mercredi 14 septembre 2016

LES AVENTURES D'ADELE BLANC-SEC, de Luc Besson (2010)


LES AVENTURES EXTRAORDINAIRES D'ADELE BLANC-SEC est un film écrit et réalisé par Luc Besson, d'après la bande dessinée de Jacques Tardi.
La photographie est signée Thierry Arbogast. La musique est composée par Eric Serra.


Dans les rôles principaux, on trouve : Louise Bourgoin (Adèle Blanc-Sec), Gilles Lellouche (inspecteur Caponi), Philippe Nahon (professeur Ménard), Jacky Nercessian (professeur Espérandieu), Nicolas Giraud (Andrzej Zborowski), Mathieu Amalric (Dieuleveult), Jean-Paul Rouve (Justin de Saint-Hubert), Laure de Clermont-Tonnerre (Agathe Blanc-Sec).
 Adèle Blanc-Sec
(Louise Bourgoin)

1912. Journaliste et romancière à succès, Adèle Blanc-Sec désobéit à son rédacteur en chef qui voulait l'envoyer en reportage au Pérou pour partir en Egypte. Elle veut y ramener à la capitale la momie de Toutmosis, le médecin présumé du pharaon Ramsès II, afin de guérir sa soeur, Agathe, gravement blessée lors d'une partie de tennis.
Dieleveult
(Mathieu Amalric)

Après avoir réussi à subtiliser la momie à l'infâme pilleur de tombes Dieuleveult, Adèle compte sur le professeur Marie-Joseph Espérandieu, spécialiste de la vie après la mort, pour ressusciter Toutmosis. Mais l'excentrique savant a accidentellement réveillé lors d'une expérience un ptérodactyle dans son oeuf conservé au Musée du Jardin des Plantes. 
Le professeur Ménard et son assistant Andrzej Zborowski
(Philippe Nahon et Nicolas Giraud)

La créature sème la panique en ville et l'inspecteur Caponi est chargé de la neutraliser. Pour cela, il va se renseigner auprès d'Espérandieu chez qui la bête a trouvé refuge.Cela vaut au professeur d'être incarcéré à la prison de la Santé mais l'oiseau s'est échappé entretemps. 
Espérandieu
(Jacky Nercissian)

En allant demander la clémence au Président de la République Raymond Poincaré pour Espérandieu condamné à mort, Adèle le sauve d'une attaque du ptérodactyle. Si elle le capture, elle sauvera la vie du savant. Grâce à Andrzej Zborowski, chercheur au musée, elle localise la créature qui a fait son nid dans le Jardin des Plantes et, le chevauchant, elle s'envole pour empêcher l'exécution d'Espérandieu à l'aube, au pied de l'échafaud.  
Justin de Saint-Hubert et l'inspecteur Caponi
(Jean-Paul Rouve et Gilles Lellouche)

De retour au Jardin des Plantes, le chasseur Justin de Saint-Hubert, recruté par Caponi pour tuer le monstre, blesse l'oiseau et le professeur. Adèle conduit alors ce dernier chez elle pour lui prodiguer des soins et lui demander d'entrer mentalement en contact avec la momie de Toutmosis afin qu'elle lui explique comment guérir Agathe.
Toutmosis et Adèle

Puisant ses ultimes forces dans le lien énergétique qu'il partage avec le ptérodactyle comme lui à l'agonie, Espérandieu réussit à ranimer la momie. Direction : le Louvre et le sarcophage de Ramsès II. Le pharaon, grâce à un élixir, rend la santé à Agathe puis se fait la belle avec d'autres membres momifiés de sa cour dans la nuit parisienne. 
Adèle

Alors que Zborowski rend visite à Adèle, il rencontre sa soeur à qui il offre les fleurs qu'il amenait. Adèle, elle, est déjà partie pour de  nouvelles aventures : observée par Dieuleveult, elle embarque sur un paquebot : le Titanic !

J'ai lu il y a quelques années plusieurs tomes de la série écrite et dessinée par Jacques Tardi sans en conserver un souvenir aussi impérissable que Luc Besson que la passion pour cette BD a longtemps motivé pour en acquérir les droits et finalement l'adapter pour la réaliser lui-même.

En m'informant avant de revoir ce long métrage, j'ai appris ainsi que Tardi (qui fait une apparition dans le film, à la fin, parmi les passagers embarquant sur le Titanic) avait d'abord songé à baptiser son héroïne Adèle Rabat-Joie... Et cela m'a fait sourire car il semble bien que les critiques, même si elles ont été globalement plus clémentes avec Besson à cette occasion, exprimèrent leur enthousiasme du bout des lèvres, comme pour ne pas avouer que le résultat était franchement plaisant.

Moi-même, je ne suis plus client de Besson depuis longtemps, quoique j'admets avoir aimé son cinéma à l'époque de Subway (1985) puis de Nikita (1990), Léon (1994) et Le Cinquième Elément (1997). Après, j'ai progressivement lâché l'affaire, avec le sentiment que le cinéaste se muait en entrepreneur, distribuant des ersatz de scénarios à d'autres réalisateurs pour des résultats souvent affligeants. Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec fut une agréable surprise quand je le vis en salles, et aujourd'hui j'attends avec un mélange d'appréhension et de curiosité son Valérian et la cité des mille planètes d'après Christin et Mézières (sortie prévue en 2017).

N'ayant donc pas un souvenir précis de la BD de Tardi, je ne saurai dire si ce qu'en a tiré Besson est fidèle (il semble avoir pris de nombreuses libertés tout en s'inspirant principalement des quatre premiers tomes de la série). Mais je crois que s'il avait intitulé sa production sans citer l'héroïne ou en la renommant, bien des commentateurs auraient été moins sévères.

Le script, comme souvent chez Besson, est assez lâche, décousu, animant moins des personnages bien caractérisés que des caricatures. Le cinéaste a préféré se faire plaisir en convoquant certains éléments de la série, reconstituant à grands frais et grâce aux effets spéciaux le Paris de 1912 : sur ce plan technique, il est difficile de reprocher quoi que ce soit au réalisateur, le seul capable en France à pouvoir rivaliser avec le faste des productions de Hollywood. La photographie de Thierry Arbogast (son fidèle chef op') est superbe, les costumes magnifiques, le tout est emballé avec beaucoup de rythme (105 minutes).

Ce qui déconcerte davantage est la loufoquerie de l'ensemble et les multiples clins d'oeil : les aventures d'Adèle ressemblent beaucoup à celles d'Indiana Jones, avec lequel elle partage un tempérament intrépide mais plus insolent. C'est une héroïne typiquement "bessonienne", et il n'est pas étonnant qu'il en ait confié l'interprétation à une quasi-débutante à l'époque, fidèle à sa réputation de Pygmalion : bonne pioche au demeurant puisque Louise Bourgoin est impeccable, houspillant sans cesse tous les hommes qui se dressent sur sa route, ne jouant jamais sur la séduction tout en étant d'une beauté fracassante (comme je l'ai lu un jour, "c'est un vrai avion de chasse", formule parfaite et évocatrice). 

Autour de cette étoile, les hommes sont des satellites existant difficilement, autant parce qu'ils ne peuvent rivaliser que parce qu'ils sont écrits plus grossièrement. L'humour de Besson est parfois franchement affligeant et du coup les comédiens, même les plus habiles, ne peuvent rien faire pour défendre leur partition. Il y a pourtant du beau monde au générique : Gilles Lellouche, Mathieu Amalric, Jean-Paul Rouve, tous méconnaissables sous d'épais maquillages, d'ostentatoires prothèses et autres postiches. Quand un garçon se présente sous un aspect normal, on est presque surpris, mais aussi plus convaincu car on mesure que ces artifices ne sont pas nécessaires pour que le film ait l'air d'une bande dessinée "live".

Remarquée par Besson à la présentation de la météo du "Grand Journal" (où son passage marqua les mémoires et ne fut jamais égalé) puis dans La fille de Monaco de Anne Fontaine (où déjà elle faisait tourner la tête de Fabrice Luchini et Roschdy Zem), Louise Bourgoin est l'attraction du long métrage : préférée à Sylvie Testud, elle livre une prestation explosive, pleine de fantaisie (la scène des déguisements à la prison de la Santé). Elle est trop sexy par rapport au personnage de Tardi mais qu'importe ! Sans elle, tout ça n'aurait pas eu la même saveur.

Appelez ça un "plaisir coupable" ou reconnaissez simplement que Les aventures d'Adèle Blanc-Sec est juste un bon divertissement, mais ne vous pincez pas le nez : Luc Besson s'est amusé et son plaisir est communicatif. Il n'y a rien d'honteux à ça, et si Tardi est détourné, il n'a pas exprimé de reproches, ce qui prouve que parfois les fans sont plus intégristes que les auteurs.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire