TRANCE est un film réalisé par Danny Boyle.
Le scénario est écrit par Joe Ahearne et Danny Boyle. La photo est signée Anthony Dod Mantle. La musique a été compilée par Rick Smith.
Dans les rôles principaux, on trouve : James McAvoy (Simon Newman), Rosaria Dawson (Elizabeth Lamb), Vincent Cassel (Franck).
De nos jours, à Londres, Simon Newman travaille comme commissaire-priseur.
Simon Newman
(James McAvoy)
Après la mise en vente aux enchères d'un tableau peint par Francisco De Goya, Le Vol des Sorcières, un braquage a lieu en coulisses, commis par Franck.
Le Vol des Sorcières
de Francisco De Goya (1797-1798)
Conformément aux procédures de sécurité répétées auparavant, Simon met à l'abri l'objet le plus précieux mais s'oppose au voleur. Celui-ci, en représailles, le frappe en l'assommant avec la crosse de son fusil à pompes avant de prendre la fuite avec la pochette contenant le tableau.
Simon est hospitalisé mais, quand il sort, il est enlevé par Franck et ses hommes car le tableau n'était pas dans la pochette et le commissaire-priseur, qui était en vérité leur complice dans l'opération, est soupçonné logiquement de l'avoir préalablement subtilisé.
Franck
(Vincent Cassel)
Mais Simon souffre d'amnésie et ne sait donc plus où il a caché la toile, comme les gangsters en acquièrent la conviction après l'avoir torturé dans le but de le faire parler.
Franck imagine alors une solution pour que Simon recouvre la mémoire : il s'agit pour lui de se soumettre à une hypnothérapie. A cette fin, il consulte Elizabeth Lamb, qui devine rapidement que son nouveau patient lui cache le motif véritable de sa visite.
Désormais mise dans la confidence, malgré la réticence de Franck et ses hommes, elle accepte de les aider contre une partie de la somme qu'ils tireront de la revente du tableau.
Elizabeth Lamb
(Rosario Dawson)
Mais la vérité est plus trouble car Elizabeth et Simon se sont déjà rencontrés auparavant, même si le jeune homme ne s'en rappelle plus, et la jeune femme va manipuler les malfrats à leur insu...
Le cinéaste britannique Danny Boyle a fait une entrée fracassante sur la scène cinématographique il y a 22 ans avec une délectable comédie criminelle noire, Petits meurtres entre amis, qui révéla l'acteur Ewan McGregor, avec lequel il tourna deux autres films, le trip hallucinant Trainspotting et le raté Une Vie moins ordinaire - dont l'échec critique et commercial précéda la fin de leur collaboration, entérinée par la sortie de La Plage, premier (et médiocre) essai hollywoodien pour lequel le réalisateur lui préféra Leonardo Di Caprio.
Après quoi, Boyle a revu sensiblement à la baisse ses prétentions d'auteur, pourtant prometteuses, en s'aventurant dans des films de genre très dispensables (les zombies de 28 Jours plus tard, la science-fiction de Sunshine). En 2008, il allait pourtant se refaire une santé avec un succès inattendu, Slumdog Millionaire (pourtant guère plus fameux), inspiré d'une histoire vraie, et créer la sensation avec l'épouvantable 127 Heures (2010).
Trance se présente comme une honnête série B et ne dépasse effectivement jamais cette ambition. Mais le film souffre de la comparaison avec Inception de Christopher Nolan, sorti trois ans avant, en explorant les mêmes motifs. Cependant, les deux films ont bien des défauts en commun, à commencer par un scénario plus inutilement compliqué que vraiment malin (comme il le prétend).
Traiter des rêves et de la mémoire n'est pas une affaire facile au cinéma car si ces thèmes se prêtent à des effets visuels tentants, les cinéastes oublient souvent toute mesure, préférant épater la galerie en essayant à la fois d'égarer le spectateur tout en délirant sur les possibilités narratives que cela offre. Ainsi Nolan concevait-il son polar onirique comme un gigantesque jeu vidéo dont le dénouement laissait indifférent alors que l'idée de départ était accrocheuse (implanter une idée dans l'esprit d'un homme pour qu'il prenne une décision d'ordre commerciale différente de celle qu'il voulait initialement) et livrait une superproduction interminable (comme il en a l'habitude).
Boyle, au contraire, et on lui en sait gré, opte pour un format plus serré : avec ses 100 minutes, Trance semble être un divertissement prémuni contre les excès. Hélas ! le résultat contrarie cet espoir : comme chez Nolan, le scénario écrit par Joe Ahearne et Boyle est construit sur le modèle des poupées russes. Chacun des trois personnages principaux cache mille secrets, révélés progressivement, mais le procédé n'enrichit pas tant la psychologie de ce trio qu'il ne sert à embrouiller un récit dont le postulat n'avait pas besoin (le complice d'un braquage a oublié où il a caché le butin).
Pendant la première moitié du film, cependant, on marche volontiers, tolérant la mise en scène outrageusement tape-à-l'oeil de Boyle, avec sa photographie digne des pires vidéo-clips et publicités (signée Anthony Dod Mantle, qui ne lésine pas sur les effets d'objectifs, de filtres, de contrastes, fatiguant le regard) et un montage aussi maniéré (avec des jump-cuts, des flash-forward). C'est assez amusant, parfois grotesque, mais après tout, ce n'est pas comme si ça se voulait crédible.
Mais ensuite, on se rend compte que, comme certain roman serait bien meilleur si l'auteur s'était contenté d'en faire une nouvelle, ce film aurait abouti à un court ou moyen métrage bien plus percutant en n'accumulant pas autant de rebondissements, de coups de théâtre, de twists, sans jamais atteindre le vertige escompté. C'est là son point commun avec Inception de Nolan : au bout du compte, on attend la fin du film en s'en fichant complètement, car la résolution du mystère indiffère et on ne s'attache plus aux personnages. Un polar dont le suspense échoue à vous étreindre et les héros ne vous procurent plus d'émotions, qui se repose trop sur la forme - et une forme trop bariolée qui plus est -, est une cause perdue.
La distribution peut-elle encore séduire ? En m'informant sur la pré-production de Trance, j'ai appris que Boyle, malgré sa bonne côte, n'avait pu obtenir ou convaincre les acteurs qu'il désirait en dehors de l'excellent (et mésestimé) James McAvoy dans le rôle de Simon Newman, qu'il incarne avec une tension impeccable et une élégance louable.
En revanche, ses partenaires semblent un peu là par défaut : Vincent Cassel campe pour la énième fois un malfrat à la fois retors et dépassé, alors que Boyle voulait Michael Fassbender, un comédien dégageant une ambiguïté autrement plus puissante (et qui forma un duo étincelant avec McAvoy dans X-Men : First Class - peut-être est-ce en s'en souvenant que le cinéaste l'a courtisé).
Idem pour Rosario Dawson : cette beauté est une bonne actrice mais elle peine à convaincre dans un rôle de manipulatrice dont les actes ne se révèlent que progressivement et ont une ampleur invraisemblable. Boyle avait approché, sans succès, Scarlett Johansson, Mélanie Thierry et Zoe Saldana, chacune présentant des qualités bien différentes (j'estime que Saldana reste quand même la meilleure des trois).
C'est donc raté : pas dans les proportions d'un authentique navet, mais dommage quand même compte tenu du potentiel. Pour les grands films sur le rêve et la mémoire, mieux vaut donc revoir La femme au portrait de Fritz Lang, mais, évidemment, là, ça ne boxe vraiment plus dans la même catégorie...
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