MA VIE EN L'AIR est un film écrit et réalisé par Rémi Bezançon.
La photographie est signée Antoine Monod. La musique est composée par Sinclair et Jeanne Cherhal.
Dans les rôles principaux, on trouve : Vincent Elbaz (Yann Kerbec), Marion Cotillard (Alice), Gilles Lellouche (Ludo), Elsa Kikoïne (Charlotte), Didier Bezace (Castelot), Cécile Cassel (Clémence), Tom Novembre (le père de Yann), Vincent Winterhalter (Eddie).
Yann Kerbec est spécialiste en sécurité aérienne. Pourtant il a développé une phobie de l'avion car sa mère est morte en le mettant au monde à bord d'un long courrier. Il a ensuite, à vingt ans, perdu son père, journaliste automobile, et a hérité de sa Ford Mustang 67 - et de tendres souvenirs en sa compagnie.
Yann et Ludo
(Vincent Elbaz et Gilles Lellouche)
Pour le soutenir, Yann a toujours pu compter sur son meilleur ami depuis l'adolescence, un glandeur né du nom de Ludo, qui, en livrant des pizzas, lui raconte avoir fait la connaissance d'une cliente torride, Clémence, qui les a invités à son anniversaire - la vérité est légèrement différente puisque la jeune femme n'a pas remarqué Ludo et n'accepte de le faire entrer avec Yann à sa fête que parce son amie, Charlotte, rencontrée dans l'ascenseur, prétend que les deux garçons sont avec elle.
Charlotte et Yann
(Elsa Kikoïne et Vincent Elbaz)
Tombés amoureux à cette occasion, Yann et Charlotte sont pourtant rapidement séparés quand elle lui annonce devoir partir pendant un an travailler en Australie. A cause de sa phobie, et manquant à sa promesse, il n'ira jamais la rejoindre.
Dix ans passent. Ludo, qui refuse de travailler avec son père, employé des Pompes Funèbres et teste des médicaments pour un laboratoire pharmaceutique, est hébergé chez Yann avec lequel il s'est imposé comme règle de ne pas avoir de liaison avec leurs (charmantes) voisines. L'engagement tient jusqu'à l'installation dans l'appartement au-dessus du leur de la belle Alice, jeune femme indépendante dont s'éprend rapidement Yann.
Yann, Ludo et Alice
(Vincent Elbaz, Gilles Lellouche et Marion Cotillard)
Son projet de la séduire est contrarié par le retour inattendu de Charlotte, prête à renouer. Yann accepte, finissant même par congédier Ludo, et assistant au déménagement d'Alice. Alors qu'il se prépare à se marier, il constate qu'il n'est pas heureux mais cela suffira-t-il pour qu'il surmonte sa peur de l'avion et rejoigne Alice, partie à Papeete ?
Pour son premier film, Rémi Bezançon réussissait une jolie comédie romantique qui, si elle n'est pas sans menus défauts, a conservé intact un charme indéniable, et qui posait déjà des motifs récurrents dans son oeuvre. On y trouve déjà un héros nommé Yann Kerbec (comme Pierre Rochefort dans Nos Futurs), la mort précoce d'un père adoré (comme Jacques Gamblin dans Le Premier Jour du Reste de ta Vie ou celui de Pierre Rochefort dans Nos Futurs), un meilleur ami immature mais de bon conseil (comme Pio Marmaï dans Nos Futurs), la peur de l'engagement (comme avec Marc-Antoine Grondin dans Le Premier Jour..., Pio Marmaï dans Un Heureux Evénement et Nos Futurs), et deux femmes aux tempéraments opposés aimés par le héros (comme Mélanie Bernier et Laurence Arné dans Nos Futurs).
L'équipe technique qui assiste l'auteur est déjà en place : Antoine Monod à la photo, Sinclair à la musique. Et dans des seconds rôles figurent déjà Cécile Cassel et Tom Novembre.
Rémi Bezançon parle des gens de son âge (il est né en 1971), ces "adulescents" trentenaires tiraillés entre la nécessité de grandir et les appréhensions liées à leurs vies sentimentales. Yann Kerbec est encore un de ces grands gamins perdus dans la ville, pris entre le désir de décoller et la peur de savoir où cela va le mener, s'il ne se casse pas la figure avant de le savoir, mais ces frayeurs sont ici matérialisées par une phobie de l'avion - métaphore un peu facile et guère subtile mais génératrice de gags (parfois par ricochet, comme en témoigne le personnage de Castelot, quinquagénaire au passé similaire à celui de Yann - lui aussi a perdu sa mère dans un avion - et échouant lamentablement lors des exercices dans le module de simulation de vol, nécessaires pour avoir le droit de piloter un avion de ligne : l'interprétation subtile de Didier Bezace est irrésistible).
Bezançon n'évite pas les clichés donc, un défaut propre aux premiers films, mais il il s'en sert de manière divertissante. Parfois, le scénario aligne les saynètes un peu facilement, montrant Yann passer de femme en femme, en attendant la dame de son coeur, trop fleur bleu et manquant d'aspérités : Vincent Elbaz, acteur souvent sous-estimé et sous-exploité, le joue heureusement avec suffisamment de finesse pour ne pas le rendre mièvre.
En revanche, le personnage de Ludo offre à l'excellent Gilles Lellouche, pas encore une vedette reconnue à l'époque, un second rôle très payant, composant un copain d’enfance devenu un loser magnifique et très drôle, vivant de pétards et de canettes de bière, lisant "Strange" (une référence qui parlera particulièrement à ceux qui, comme le cinéaste ou moi, ont grandi avec le mensuel publié par Lug), vrai parasite mais si proche et complice.
L'intrigue est articulée autour de deux figures féminines contraires qui révéleront les attentes de Yann à deux périodes de sa vie : avec Charlotte (campée par Elsa Kikoïne, depuis totalement disparue de la circulation), c'est d'abord un coup de foudre, romantique au possible, puis la sécurité jusqu'à la dépossession (le sacrifice symbolique des "Strange", le changement du mobilier, la préparation du mariage à partir de l'hypothèse d'une grossesse, et la bannissement de Ludo) ; avec Alice (jouée par Marion Cotillard, dans une de ses - trop - rares incursions dans la comédie romantique, après avoir été révélée dans les deux premiers Taxi mais avant la consécration internationale de La Môme), c'est la passion, l'altérité, le jeu, la séduction, le frisson.
Avec cette dernière, le film gagne quelques moments de grâce véritable, dus à la complicité réelle (mais hélas ! sans lendemain) entre Marion Cotillard et Vincent Elbaz, et de comédie, dans un registre loufoque (la scène avec Eddie, "le plus grand économiseur de mots du monde" - Vincent Winterhalter est hilarant
Ma vie en l'air manque sans doute un peu de piquant, mais pas de charme : c'est un feel-good movie plein de promesses, qui a permis à son auteur de percer - et il a su confirmer ces bonnes dispositions par la suite. A côté des comédies formatées et jetables que produit le cinéma français en en réduisant les concepts à des titres aussi réduits que le contenu (Camping, Jet-Set, Barbecue, etc), Rémi Bezançon, comme Pierre Salvadori, Régis Roinsard, ou le regretté Pascal Chaumeil, offre une alternative élégante à un genre qui, dans notre pays, a tant de mal à concilier un tant soi peu d'exigence et de divertissement.
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