jeudi 23 mars 2017

MONEY MONSTER, de Jodie Foster (2016)


MONEY MONSTER est un film réalisé par Jodie Foster.
Le scénario est écrit par Jamie Linden, Jim Kouf et Alan DiFiore. La photographie est signée Matthew Libatique. La musique est composée par Dominic Lewis.


Dans les rôles principaux, on trouve : George Clooney (Lee Gates), Julia Roberts (Patty Fenn), Jack O'Connell (Kyle Budwell), Caitriona Balfe (Diane Lester), Dominic Cooper (Walt Camby), Giancarlo Esposito (capitaine Marcus Powell).
 Lee Gates
(George Clooney)

Lee Gates est le flamboyant animateur de "Money Monster", une émission d'expertise financière sur la chaîne FNN. Après avoir annoncé la perte de 800 millions de dollars subie par l'entreprise IBIS suite à un bug informatique, il promet aux téléspectateurs une interview exclusive en direct avec le PDG Walt Camby pour expliquer la situation aux investisseurs.
Kyle Budwell et Lee Gates
(Jack O'Connell et George Clooney)

C'est alors que surgit sur le plateau de l'émission Kyle Budwell, un jeune livreur, qui dégaine un pistolet automatique et oblige Lee à enfiler un gilet équipé d'une bombe artisanale dont il tient le détonateur dans son autre main. Il explique avoir perdu toutes ses économies - 60 000 $ - en suivant ses conseils et exige de parler à Walt Camby qu'il tient pour l'autre responsable de sa ruine. 
Patty Fenn
(Julia Roberts)

Avec l'aide de sa productrice, Patty Fenn, en régie, Lee tente de raisonner Kyle et joint la directrice de la communication d'IBIS, Diane Lester. Mais le baratin qu'elle leur sert ne fait qu'enerver davantage le jeune homme. Diane devine, elle aussi, que les pertes de la compagnie n'ont pas été causées par un banal problème technique et tente alors de trouver un programmeur pour lui expliquer ce qui s'est vraiment passé. 
Kyle Budwell

La police a investi le quartier et le studio pour évacuer les civils et le personnel de l'émission puis maîtriser le preneur d'otages tandis que Lee devient compatissant avec lui et cherche, lui aussi, à comprendre ce que cache visiblement IBIS. Grâce aux recherches effectuées par Patty et l'équipe en régie, dans les archives concernant les mouvements de capitaux et les déplacements professionnels de Walt Camby, il apprend que ce dernier a soudoyé des mineurs en Afrique du Sud pour provoquer une grève, qui a fait baisser le prix des actions, puis leur faire reprendre le travail.  
Walt Camby et Diane Lester
(Dominic Cooper et Caitriona Balfe)

Mais le leader des grévistes, Moshe Mambo, a refusé ce deal et continué à bloquer les mines, entraînant les pertes records d'IBIS - et la faillite de nombreux investisseurs, comme Kyle qui avait acheté des actions à bas prix au plus fort de la crise sud-africaine. Lee entraîne le jeune homme jusqu'au siège de la compagnie où se terre Camby. 
Lee Gates et Kyle Budwell

Sous la menace et confronté aux preuves de ses malversations, Camby est forcé de reconnaître ses torts. Kyle a obtenu les excuses qu'il voulait et baisse les armes. La police en profite alors pour l'abattre. Patty retrouve Lee, ébranlé par les événements et dans ses convictions, tandis que le JT annonce l'ouverture d'une enquête sur les activités d'IBIS.

Présenté (hors compétition) au festival de Cannes l'an passé, ce thriller malin et très efficace a surpris car il était emballé avec vigueur par Jodie Foster, qu'on n'attendait pas dans ce genre de film. La vérité est que cette géniale actrice se fait rare devant la caméra et a connu des difficultés à monter des projets plus personnels comme réalisatrice, tout en continuant à perfectionner sa mise en scène à la télé (elle a signé notamment des épisodes de la série Orange is the new black).

De cette commande, produite par Smokehouse, la société de George Clooney, elle s'est emparée pour livrer un divertissement très plaisant mais qui aborde, comme elle et son comédien l'apprécient, une réflexion engagée sur la société actuelle. L'histoire aborde les ravages de la spéculation financière avec un regard très critique que la réalisation simple et rythmée sert parfaitement. C'est une option payante pour ne pas noyer le spectateur sous un jargon trop technique et recentrer le sujet sur le drame humain vécu à la fois par le jeune preneur d'otages, qui a conscience de l'aspect suicidaire de son geste, mais aussi par le présentateur télé, qui est confronté au cynisme de son show

A cause d'un simple bug informatique, les actions d'une grande entreprise s'effondrent brutalement, mais pour Lee Gates, cette info n'est qu'une ligne supplémentaire sur son prompteur. En revanche, pour Kyle Budwell, et à travers lui tous ces américains moyens qui boursicotent pour espérer arrondir leurs fins de mois, c'est une tragédie. A l'heure où l'argent est dématérialisé, Money Monster rappelle avec à-propos que les magouilles financières enrichissent les puissants en dépouillant les quidams.

Le film respecte le cahier des charges d'une production bien calibrée, avec son casting mêlant stars reconnus - George Clooney est excellent en animateur arrogant qui se voit contraint de réviser son système de pensée, Julia Roberts est parfaite en productrice solidaire mais aussi ambivalente quand elle se rend compte du potentiel spectaculaire du drame qui se joue en direct - et révélation - Jack O'Connell électrise par sa présence ce rôle de chien fou dépassé par son action. Le récit progresse dans un crescendo intense, aux rebondissements bien dosés, avec une intrigue qui est racontée avec un souci permanent de clarté.

Mais Money Monster est surtout une réussite pour la qualité de sa parabole : Foster reste mesurée tout en refusant les concessions, en évitant tout manichéisme. Personne n'est tout blanc ni tout noir dans cette affaire, aucune réponse n'est facile, le dénouement laisse un goût amer. Et c'est parce que chacun joue sa partition avec un métier et un plaisir évidents, que la tension monte sans faillir, qu'on ne décroche jamais, qu'on vibre pour les protagonistes. 

Le film est un hommage au travail d'investigation mais aussi une fable cruelle sur la monstruosité cynique des médias et de ceux qui la regardent : la télé transforme tout en un show, le public est captivé dans un mélange équivoque de compassion et de gourmandise. A la fin, la vie reprend : dans un bar, des clients rivés à l'écran reprennent leur partie de baby-foot. Et déjà Kyle Budwell est oublié. Glaçant.  

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