CASSE-TÊTE CHINOIS est un film écrit et réalisé par Cédric Klapisch. Il s'agit de la suite de L'Auberge espagnole (2002) et Poupées russes (2005).
La photographie est signée Natasha Braier. La musique est composée par Loïc Dury et Christophe Minck.
Dans les rôles principaux, on trouve : Romain Duris (Xavier), Audrey Tautou (Martine), Cécile de France (Isabelle), Kelly Reilly (Wendy), Sandrine Holt (Ju), Li Jun Li (Nancy), Flore Bonaventura (Isabelle la baby-sitter), Dominique Besnehard (l'éditeur de Xavier), Benoît Jacquot (le père de Xavier).
Xavier(Romain Duris)
De nos jours, de Paris à New York. Xavier aborde difficilement le cap de la quarantaine. Il réside actuellement à New York où il achève la rédaction d'un nouveau roman dont il parle, via Skype, avec son éditeur parisien. L'occasion de faire le point sur l'année écoulée et ce qui l'a conduit ici...
Martine et Xavier(Audrey Tautou et Romain Duris)
Avant cela, Xavier vivait à Paris en couple avec Wendy, l'anglaise rencontrée onze ans auparavant lorsqu'ils étaient étudiants et co-locataires à Barcelone dans le cadre du programme universitaire européen Erasmus (voir L'Auberge espagnole) et dont il avait demandée la main lors du mariage du frère de la jeune femme à Moscou il y a cinq ans (voir Poupées russes). Ils sont maintenant les parents de deux enfants.
Nancy et Xavier(Li Jun Li et Romain Duris)
Mais de retour d'un déplacement professionnel à New York, Wendy annonce à Xavier son intention de divorcer car elle a eu une liaison avec un homme d'affaires là-bas. Pire : elle veut partir en emmenant leurs enfants. Ne pouvant se résoudre à cette situation, Xavier s'envole à son tour pour "la Grosse Pomme".
Xavier et ses enfants
Sur place, il est d'abord hébergé par une autre de ses amies rencontrée à Barcelone, la lesbienne belge Isabelle, en couple avec Ju, une agent immobilier asiatique, qu'il a aidées à avoir leur premier enfant - geste désintéressé mais qui a déplu à Wendy, surtout qu'il a accepté de reconnaître le bébé.
Xavier et Wendy(Romain Duris et Kelly Reilly)
Pour l'aider dans les procédures (de son divorce mais aussi pour son titre de séjour), Xavier fait appel à un avocat au rabais mais débrouillard qui lui conseille de trouver un boulot "au noir" et de contracter un mariage "en blanc". Il décroche un job de coursier et épouse Nancy, la nièce d'un chauffeur de taxi qu'il a conduit à l'hôpital après une bagarre avec un livreur.
Xavier et Isabelle(Romain Duris et Cécile de France)
Tant bien que mal, les choses s'arrangent pour Xavier : lui et Wendy se séparent à l'amiable. Et il revoit entretemps Martine, son premier amour, venue à New York, avec ses enfants, pour conclure un contrat commercial. Comme lui, elle est célibataire et s'interroge sur son avenir sentimental. Ils couchent à nouveau ensemble, une première fois pour le plaisir, puis une deuxième en se rendant compte qu'ils s'apprécient encore et mieux.
Isabelle, Xavier, Wendy et Martine
Cela sera-t-il suffisant pour que Xavier demande à Martine de rester avec lui à New York, tandis qu'Isabelle a une liaison avec sa baby-sitter, que Wendy va se re-marier, et que les services de l'immigration continuent à enquêter pour savoir s'il vit bien avec Nancy ?
A sa sortie (qui fut accueillie par des critiques globalement bienveillantes et un joli succès public), Cédric Klapisch (et ses acteurs) laissa planer le mystère sur l'avenir des aventures de son héros : Casse-tête chinois était-il vraiment le dernier chapitre d'une trilogie ? Ou la porte restait-elle ouverte pour un quatrième épisode (qui se déroulerait vraisemblablement avec des personnages plus âgés et ne serait pas tourné avant un certain temps donc) ?
Si cela devait se terminer là, après l'excellent L’auberge espagnole (2002) et le plus inégal Poupées russes (2005), alors, même si on quitterait Xavier et ses amies à regret, ce volet serait une conclusion exemplaire. Après avoir saisi le passage à l'âge adulte de son héros puis son entrée dans la vie d'homme à la trentaine, Cédric Klapish explore cette fois-ci le cap de la quarantaine avec la même subtilité et la même justesse au travers de personnages qu'il réussit à ne jamais juger, en ne dissimulant jamais leurs faiblesses mais sans non plus les accabler.
Cette bienveillance qui a souvent accompagné le cinéma du réalisateur, le mélange de tendre gravité et de chaleureuse complicité au coeur de sa trilogie en particulier, expliquent leur succès dans une filmographie variée, parfois déconcertante mais aux audaces assumées. Si le premier chapitre enthousiasmait par sa tonicité, le deuxième pêchait par un scénario plus lâche comme si Klapisch perdait le fil (ce qui correspondait aussi avec les doutes existentiels de Xavier), mais Casse-tête chinois parvient non seulement à renouer avec l'énergique fraîcheur des débuts tout en profitant de la maîtrise narrative et visuelle acquise par l'auteur. Il est à la fois plus drôle, plus dynamique, plus émouvant.
Ainsi évite-t-il les écueils en ne filmant pas New York comme une carte postale (en voix off, Xavier explique fort bien que cette ville fantasmée pour ses gratte-ciel s'apprend d'abord quand on y débarque au ras du bitume, le nez levé), et surtout il a su faire intelligemment évoluer les relations entre ses personnages, dont il n'a gardé que le noyau dur avec le quatuor Xavier-Martine-Isabelle-Wendy : on les retrouve comme des amis, familiers, avec qui on a grandi, vieilli, éprouvant pour eux la même affection. Que Romain Duris (toujours impeccable), Audrey Tautou (d'un charme fou), Cécile de France (aussi fougueuse qu'autrefois) et Kelly Reilly (parfaite dans le rôle le plus ingrat) soient encore présents contribue évidemment énormément au plaisir ressenti.
La sincérité avec laquelle le cinéaste évoque ce nouvel âge où devenu parent, on s'est résigné à ne plus penser qu'à soi tout en souhaitant ne pas renoncer à l'amour (ce qui prend ici bien des formes : l'infidélité d'Isabelle pourtant heureuse mais ne résistant pas à la séduisante baby-sitter jouée par Flore Bonaventura, les retrouvailles de Xavier et Martine, l'embourgeoisement assumée de Wendy, le mariage blanc avec Nancy) est touchante. Il le met en scène avec inventivité (une séquence d'animation par-ci, des effets de montage ingénieux et bien dosés par-là), au son de la bande originale irrésistiblement entraînante de Loïc Dury et du DJ Christophe Minck.
Klapisch a d'autant plus de mérite qu'il reconnaît avoir tourné sans savoir ce que cela donnerait, à cause de conditions de tournage cauchemardesque (dues aux tracasseries des services municipaux de New York, des syndicats de techniciens locaux, et, comble du comble, du passage le 21 Octobre 2012 du cyclone Sandy qui balaya la ville pendant une semaine, empêchant donc toute prise de vue - mais permettant à Audrey Tautou de réviser son chinois).
La fin est très touchante et élégante : "à quoi tu penses ?" demande Martine à Xavier. "A la vie." répond-il. Et alors nous pensons aussi aux années passées en compagnie de ces personnages.
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