mercredi 2 novembre 2016

LE VOLEUR QUI VIENT DÎNER, de Bud Yorkin (1973)


LE VOLEUR QUI VIENT DÎNER (The Thief who came to dinner) est un film réalisé par Bud Yorkin.
Le scénario est écrit par Walter Hill, d'après le roman de Terrence Lore Smith. La photographie est signée Philip Lathrop. La musique est composée par Henry Mancini.


Dans les rôles principaux, on trouve : Ryan O'Neal (Webster McGee), Jacqueline Bisset (Laura Keaton), Warren Oates (Dave Reilly), Jill Clayburgh (Jackie Johnson), Charles Cioffi (Eugene Henderling), Ned Beatty (Deams), Gregory Sierra (Hector), Austin Pembleton (Zukovsky).
 Webster McGee
(Ryan O'Neal)

Démotivé par son métier d'informaticien, Webster McGee décide de se reconvertir de manière radicale en devenant voleur de bijoux.
Laura Keaton
(Jacqueline Bisset)

Après avoir commis son premier larcin chez le richissime Eugene Henderling, il s'incruste dans une réception donnée par sa victime afin d'y repérer de nouvelles cibles aussi fortunées. C'est surtout ainsi qu'il fait la connaissance de la ravissante Laura Keaton, laquelle est également une cambrioleuse.   
Laura et Webster

Webster et Laura deviennent amants et complices. Prudent mais malicieux, il signe ses méfaits en laissant à chaque fois une pièce d'échec et un billet sur lequel est noté une combinaison du jeu, ce qui lui vaut dans les médias le surnom de "voleur aux échecs". 
Webster, Deams et Hector
(Ryan O'Neal, Ned Beatty et Gregory Sierra)

Pour s'équiper et écouler sa joaillerie, Webster peut compter sur deux partenaires : Hector et Deams. Mais ses exploits déplaisent évidemment à la police et aux compagnies d'assurances : un enquêteur de la "Texas Mutual ", Dave Reilly, est convaincu que le "voleur aux échecs" appartient à la haute société et interroge donc tous les proches de Eugene Henderling, la première des victimes.  
Dave Reilly et Webster McGee
(Warren Oates et Ryan O'Neal)

Bientôt Reilly aborde donc Webster et estime rapidement qu'il s'agit du cambrioleur. Pour anticiper ses coups, il engage même un champion d'échecs, Zukovsky, afin de décrypter les billets que le malfrat laisse toujours sur le théâtre de ses opérations. Il retrouve aussi l'ex-femme de Webster, Jackie Johnson, une actrice, en espérant le confondre - mais en vain.
Laura et Webster

Webster s'amuse avec l'enquêteur mais Laura le convainc de se retirer avant qu'il ne soit arrêté. Pour cela, il prépare un dernier coup : dérober un diamant d'une valeur d'un million de dollars...

Je poursuis mon entreprise de "réhabilitation" à l'égard de Ryan O'Neal après vous avoir parlé de ses brillantes prestations chez Peter Bogdanovich (dans On s'fait la valise, docteur ? et surtout La Barbe à Papa). Voir aujourd'hui celui qui fut une grande vedette du cinéma américain des années 70 cachetonner dans la médiocre série Bones (où il joue le père de l'héroïne) donne envie de (re)découvrir les films dans lesquels il s'illustra.

Ainsi suis-je tombé sur cette curiosité : Le Voleur qui vient dîner. L'intrigue et le héros rappellent beaucoup L'Affaire Thomas Crown, et d'ailleurs physiquement O'Neal ressemble étonnamment à un Steve McQueen moins fauve. Mais comment ne pas penser au film de Norman Jewison avec cette histoire de voleur de bijoux dans la haute société, vivant une romance avec Jacqueline Bisset (qui fut la partenaire de McQueen dans Bullitt), et exerçant ses coupables talents plus par goût du jeu que par appât du gain (même si Webster McGee n'est pas un riche affairiste) ?

Ce qui m'a le plus étonné - et épaté, c'est que le film semble avoir été construit autour de la musique, superbe, composée par Henry Mancini : une partition entraînante, élégante, un peu funky, qui donne le la à toute l'histoire. Elle indique que rien de ce qui est raconté là n'est sérieux et rappelle justement qu'un récit mettant en scène un voleur se distingue de celui avec un autre malfrat en pouvant se permettre d'être fantaisiste.

Il ne faut pas en demander davantage à cette production dont la réalisation n'a par ailleurs rien de remarquable : sa filmographie est quelconque, il était surtout producteur (et à l'occasion scénariste et acteur). The Thief who came to dinner manque trop de style pour égaler le brillant exercice pop de Norman Jewison et donner plus de relief au scénario, pourtant bien ficelé.

Il faut dire que le script est dû à Walter Hill, qui a adapté un roman de Terrence Lore Smith, et on reconnaît sa griffe facilement : le traitement est très efficace, sans fioritures, avec des personnages (surtout masculins) solidement campés. La relation entre Dave Reilly et Webster McGee est savoureuse, leur jeu du chat et de la souris aurait même pu être plus creusé pour aboutir à une réflexion sur l'honnêteté (dont se réclame le voleur parce que nous vivons dans un monde de voleurs) et la pugnacité (qui illustre le détective malgré les humiliations répétées qu'il subit). Leur denier face à face suggère le respect, voire l'amitié, qu'ils éprouvent en vérité l'un pour l'autre et explique le choix de Reilly...

L'interprétation est un régal : Ryan O'Neal est un monte-en-l'air irrésistiblement sympathique, non seulement parce qu'il opère sans violence mais en s'amusant comme un gamin (Webster ne fuit-il pas d'abord l'ennui plus qu'il ne cherche à faire fortune ?). Jacqueline Bisset est malheureusement sous-exploitée (il faut attendre le dernier coup pour qu'elle intervienne de manière vraiment décisive), mais elle est belle à damner un saint. Et Warren Oates est très drôle en détective aussi tenace que malchanceux (la scène où Reilly reçoit la visite de Webster à l'hôpital après avoir fait un malaise lorsqu'il discutait en joggant ensemble est impayable).

Les plus attentifs remarqueront dans les rôles secondaires de Zukovsky Austin Pembleton (qui donnait la réplique à O'Neal dans On s'fait la valise, docteur ?, même si, ici, ils n'ont aucune scène commune). Et Jill Clayburgh passe par là le temps de deux scènes.

Une chouette petite série B, qui a peut-être servi de banc d'essai à Walter Hill pour son The Driver (1978) avec Ryan O'Neal. 

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