THE NICE GUYS est un film réalisé par Shane Black.
Le scénario est écrit par Shane Black et Anthony Bagazzori, d'après Blue Murder de Brett Halliday. La photographie est signée Philippe Rousselot. La musique est composée par John Ottman et David Buckley.
Dans les rôles principaux, on trouve : Russell Crowe (Jackson Healy), Ryan Gosling (Holland March), Angourie Rice (Holly March), Margaret Qualley (Amelia Kuttner), Kim Basinger (Judith Kuttner), Yaya DaCosta (Tally), Matt Bomer (John Boy), Lois Smith (Mrs. Glenn).
Holland March et Jackson Healy
(Ryan Gosling et Russell Crowe)
1977. Los Angeles, Californie. Mrs. Glenn embauche le détective privé Holland March pour retrouver sa nièce, Misty Mountains, une actrice porno, qu'elle jure avoir vue vivante alors qu'elle s'est tuée en voiture quelques jours auparavant. Quoique perplexe, mais surtout fauché, il accepte l'affaire et découvre rapidement que la défunte était en relation avec une certaine Amelia Kuttner. Or celle-ci loue les services de Jackson Healy pour ne pas être retrouvée.
Holly March
(Angourie Rice)
Après avoir découragé, brutalement, March de poursuivre son enquête, Healy est agressé chez lui par deux hommes également aux trousses d'Amelia. Il réussit à les faire fuir, mais retourne voir March pour lui proposer de s'allier afin de tirer cette affaire au clair. La fille du détective, Holly, 13 ans, s'invite dans leurs investigations, malgré les efforts de son père pour l'en tenir éloignée. Mais c'est tous ensemble qu'ils apprennent qu'Amelia et Misty ont participé au tournage d'un film "expérimental", How do you like mu car, big boy ?, pour dénoncer la pollution automobile en ville. La maison du réalisateur de ce court-métrage, Dean, a brûlé et il a péri dans cet incendie.
Jackson Healy, Judith Kuttner et Holland March
(Russell Crowe, Kim Basinger et Ryan Gosling)
March et Healy s'incrustent dans une fête donnée par Sid Shattuk, pornographe notoire et producteur du film. Holland découvre accidentellement son cadavre mais il est surpris par Amelia qui s'enfuit en pensant que c'est lui qui l'a abattu. Un tueur à gages, John Boy, est également dans les parages, tandis que Healy doit à nouveau affronter les deux malfrats qui l'avaient déjà agressés chez lui. La police intervient alors et March et Healy sont conduits chez Judith Kuttner, fonctionnaire haut placé au Ministère de la Justice, et mère d'Amelia qu'elle décrit comme une adolescente folle, voulant ruiner sa carrière.
Amelia Kuttner
(Margaret Qualley)
Après cette entrevue, Healy montre à March un billet qu'il a trouvé chez Shattuk, dans la boîte d'un film avec Misty, où est écrit l'adresse d'un hôtel où doit certainement se rendre Amelia. Une fois sur place, ils récupèrent, avec chance, la jeune fille, qui a échappé à John Boy.
John Boy
(Matt Bomer)
Conduite chez March, elle explique que sa mère veut empêcher la fabrication d'un pot d'échappement catalytique et que le film avait pour but de dénoncer cette magouille. Le court métrage sera projeté lors d'une exposition automobile le lendemain soir. C'est alors que Healy et March sont appelés par Tally, l'assistante de Judith, pour qu'ils procèdent à sa place à la remise d'une rançon de 100 000 $. Mais en rentrant chez lui, le détective découvre que la mallette qu'on leur a remise contient seulement des coupures de papier : c'était une manoeuvre de diversion pour les éloigner pendant que John Boy doit tuer Amelia.
Tally
(Yaya Dacosta)
La mort de la jeune fille et le danger auquel a été exposé Holly convainquent March et Healy de confondre Judith et ses complices. Ils se rendent à l'exposition automobile où le film doit être projeté et affrontent Tally et John Boy qui veulent récupérer les bobines du court métrage. Mais la projection a quand même lieu grâce à Chet, un ami d'Amelia.
Holland March et Jackson Healy
Malgré le scandale et l'arrestation de Judith, les compagnies automobiles ne sont pas inquiétées, faute de preuves les confondant dans cette magouille. Malgré ça, March propose à Healy de continuer à faire équipe pour sa prochaine affaire et lui présente le flyer qu'il a fait imprimer, les présentant comme "The Nice Guys".
Le projet d'adapter le roman de Brett Halliday remonte à 2001 : Shane Black collabore avec Anthony Bagazzori pour en tirer un script, chacun d'eux se chargeant de développer l'histoire en s'occupant d'un des deux héros (à Black Holland March, à Bagazzori Jackson Healy). Mais le résultat ne convainc aucun grand studio de cinéma et le cinéaste pense alors à en faire une série pour la chaîne télé CBS - sans succès.
Profitant des bonnes critiques recueillies par Kiss Kiss Bang Bang (2005), et soutenu par le producteur Joel Silver, Black ressort en 2009 la première mouture de The Nice Guys et le remanie avec Bagazzori en resituant l'action dans les années 70 et en le proposant à Russell Crowe et Ryan Gosling qui cherchaient un film dont ils partageraient l'affiche. Le tournage peut alors commencer en Octobre 2013, la Warner étant rassuré sur le compte de Black après le carton au box office d'Iron Man 3 qu'il a mis en scène la même année.
Comme KKBB, ce nouvel opus mélange la comédie, la série noire et le buddy movie dans une intrigue tortueuse à souhait, dont le dénouement compte moins en vérité que l'efficacité du divertissement, ponctué de de répliques punchy (Healy à March après avoir découvert le corps de Shattuk : "On vomit d'abord, puis on se débarrasse du corps.", ou ce lapsus hilarant de March : "Munich, c'est un mec à qui on a coupé les couilles.").
Mais derrière l'humour et le polar, Black soigne la caractérisation de ses personnages : ainsi Holland March, détective alcoolique mais perspicace, et Jackson Healy, brute épaisse sans ambition mais se croyant investi d'une mission, sont certes grossiers, minables, déconnectés, ils se méprisent ouvertement l'un l'autre, mais c'est la fille du privé, Holly, gamine irrésistible de treize ans, qui sera leur planche de salut. Il s'agit moins de l'impressionner que de ne pas la décevoir, et c'est en essayant de la protéger qu'ils développeront un véritable rapport de loyauté mutuel.
Les seconds rôles sont davantage réduits à des clichés grotesques mais qu'importe car ils sont pensés d'abord pour être suffisamment mémorables dans un récit méandreux : dans cette catégorie, Matt Bomer (Neal Caffrey dans la série White Collar/FBI : duo très spécial) livre une composition étonnante en tueur tandis que Margaret Qualley (la fille d'Andie McDowell) n'a besoin que de deux scènes pour marquer les esprits.
La mise en scène de Black a le mérite de ne pas céder à l'illustration facilement nostalgique pour un film recréant les années 70 de façon fantasmée : il glisse dans pratiquement chaque scène un détail, visuel ou narratif, qui requiert l'attention du spectateur pour pleinement apprécier l'ensemble. Ce faisant, le film entraîne ses héros dans une aventure qui les dépasse tellement qu'ils deviennent à la fois drôles et attachants par l'obstination qu'ils déploient à la démêler.
Et mine de rien, derrière l'apparente légèreté, Shane Black pointe du doigt la corruption des fonctionnaires par les industriels et les gangsters : les deux Nice Guys, détachés au début, s'impliquent de plus en plus quand leurs vies et celles de leurs proches sont compromises par leur enquête. A la fin, c'est devenu une question d'honneur.
Dans la peau de ces deux limiers aussi limités que pugnaces, Russell Crowe (qui redonne la réplique à Kim Basinger 19 ans après L.A. Confidential, de Curtis Hanson), gros ours mal embouché, et Ryan Gosling, père pathétique, sont formidables, n'hésitant pas à écorner leur image (l'ex-Gladiator a pris du ventre, le pilote de Drive a perdu tout son charme ténébreux de cascadeur romantique). A leurs côtés, Angourie Rice leur vole souvent la vedette.
Dans cet imbroglio où un film est convoité par tous, bons comme méchants, Shane Black produit donc à la fois un film noir déconnant réjouissant et une sorte de manifeste anachronique sur le cinéma dont la "coolitude" est bien plus sincère et engagée qu'elle le paraît en surface. Dommage que le succès ait été tout juste suffisant pour amortir son budget, The Nice Guys aurait pu, comme le voulait à l'évidence son réalisateur, le premier volet d'une nouvelle franchise jubilatoire...
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