JANE GOT A GUN est un film réalisé par Gavin O'Connor.
Le scénario est écrit par Anthony Tambakis, Joel Edgerton et Brian Duffield, d'après l'histoire originale de ce dernier. La photographie est signée Mandy Walker. La musique est composée par Lisa Gerard et Mauricio de Francisci.
Dans les rôles principaux, on trouve : Natalie Portman (Jane Ballard), Joel Edgerton (Dan Frost), Noah Emmerich (Bill Hammond), Ewan McGregor (John Bishop).
Jane Ballard(Natalie Portman)
Nouveau-Mexique, 1871. Jane Ballard vit dans une modeste maison à l'écart de tout avec son compagnon, Bill Hammond, lorsque celui-ci revient de la ville la plus proche, Lullaby, le corps criblé de balles.
Bill Hammond(Noah Emmerich)
Tandis qu'elle le soigne, il lui explique avoir affronté les hommes de John Bishop, qui les traquent tous les deux depuis des années. Jane décide d'aller chercher de l'aide et se rend à quelques miles de là chez Dan Frost, un excellent tireur.
Dan Frost(Joel Edgerton)
Mais Dan et Jane sont de vieilles connaissances : en 1863, ils s'aimaient et étaient sur le point de se marier quand il s'engagea dans l'armée nordiste lors de la Guerre de Sécession. Rapidement capturé et fait prisonnier par les confédérés, il laissa Jane sans nouvelles et elle le crut mort sur le champ de bataille.
John Bishop(Ewan McGregor)
Obligé de fuir le Nouveau Mexique pour échapper aux sudistes, Jane négocia, avec Mary, la fille dont elle accoucha sept mois après le départ de Dan, sa place dans la caravane menée par le malhonnête John Bishop. Celui-ci comptait en effet prostituer toutes les femmes du convoi à Huntsville, Missouri. Mais Bill Hammond, épris de Jane, en la découvrant dans un bordel, tua cinq des sbires de Bishop et emmena la jeune femme.
Jane et Dan
Aujourd'hui, Dan accepte d'aider Jane à affronter Bishop et son gang dans l'espoir de la récupérer tandis que Bill est moribond. La vengeance va aussi le motiver quand il apprend que sa fille qu'il a eu avec Jane aurait été tuée par leur ennemi.
La bataille, inégale mais âprement disputée, aboutira à une révélation inattendue de la part de Bishop...
Alors qu'actuellement les médias français entretiennent une minable campagne de dénigrement à son encontre (parce qu'elle a osé dire qu'elle appréciait de revivre en Californie après son séjour dans la capitale française où son mari, le chorégraphe Benjamin Millepied, a été maître du ballet à l'Opéra National de Paris), il est opportun de revenir à ce qui distingue Natalie Portman : une grande actrice - doublée pour Jane got a gun d'une productrice particulièrement tenace.
Elle a en effet porté à bout de bras ce projet sur lequel se sont abattus de multiples avanies. Tout a commencé en 2013 au Nouveau-Mexique quand Michael Fassbender quitte l'aventure pour se consacrer à un nouveau volet des X-Men. Jude Law le remplace mais c'est alors la réalisatrice Lynne Ramsay qui fait sa valise après qu'une tempête de sable ait endommagé les décors. Law, qui s'était engagé pour travailler avec elle, la suit. Puis Bradley Cooper, embauché pour incarner le méchant de l'histoire, part à son tour.
Ewan McGregor accepte son rôle tandis que Gavin O’Connor s'installe derrière la caméra. Puis Joel Edgerton vient suppléer Fassbender tout en s'investissant dans l'écriture du scénario, dont la version originale de Brian Duffield est remaniée par Anthony Tambakis. Tous ces retards font grimper de dix millions de dollars le budget initial.
Ainsi donc, dans un mouvement étrangement semblable à celui de son héroïne, le film revient de loin. Pourtant un dernier rebondissement lui coûtera une carrière normal en France : sa sortie prévue pour le 13 Novembre 2015 sera reportée au 26 Janvier 2016 à cause des attentats commis à Paris (une décision au demeurant assez incompréhensible dans la mesure où le lien entre l'intrigue de ce western et les abominations perpétrées par des fanatiques islamistes est tout sauf évident).
On pouvait craindre que le résultat ait beaucoup souffert de ces aléas et pourtant, miraculeusement, Jane got a gun est une réussite, affichant une exemplaire cohérence artistique et assurant un divertissement efficace, magnifiquement interprété.
Les plus grincheux reprocheront à ce récit de ne pas révolutionner le genre, même en tenant compte que c'est une femme qui en tient le premier rôle. Mais le western au féminin comporte nombre de bons titres sans avoir cette ambition. Le réalisateur a plutôt eu le mérite d'emballer cette affaire avec sobriété et efficacité, et la concision du résultat (90 minutes) joue en sa faveur, évitant au propos de se disperser. Tout juste pourra-t-on être réservé sur la révélation finale, dont le sentimentalisme n'ajoute rien, mais c'est un bémol très mineur.
L'intrigue est conventionnelle, il est question de vengeance, de revanche, d'amour déçu, de trahison, mais la construction est habile, ponctuant la trame principale de brefs flash-backs nous instruisant sur le contentieux entre Bishop, Hammond et Jane mais aussi sur le passé commun de Jane et Dan. Esthétiquement, le film louvoie habilement entre la facture classique et des emprunts discrets au western italien, et l'humilité avec laquelle il est produit tranche agréablement avec les productions de plus en plus boursouflées de Tarantino. Jane got a gun se rapproche ainsi de l'excellent Appaloosa de Ed Harris (2008), l'humour en moins.
L'interprétation est formidable et réussit à ne pas faire regretter son casting initial (même s'il est évident qu'associer Michael Fassbender, Bradley Cooper et Natalie Portman aurait eu de l'allure). Ewan McGregor compose une figure de crapule mémorable, odieuse et menaçante, très crédible (le comédien affublé d'une moustache, les cheveux teints en brun, et avec une prothèse dentaire me semble même livrer une imitation savoureuse de Clark Gable).
Joel Edgerton est aussi impressionnant : physiquement imposant, la douceur de son visage offre un contraste passionnant avec la violence de ses sentiments puisque son personnage agit autant par haine envers l'homme qui lui a pris sa femme et celui qui a tué sa fille que par amour pour Jane.
Noah Emmerich hérite du rôle le plus ingrat puisqu'il est le plus souvent alité et agonisant, n'existant que dans les flash-backs, mais même avec peu de scènes à défendre, il parvient à émouvoir.
Enfin, il y a Natalie Porman. On comprend ce qui lui a tant tenu à coeur dans ce projet : elle y est magistrale, toute rage et de chagrin contenus, digne en toutes circonstances, toujours classe même dans en cow-girl - en un mot : royale. Elle joue sa partition avec beaucoup de justesse (qui fait oublier qu'elle a reçu son seul Oscar pour le rôle où elle a été poussée le plus à cabotiner, dans Black Swan du surcôté Darren Aronovsky).
Traversé par des moments fulgurants et finalement assez osés (le combat final expédié mais terrible, avec les méchants transformés en torches humaines), valant davantage pour les portraits soignés de ses personnages et la tension de sa narration, Jane got a gun revient de loin, mais porte beau pour un survivant.
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