire des grands illusionnistes de la fin du XIXème-début du XXème siècle, dont Harry Houdini fut un des grands noms. J'avais souvent entendu parler de ce biopic datant de 1953, de manière peu flatteuse il est vrai, et j'ai enfin pu vérifier s'il méritait sa mauvaise réputation.
Je vais être tout de suite très franc : c'est effectivement indigne du personnage, mais le plaisir s'en trouve déplacé car le film permet de retrouver un des plus beaux couples de Hollywood des années 50 (et un de mes préférés) en la personne de Tony Curtis et Janet Leigh.
Avant de parler de leur prestation, il faut détailler un peu le long métrage de George Marshall, dont je ne connais pas la filmographie. Adapté d'un livre écrit par Harold Kellock, le scénario de Philip Yordan réduit l'existence passionnante et le caractère fascinant de Houdini à une sorte de roman-photo croquignolet, pour ne pas dire ridicule. S'il est exact que l'auto-proclamé "Roi de l'évasion" démarra sa carrière au plus bas et que sa reconnaissance publique en Amérique fut tardive, il est ici décrit comme un fanfaron motivé par la gloire et l'argent dont on a gommé la face obscure.
Ce n'est donc pas dans Houdini le grand magicien (le titre français l'aurait passablement irrité, comme tous les prestidigitateurs de l'époque qui n'appréciaient pas la "magie", terme rattaché par eux à de l'escroquerie puisqu'elle suggérait le recours à des forces surnaturelles, et non la pratique d'un art basé sur l'illusion et divers accessoires mécaniques élaborés) qu'on trouvera le vrai Harry Houdini, individu dépeint par ses pairs comme acariâtre, orgueilleux, arrogant (ces deux derniers points sont juste suggérés ici), et contradictoire.
Une des grandes préoccupations de l'escapologist fut sa croisade contre les spirites, évoquée rapidement dans la dernière partie de l'histoire, qui lui valut de nombreuses inimitiés (moins à cause du fait qu'il démasqua des truands que par la manière agressive avec laquelle il s'y prenait). Néanmoins, Houdini avait un goût pour le mystique, une foi pour les "forces de l'esprit" puisqu'il souscrivit au "pacte de mort des magiciens" (il s'agissait d'une sorte de contrat moral passé avec un confrère afin de tenter d'entrer en contact avec l'esprit de l'illusionniste défunt, et Beatrice Houdini, son épouse, tenta plusieurs fois après le décès de son époux d'entrer en contact avec lui grâce à son ami Thurston).
Ainsi le film, aussi platement réalisé qu'écrit, préfère-t-il s'attacher à la romance de Harry et de Bess, au point que la jeune femme devient presque plus intéressante à suivre que son mari car elle exprime très tôt ses doutes sur les motivations de celui-ci, l'assiste tout en essayant de le raisonner. En revanche, le rôle de la mère de Houdini, qui dans la réalité, fut un personnage important, est trop peu défini pour traduire l'intensité de leur relation (sa mort traumatisa l'illusionniste et accentua certainement ses tendances suicidaires). Tout ici reste à la surface (la mise en garde prophétique de Fante) ou est trop édulcoré (le rôle ambigu de Otto) pour prétendre dresser un portrait sinon troublant du moins probant de son héros.
L'interprétation ne sauve jamais un mauvais film et donc il ne faut pas croire que Tony Curtis accomplisse un miracle : il ne ressemble déjà pas du tout à Houdini et si le maquilleur du film n'oublie pas de lui blanchir les tempes pour suggérer le temps qui passe, il oublie par contre de façon comique de vieillir Janet Leigh, aussi jeune au début qu'à la fin. Le couple a quand même un charme fou, Curtis est aérien tant qu'il joue Harry à ses débuts, dragueur, ambitieux, joueur, dans un registre léger, et Janet Leigh est prodigieusement belle (tout le monde retient - à juste titre - des années 50 des icônes comme Marilyn Monroe, Ava Gardner, Grace Kelly ou Audrey Hepburn, mais Janet Leigh était fantastiquement jolie, avec cette ingénuité qui la rendait si sexy) tout en interprétant plus subtilement une femme dépassée par l'ambition dévorante de son mari (une relation pas si différente du couple Curtis-Leigh d'ailleurs, le comédien issu de la classe ouvrière du Bronx étant par-dessus le marché un insatiable coureur de jupons - a-t-on idée d'aller voir ailleurs quand on a une si belle épouse !).
Une mini-série télé, Houdini l'illusionniste, a été produite en 2014, avec Adrien Brody dans le rôle-titre - il faudra que je la regarde pour juger si elle traite mieux de ce remarquable personnage. Mais il ne devrait pas être difficile d'être plus respectueux que ce mignon nanar à ne réserver qu'aux fans de Janet Leigh et Tony Curtis.
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