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dimanche 26 février 2017

SOMEWHERE, de Sofia Coppola (2010)


SOMEWHERE est un film écrit et réalisé par Sofia Coppola.
La photographie est signée Harris Savides. La musique est composée par Phoenix.


Dans les rôles principaux, on trouve : Stephen Dorff (Johnny Marco), Elle Fanning (Cleo), Chris Pontius (Sammy), Lala Sloatman (Layla), Michelle Monaghan (Rebecca).
 Johnny Marco
(Stephen Dorff)

Star de cinéma, Johnny Marco vit mal sa gloire récente en se morfondant à l'hôtel Château-Marmont. Dans le cadre de la promotion de son dernier film, il assure cependant ses obligations contractuelles : une séance de photos avec sa partenaire à l'écran, Rebecca, qui le méprise ; conférence de presse, etc.
Rebecca et Johnny
(Michelle Monaghan et Stephen Dorff)

Johnny traîne également dans plusieurs soirées en compagnie de son meilleur ami et confident, Sammy, lui-même acteur, et en profite pour y séduire quelques starlettes ou groupies, plus attirées par une occasion de coucher avec une vedette comme lui que par une volonté d'engager une relation sérieuse. Johnny oublie lui-même son divorce dans ces aventures sans lendemain, même s'il reçoit régulièrement des messages injurieux sur son téléphone portable sans en identifier l'expéditeur. 
Johnny et Cleo
(Stephen Dorff et Elle Fanning)

Mais son existence reprend des couleurs lorsqu'il retrouve sa fille, Cleo, âgée de onze ans, à laquelle il consacre tout son temps de libre. L'adolescente semble s'accommoder du mode de vie de son père, sans lui poser des questions sur les filles qu'elle croise le matin au petit-déjeuner. Ensemble, Johnny et Cleo jouent, se promènent, profitent du room-service du palace.
Johnny et Cleo

Alors que Cleo doit rejoindre un camp d'été pour les vacances, Johnny l'emmène en Italie où il doit assister à une remise de prix en son honneur. Mais, vite lassé des mondanités, ils écourtent leur séjour pour rentrer à Los Angeles et reprendre leur train-train oisif. Il veut surtout passer le plus de temps avec sa fille dont il a deviné que la perspective d'aller en colonie de vacances n'enchante guère.
Johnny et Cleo

Il en aura la confirmation le jour de son départ quand elle fond en larmes sur le trajet et avoue à Johnny qu'elle est triste de ne pas le voir plus souvent et qu'elle a peur de la passe difficile traversée par sa mère, Layla, qui l'a inscrite à ce camp d'été pour pouvoir "faire le point". 
Johnny et Cleo

Après le départ de Cleo, Johnny craque à son tour et appelle Layla. Elle ne lui est d'aucun réconfort toutefois. Le lendemain matin, il annonce à la réception de l'hôtel qu'il s'en va. Au volant de sa Ferrari, il quitte Los Angeles et roule sans but précis. Il finit par s'arrêter sur le bas-côté de la route, en rase campagne, et continue à pied, un sourire apaisé aux lèvres.

Depuis son premier film (Virgin Suicides, 1999) et ses deux opus suivants, couronnés de succès (Lost in Translation, 2003, et Marie-Antoinette, 2006), le "cas" Sofia Coppola ne cesse de diviser : cinéaste sans substance ? Ou auteur au charme raffiné ? Ce n'est pas avec Somewhere, Lion d'Or à la Mostra de Venise, que le débat sera tranché.

Encore une fois, il ne se passe pas grand-chose durant ces 95 minutes, et pourtant le résultat ne laisse pas insensible car la réalisatrice explore son thème favori : le mal-être derrière le vernis des apparences.

Ainsi, tout son cinéma est comme résumé ici : le vertige qui étreint Johnny Marco, incarné par Stephen Dorff, qui fut lui-même un acteur prometteur avant de sombrer, ne devra son salut qu'à sa fille, un elfe de onze ans, petite blonde au nez retroussé, au sourire désarmant et à la blondeur angélique, en quête comme lui d'affection et d'attention.

On peut interpréter ce récit, quasi-muet, tant les dialogues sont minimalistes et souvent banals, comme une histoire fade, anecdotique, superficielle, dont il serait facile de se moquer. Mais on peut aussi se laisser glisser dans cette rêverie cotonneuse et émouvante, sans grand effet. Cleo, jouée par l'adorable Elle Fanning, est le double évident de Sofia Coppola, qui a également grandi dans l'ombre d'un père au firmament du 7ème Art, et qui a dû ruser pour profiter de sa présence. Exister face à une star, telle est l'autre argument de ce film, taiseux, secret, qui invite le spectateur à réfléchir sur sa nature autobiographique.

La cinéaste excelle à saisir ces moments suspendus où rien ne se passe mais où tout se joue, quand les larmes ne peuvent plus être contenues. Une scène bouleversante et simplissime illustre cela quand Johnny conduit Cleo à son camp de vacances et qu'elle se met à sangloter, avouant sa détresse d'être ainsi ballottée entre une mère fuyante et un père absent. Il la réconforte avant d'être plus tard, une fois seul, il est rattrapé par la vanité de son existence, le manque de sa fille et fond à son tour en larmes, dans cette chambre d'hôtel trop grande car vide.

Cet art de filmer les petits riens (une séance à la patinoire, la préparation de pancakes, la dégustation de glaces au milieu d'une nuit d'insomnie, des jeux dans la piscine) prouve indéniablement, pour moi, un vrai talent de mise en scène, une faculté à capter ces épisodes miniatures, a priori insignifiants, mais précieux, délicats, volatiles.

Ainsi, derrière son vernis chic, Sofia Coppola nous emmène bien, comme le dit le titre, "Quelque part", mais plus qu'un lieu, il s'agit d'un état : celui où le coeur bat pour quelqu'un qu'on aime plus que soi.