lundi 28 novembre 2016

COTTON CLUB, de Francis Ford Coppola (1984)


COTTON CLUB (The Cotton Club) est un film réalisé par Francis Ford Coppola.
Le scénario est écrit par William Kennedy, Francis Ford Coppola et Mario Puzzo, d'après les récits de James Haskins. La photographie est signée Stephen Goldblatt. La musique est composée par John Barry.

Dans les rôles principaux, on trouve : Richard Gere (Michael "Dixie" Dwyer), Diane Lane (Vera Cicero), Gregory Hines (Delbert "Sandman" Williams), Lonette McKee (Lila Rose Oliver), James Remar (Dwight Schultz, "le Hollandais"), Bob Hoskins (Owen Madden), Nicolas Cage (Vincent Dwyer), Fred Gwynne ("Frenchie" Demange), Jennifer Grey (Patsy Dwyer), Joe Dallessandro ("Lucky" Luciano).
 Michael "Dixie" Dwyer
(Richard Gere)

1928. Harlem, New York. Michael "Dixie" Dwyer est le seul musicien blanc, jouant du cornet, dans un groupe de jazz. Il sauve, sans savoir de qui il s'agit, le gangster Dwight Schultz, dit "le Hollandais", d'une tentative d'attentat par des rivaux de la pègre irlandaise.
 Dwight Schultz "le Hollandais"
(James Remar)

Pour Vincent, le frère cadet de "Dixie", c'est là une opportunité d'entrer dans le cercle des partenaires de Schultz et de faire fortune en rackettant les noirs du quartier. 
Delbert "Sandman" Williams
(Gregory Hines)

A la même période, deux danseurs noirs justement, Delbert et Clayton Williams auditionnent au "Cotton Club" pour un numéro de claquettes mais seul le premier est engagé. Il croise ensuite une chanteuse blanche, Lila Rose Oliver, dont il tombe aussitôt amoureux sans réussir à lui parler.
Vera Cicero
(Diane Lane)

Redevable à "Dixie", Schultz lui confie comme mission de veiller et distraire Vera Cicero, sa protégée : ils se détestent ostensiblement -elle ricanant de l'appréhension du musicien à côtoyer des malfrats, lui méprisant son rôle de "poule de luxe" pour "le Hollandais" - mais leur attirance réciproque est toute aussi évidente.
Owen Madden
(Bob Hoskins)

Cependant, Owen Madden négocie une trêve, précaire, avec Schultz qui renonce à des représailles contre les irlandais mais tue quand même leur chef. Delbert revoit Lila au "Cotton Club" et la courtise mais le patron de l'établissement désapprouve ce rapprochement entre un "nègre" et une blanche, même si le danseur surnommé "Sandman" éblouit le public sur scène.
Lila Rose Oliver
(Lonette McKee)

La passion orageuse entre "Dixie" et Vera finit par une nuit d'amour. Au courant de tout, Madden offre au musicien de le libérer de Schultz en en faisant une vedette du cinéma parlant : il jouera à l'écran des gangsters pour les rendre plus sympathiques. Mais Vera refuse de le suivre après qu'il ait passé des essais ayant convaincu les producteurs. Pendant ce temps, le racket continue à Harlem et exacerbe les tensions entre communautés.  
Vincent Dwyer
(Nicolas Cage)

1929. Le gouvernement instaure la Prohibition et la pègre réagit en organisant clandestinement le trafic d'alcool. Avec l'appui financier de Schultz, Vera ouvre son propre club où "Dixie", désormais star de cinéma, s'affiche avec Madden, ce qui provoque l'ire du "Hollandais", trahi par Dwyer. Vincent, son frère, réclame par ailleurs au gangster une part plus importante sur le racket - sans succès. Delbert retrouve Lila au "Vera's Club" où elle chante, accompagnée par "Dixie". Ils finissent la nuit dans un hôtel où, pour avoir une chambre d'habitude refusée aux couples mixtes, Lila avoue qu'elle est en vérité une métisse. 
"Dixie" Dwyer

Une guerre des gangs éclate entre Schultz et Vincent qui riposte en tuant le bras droit du "Hollandais" puis en kidnappant "Frenchie" Demange, le second de Madden, qui a refusé de prendre parti. Madden confie à "Dixie" la rançon (50 000 $) réclamée par son frère et le musicien conseille à son cadet de quitter la ville au plus vite. Il ignore, à tort, cet avis et se fait abattre peu après par les sbires de Madden. 
Vera Cicero et Dwight Schultz

1930. Le "Cotton Club" est à son apogée : Cab Calloway se produit devant des stars comme Charles Cahplin et James Cagney? Dans une loge, "Lucky" Luciano et Owen Madden scellent le sort de Dwight Schultz, trop incontrôlable, et que "Dixie" sépare de Vera. "Le Hollandais" sera exécuté la nuit même après avoir été expulsé du club, alors qu'il préparait une vendetta. Au moment de sa mort, Delbert accomplit un fantastique numéro de claquettes devant le public et Lila. 
Vera et "Dixie"

"Dixie" tente une dernière fois de convaincre Vera de tout quitter pour le suivre. Madden se rend à la police après s'être préparé une détention confortable et brève au pénitencier de Sing-Sing. Delbert épouse Lila. "Dixie" rejoint son train, Vera l'attend sur le quai, finalement prête à rester avec lui.

Le projet du film est initié par le producteur-nabab Robert Evans (à qui on doit, entre autres, Chinatown, de Roman Polanski, en 1974) : il a lu les récits de James Haskins sur l'histoire du mythique cabaret du "Cotton Club" et souhaite en tirer un film d'époque capable de rivaliser avec les grands classiques de l'âge d'or de Hollywood.

Il charge William Kennedy d'en rédiger une adaptation et engage Francis Ford Coppola, qui vient d'enregistrer deux jolis petits succès avec Outsiders et Rusty James (1983) mais cherche encore le film qui lui rendra son prestige. L'auteur du Parrain, l'écrivain Mario Puzzo, se joint à eux.

Mais entre l'ambition démesurée d'Evans et les exigences de Coppola, le budget gonfle rapidement. Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse ! Le spectacle doit être total et comme aucun comédien n'est une star, tout est fait pour que le film y corresponde.

Chacun donnera de sa personne dans cette folle entreprise : révélé par les succès de American Gigolo (Paul Schrader, 1980) et Officier et gentleman (Taylor Hackford, 1982), Richard Gere, avec une fine moustache rappelant Douglas Fairbanks et Clark Gable, apprend à jouer du cornet et Gregory Hines répète ses numéros de claquettes. Ils réalisent de vraies performances à l'écran, dignes de professionnels aguerris. Diane Lane retrouve Coppola après qu'il l'ait dirigée dans Rumble Fish.

Le tournage sera tendu à cause du dépassement des frais. A sa sortie, le film est tièdement accueilli par la critique et boudé par le public. Ce nouvel échec mine Coppola et ruine Evans. Un verdict injuste, même si le résultat est imparfait.

Là où le bât blesse, c'est au niveau du scénario : construit en trois actes, le récit manque de souffle et souffre d'une dernière partie, chronologiquement resserrée mais manquant curieusement d'intensité à force de multiplier les actions simultanées (Cab Calloway chantant Minnie the mooche, le dernier coup d'éclat de Schultz, le numéro de claquettes de "Sandman", l'exécution du "Hollandais", la valse-hésitation sentimentale de Vera et "Dixie", la succession de Madden par "Lucky" Luciano, les noces de Delbert et Lila - cette dernière étant le personnage le moins bien développé de tout le film).

Il est évident que jamais les visions de Evans, Kennedy, Puzzo et Coppola n'ont été alignées : le producteur a été visiblement obsédé par le faste de l'histoire, le scénariste par l'accumulation des faits fictifs et réels (une idée malheureuse qui ne fonctionne jamais à cause du manque de définition de la relation entre Vera et Schultz), l'écrivain ne parvenant jamais à réécrire une saga mafieuse aussi ample que Le Parrain, et le réalisateur devant composer avec ses délires visuels (le film étant effectivement magnifiquement formellement) et l'inégalité du script.

Là où Coppola est le plus à l'aise, c'est quand il peut s'affranchir de la réalité : ainsi suggère-t-il finement la romance contrariée à cause de la ségrégation entre Delbert et Lila, et on devine ce qu'il aurait pu tirer de l'attraction-répulsion entre Vera et "Dixie" s'il n'avait pas dû accorder autant de place aux luttes de pouvoir entre Schultz et Madden. De même, quand il filme les jam sessions de "Dixie" ou les fantastiques numéros de claquettes de "Sandman", Cotton Club décolle de manière jubilatoire.

En fait, si le scénario s'était contenté de parler de la musique, de la vie du cabaret, et des amours tumultueuses de ses héros imaginaires, cela aurait amplement suffi et abouti à un résultat plus fluide et un format sans doute plus ramassé (le film dure 2 heures 10 et n'en finit pas de finir).

Malgré tout, grâce au glamour du couple Gere-Lane, ce grand film malade ne manque pas d'une qualité qui fait souvent défaut à ce genre de projet : bien qu'inégal, quel panache ! 

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