COUP DE COEUR (One From The Heart) est un film réalisé par Francis Ford Coppola.
Le scénario est écrit par Francis Ford Coppola et Armyn Bernstein, d'après une histoire originale de ce dernier. La photographie est signée Vittorio Storaro avec Ronald V. Garcia. La musique est composée par Tom Waits, les chansons sont interprétées par Tom Waits et Crystal Gayle.
Dans les rôles principaux, on trouve : Teri Garr (Frannie), Frederic Forrest (Hank), Nastassja Kinski ( Leila), Raul Julia (Raymond), Harry Dean Stanton (Moe), Lainie Kazan (Maggie).
Hank et Frannie
(Frederic Forrest et Teri Garr)
Jeune couple résidant à Las Vegas, Hank et Frannie ont laissé , sans y prendre garde, la routine s'installer dans leur romance. Lorsqu'il annonce avoir investi toutes leurs économies pour acquérir une maison, elle s'en sert comme prétexte pour provoquer une dispute en lui reprochant sa désinvolture physique (il a pris du ventre) et morale (il a fait cet achat sans l'en informer). Vexé, Hank accuse Frannie en retour de ne plus croire en eux et en leur avenir commun.
Raymond et Frannie
(Raul Julia et Teri Garr)
Fâchée, la jeune femme claque la porte pour aller travailler : en dressant la vitrine de la boutique tenue par sa meilleure amie et associée, Maggie, Frannie est abordée depuis la rue par Raymond, qui se présente comme le pianiste d'un restaurant chic où il l'invite à dîner le soir même. Elle accepte, à la fois flattée et amusée.
Leila
(Nastassja Kinski)
De son côté, Hank s'épanche auprès de son meilleur ami, Moe, avant de le soupçonner d'avoir voulu séduire Frannie car il se vante volontiers de charmer toutes les femmes. Mais il se ravise et s'excuse d'avoir douté de la loyauté de son acolyte, qui, sans rancune, lui donne rendez-vous dans la soirée sur le strip pour s'amuser.
Raymond et Frannie
En rentrant chez eux, Hank et Frannie reprennent leur dispute lorsque la jeune femme boucle sa valise et enfile une robe rouge provocante. C'est le début d'une longue nuit pour les deux amants qui ne vont cesser de se croiser sans se voir. Elle retrouve Raymond qui officie en vérité comme serveur dans le restaurant où il l'a invitée, mais il l'entraîne dehors où il improvise une danse à laquelle se mêle la foule.
Leila et Hank
Accompagné de Moe, Hank rencontre Leila, une mannequin à la beauté fascinante mais exaspérée par le dirigisme de son père. Il l'emmène dans une décharge où il recycle les enseignes au néon de casinos et où elle improvise pour lui un numéro d'acrobatie avant de finir la nuit dans ses bras.
Frannie et Raymond
Frannie commet également une infidélité à Hank en suivant Raymond jusqu'à son motel et en couchant avec lui. Au matin pourtant, Hank est pris de remords et cherche à joindre Frannie pour la reconquérir. Leila le surprend et s'éclipse.
Hank et Leila
Frannie est déjà à l'aéroport pour s'envoler en direction de Bora-Bora avec Raymond. Grâce à Maggie qui le lui a dit, Hank la rattrape et tente de la retenir - en vain. Effondré, il rentre chez eux, croyant l'avoir définitivement perdue, mais elle revient alors. Ils s'enlacent en se jurant de ne plus jamais se quitter.
Après les sagas-fleuves des années 1970 (Le Parrain 1 et 2, 72 et 74) et le tournage épique d'Apocalypse Now (1979 - au sujet duquel il prononcera cette fameuse sentence : "ce n'était pas un film sur le Vietnam. C'était le Vietnam !"), Francis Ford Coppola, le plus baroque et grandiloquent des cinéastes du "New Hollywood", veut au début de la nouvelle décennie changer de cap.
Il conçoit son nouveau projet en réaction à ses super-productions antérieures en souhaitant créer plus sereinement et à la manière d'un indépendant. Sa fortune est faite et lui a permis de fonder son propre studio, American Zoetrope, avec ses propres plateaux de tournage. Dans cette structure, il veut revenir au style de ses premiers opus comme Les Gens de la pluie (1969), en impliquant aussi bien les comédiens que les techniciens et les créatifs dans la confection des longs métrages.
Ainsi s'appuie-t-il sur l'histoire originale que lui soumet le débutant Armyn Bernstein, un récit simple mais qu'il peut sublimer visuellement. Pour cela, Coppola veut opérer la synthèse entre l'hommage aux maîtres classiques, comme Vincente Minnelli et Douglas Sirk, et la modernité des outils à sa disposition. Il utilisera donc pour la première fois des caméras électroniques haute définition pilotées à distance, tournant entièrement en studio.
Le résultat est somptueux et 34 ans après, Coup de Coeur reste éblouissant : la netteté des images, la photographie somptueuse de Vittorio Storaro, les fondus enchaînés sophistiquées sont d'une fluidité extraordinaire, les morceaux de bravoure s'enchaînent sans interruption. Un véritable enchantement.
Le scénario est basique, voire simpliste, naïf. Qu'importe ! Cyniques, passez votre chemin : comme le suggère encore mieux le titre original, One from the Heart, ça vient littéralement du coeur, et je n'ai jamais résisté aux chassé-croisé amoureux de Frannie et Hank, pas plus à l'époque où je les ai découvert dans la salle du ciné-club de mon lycée qu'aujourd'hui. Il y a là un mélange irrésistible d'euphorie (le ballet sur le strip) et de mélancolie (soulignée par les mélodies dignes d'un choeur qui commente l'action, composées par Tom Waits et chantées avec Crystal Gayle) absolument divin - et que j'ose préférer, n'en déplaise aux puristes, aux fresques de Coppola dans les 70's (pour tout dire, Brando dans Le Parrain m'a toujours plus fait ricaner que frissonner et la descente du fleuve dans Apocalypse Now m'a toujours semblé trop longue).
Ce sentimentalisme n'empêche, hélas ! pas de constater que, comme pour son épopée vietnamienne, Coppola avec ce "film Disney dans un monde adulte" a aussi signé un mémorable et monumental four : ses exigence esthétiques firent exploser le budget initial (plus de 20 millions de $ de dépassement !), rendant son amortissement commercial impossible. La critique l'éreintera et le public le boudera, même après que le cinéaste en ait proposé un nouveau montage. Ruiné, il vendra ses studios au rabais et devra, pour éponger ses dettes, enchaîner les commandes (sans toutefois les bâcler - et en révélant/confirmant plusieurs acteurs remarquables comme Matt Dillon, Diane Lane, Mickey Rourke, ou son neveu, Nicolas Cage). Il lui faudra attendre onze ans et le succès de sa magnifique adaptation du Dracula d'après Bram Stoker pour se refaire vraiment. Aujourd'hui, Coppola s'est retiré pour cultiver ses vignes : dommage pour le cinoche !
Mais on peut donc toujours revoir les errances nocturnes et romantiques, sous les enseignes lumineuses de Vegas, de Frederic Forrest (qui sera ensuite Hammett sous la direction de Wim Wenders, produit par Coppola), Teri Garr (bien avant de jouer la maman de l'excentrique Phoebe - Lisa Kudrow - dans la série Friends), Raul Julia (futur père de La Famille Addams de Barry Sonnenfeld), Harry Dean Stanton et (la magiquement belle) Nastassja Kinski (couple mythique de Paris, Texas de Wenders) pour se souvenir d'une aventure de cinéma aussi insensée que sublime.
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