UN PETIT BOULOT est un film réalisé par Pascal Chaumeil.
Le scénario est écrit par Michel Blanc, d'après le roman de Ian Levison. La photographie est signée Manuel Dacosse. La musique est composée par Mathieu Lamboley.
Dans les rôles principaux, on trouve : Romain Duris (Jacques), Michel Blanc (Gardot), Alice Belaïdi (Anita), Gustave Kerven (Tom), Charlie Dupont (Jeff), Alex Lutz (Brecht).
Gardot et Jacques
(Michel Blanc et Romain Duris)
De nos jours, dans le Nord de la France et en Belgique. Jacques Scoran a été, comme tous ses amis dans la région victime d'un licenciement économique. Sa fiancée l'a quitté et il gagne un peu d'argent en bricolant à droite, à gauche. Son meilleur pote, Tom, tient désormais une station-service avec un adolescent - le précédent employé a été abattu par la police en essayant d'échapper à son arrestation pour détention de drogue.
Jacques et Tom
(Romain Duris et Gustave Kerven)
C'est alors que Gardot fait appel à Jacques pour une mission : il éponge ses dettes et lui offre 20 000 Euros s'il tue sa femme, qu'il sait infidèle. Malgré ses scrupules, il accepte, même si, tout de suite après, Tom lui propose de travailler à la station-service de nuit.
Muni d'un pistolet automatique fourni par Gardot, Jacques exécute son contrat et la presse suppose que le crime a été commis par un pervers sexuel.
Brecht
(Alex Lutz)
Tout irait pour le mieux si Brecht, un cadre de la société à laquelle appartient la station-service, ne débarquait alors. Même s'il ne le dit pas franchement, il prépare la fermeture de l'endroit. Pour l'en empêcher, Jacques décide de le supprimer et maquille le meurtre de manière à ce qu'on croit qu'il s'agisse à nouveau de l'assassin de la femme de Gardot.
Convoqué au commissariat dans le cadre de l'enquête sur la mort de Brecht et ses relations avec Gardot, Jacques y croise Anita, une jolie fonctionnaire de police aperçue au bar qui lui plait et à qui elle ne semble pas déplaire... Gardot, qui a confié un nouveau contrat à Jacques (dont il se sort de manière inattendue et comique), craint que les flics ne le surveillent et abat son chauffeur, dont Jacques l'a convaincu qu'il était un agent infiltré.
Jacques et Anita
(Romain Duris et Alice Belaïdi)
Après avoir subi le chantage de Jeff, que Jacques a raisonné, Gardot veut qu'il élimine l'amant de sa défunte femme, un pilote de ligne actuellement à Majorque. Pour se couvrir lors de ce déplacement, Jacques invite Anita pour le week-end en Espagne.
Il s'acquitte à nouveau de sa tâche avec plus de chance qu'application, mais a séduit Anita. La récompense qu'il touche pour ce contrat va lui permettre de réaliser un nouveau projet professionnel et de s'installer avec sa nouvelle compagne - ce qui n'empêchera pas Gardot de lui adresser un cadeau tentant pour son anniversaire, de quoi "mettre du beurre dans les épinards" au cas où...
J'ai écrit il y a peu une critique du premier film de Pascal Chaumeil, l'excellent L'Arnacoeur (2010), en évoquant la sortie récente de Un Petit Boulot, sorti fin Août et que j'ai été voir hier. L'occasion de vérifier que le réalisateur a quitté la scène, prématurément (il est mort à la fin du tournage, mais a eu le temps d'approuver le montage de son long métrage), mais avec réussite.
Il me faut cependant, avant d'aller plus loin, dire que, comme souvent, avant ou après avoir assisté à une projection, j'aime consulter les critiques dans la presse ou sur le Net, pour connaître les sentiments des uns et des autres. Et je ne peux cacher mon agacement devant la mauvaise foi manifeste de beaucoup de commentateurs qui ont fait la fine bouche en n'ayant visiblement pas lu le roman de Ian Levison dont est adapté le film, et surtout en pinaillant sur le fait que le résultat souffrirait d'un côté "qualité France" démodé. Je parie que ces mêmes fâcheux auraient jubilé si le long métrage avait été signé par, mettons, un Stephen Frears en forme, sans trouver à redire sur le mélange des genres (mi-comédie sociale, mi-série noire) de l'intrigue. Allez savoir pourquoi, parce que, tout en étant très fidèle au matériau d'origine, bien filmé, interprété impeccablement, là, ça ne va pas, ce n'est pas assez "ci" ou trop "ça".
Je ne prétends pas livrer des critiques meilleures ni promettre à ceux qui les lisent que leur ressenti correspondra au mien, mais je suis irrité par ce déclinisme qui désormais contamine l'avis exprimé sur un film français... Parce qu'il est français ! Voilà quelque chose qui m'irrite autant que les idiots qui résument le cinéma américain à des blockbusters décérébrés ou des petits films indépendants, qui conspuent des acteurs populaires en les réduisant à des caricatures people, et se complaisent dans des "c'était mieux avant".
Un Petit boulot, n'en déplaisent aux pisse-froids qui, bien sûr, ne regardent que des chefs d'oeuvre et théorisent sur le 7ème Art en en connaissant mieux les subtilités et en devinant mieux ce qui convient au public que n'importe qui, mérite bien mieux que ce snobisme. Le résultat a déjà le mérite d'être original, divertissant et très bien emballé. Sa morale (ou son absence de morale) dérange : c'était déjà l'intention de Levison, qui abordait un contexte avec lequel il est familier (lire son exemplaire Tribulations d'un précaire pour s'en convaincre), et finalement c'est ce qui lui donne son ambition.
L'humour grinçant rappelle celui des comédies noires sociales anglaises donc mais aussi le sens de l'absurde du cinéma des frères Coen : les contrats remplis par Romain Duris (fabuleux dans la peau de ce tueur à gages dépassé par sa réussite dans ce domaine et pour lequel il s'est composé un look étudié - barbu, hirsute, massif) fournissent autant de séquences hilarantes, où la maladresse le dispute à l'absurde. Dans le costume du commanditaire, Michel Blanc, qui a par ailleurs adapté le livre et écrit les dialogues avec verve (mais sans forcer sur les mots d'auteur), est également parfait, ne jouant pas ce bookmaker comme un caïd menaçant mais plutôt comme un gestionnaire qui veut régler ses affaires simplement.
Dans des seconds rôles, Gustave Kerven (un des fondateurs de Groland sur C+) est très juste en brave type écrasé par la perte de son emploi et on peut regretter que le rôle de Alex Lutz ait été réduit par rapport au roman (mais adapter, ce n'est pas tant trahir que choisir, et le comédien fait forte impression dans le rôle de ce manager glaçant, antipathique à souhait). Alice Belaïdi est radieuse et, bien qu'elle se doute des coupables activités de Jacques, elle rend savoureuse la relation de ce tueur amateur avec une femme flic, trop négligée par son mec pour ne pas apprécier l'attention que lui porte ce filou.
Le récit s'amuse avec une exquise ironie des rapports patron-employé, mais plus encore plaisante sur la loi du marché dans lequel un crime (économique) n'est pas moins abominable qu'un autre (à main armée). Les réflexions sur la dignité retrouvée (malgré des moyens condamnables), "le respect de l'outil de travail" (ainsi que Jacques nomme son pistolet, malgré les soucis qu'il lui cause - en particulier au niveau acoustique : une détonation, mine de rien, c'est assourdissant. Ah, si seulement, on lui fournissait un silencieux...), sont bien senties et communiquées avec un humour pince-sans-rire irrésistible.
Avec sa dernière scène ambiguë, et malgré quelques baisses de régime à mi-parcours (le chantage de Jeff est un peu superflu, la parano de Gardot est suffisamment alimenté avec l'épisode du chauffeur), Un petit boulot est un vrai régal, élégamment réalisé, accompagné par une bande son entêtante. Le seul point où le film ne fait pas (sou)rire est celui qui nous rappelle que son metteur en scène se sera illustré pour la dernière fois à cette occasion...
Dans des seconds rôles, Gustave Kerven (un des fondateurs de Groland sur C+) est très juste en brave type écrasé par la perte de son emploi et on peut regretter que le rôle de Alex Lutz ait été réduit par rapport au roman (mais adapter, ce n'est pas tant trahir que choisir, et le comédien fait forte impression dans le rôle de ce manager glaçant, antipathique à souhait). Alice Belaïdi est radieuse et, bien qu'elle se doute des coupables activités de Jacques, elle rend savoureuse la relation de ce tueur amateur avec une femme flic, trop négligée par son mec pour ne pas apprécier l'attention que lui porte ce filou.
Le récit s'amuse avec une exquise ironie des rapports patron-employé, mais plus encore plaisante sur la loi du marché dans lequel un crime (économique) n'est pas moins abominable qu'un autre (à main armée). Les réflexions sur la dignité retrouvée (malgré des moyens condamnables), "le respect de l'outil de travail" (ainsi que Jacques nomme son pistolet, malgré les soucis qu'il lui cause - en particulier au niveau acoustique : une détonation, mine de rien, c'est assourdissant. Ah, si seulement, on lui fournissait un silencieux...), sont bien senties et communiquées avec un humour pince-sans-rire irrésistible.
Avec sa dernière scène ambiguë, et malgré quelques baisses de régime à mi-parcours (le chantage de Jeff est un peu superflu, la parano de Gardot est suffisamment alimenté avec l'épisode du chauffeur), Un petit boulot est un vrai régal, élégamment réalisé, accompagné par une bande son entêtante. Le seul point où le film ne fait pas (sou)rire est celui qui nous rappelle que son metteur en scène se sera illustré pour la dernière fois à cette occasion...
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