jeudi 16 mars 2017

MIDNIGHT SPECIAL, de Jeff Nichols (2016)


MIDNIGHT SPECIAL est un film écrit et réalisé par Jeff Nichols.
La photographie est signée Adam Stone. La musique est composée par David Wingo.


Dans les rôles principaux, on trouve : Jaeden Lieberher (Alton Meyer), Michael Shannon (Roy Tomlin), Joel Edgerton (Lucas), Kirsten Dunst (Sarah Tomlin), Adam Driver (Paul Sevier), Sam Shepard (Calvin Meyer).
 Roy Tomlin, Alton Meyer et Lucas
(Michael Shannon, Jaeden Leiberher et Joel Edgerton)

Cachés dans un motel au Texas, Roy Tomlin et son meilleur ami, Lucas, découvrent à la télévision qu'une alerte enlèvement a été lancée pour les retrouver, eux et le fils biologique de Roy, Alton. La garçon de huit ans a été ravi à Calvin Meyer, gourou d'une secte convaincu qu'il est une sorte de messie.
Calvin Meyer
(Sam Shepard)

Le F.B.I. procède à l'arrestation de tous les membres de cette congrégation pour être interrogés sous la supervision d'un analyste opérationnel de la N.S.A., Paul Sevier. Ce dernier a constaté que la garçon intercepte des communications satellitaires codées, mais sans comprendre comment ni pourquoi. 
Alton et Roy

Après une halte chez Elden, ancien membre de la secte, qui a échafaudé une théorie sur les pouvoirs d'Alton, et à une station-service, où les facultés du garçon se sont manifestées sous la forme d'une crise spectaculaires ayant provoqué le crash d'un satellite de surveillance, Roy et Lucas le conduisent jusqu'à sa mère, Sarah, elle aussi ayant un temps appartenu à la congrégation.  
Alton et Sarah
(Jaeden Lieberher et Kirsten Dunst)

Avec ses parents et leur complice, Alton reprend sa fuite mais il est de plus en plus faible au point d'être pris de nausées, ce qui oblige Lucas à se ranger sur le bas-côté d'une route en pleine nuit. Le garçon convainc son père de lui faire traverser une forêt jusqu'au lever du soleil, après quoi il ira mieux. Sarah et Lucas continuent leur voyage à bord de leur van, en direction d'un motel où ils donnent rendez-vous à Roy.  
L'autre monde

Au petit matin, tandis que le jour apparaît, les yeux d'Alton émettent d'aveuglants faisceaux lumineux et un énorme dôme doré et translucide les entoure, lui et son père. Ils rejoignent ensuite le motel où le garçon explique posément à sa mère et Lucas qu'il appartient à un autre monde dont les habitants viendront le récupérer dans deux jours, le 6 Mars. 
Alton

Deux membres armés de la secte, à leurs trousses depuis le début, piègent la famille et enlèvent Alton à sa mère. Mais leur fuite est stoppée quelques miles plus loin quand leur véhicule est stoppée par l'armée. Le garçon est emmené dans une base secrète où il exige de parler à Paul Sevier, et seulement lui. Impressionné, le jeune analyste s'arrange pour organiser leur évasion.
Paul Sevier
(Adam Driver)

Sevier contacte Roy et lui rend son fils. Il s'agit maintenant, selon les instructions d'Alton, de gagner un marais et, pour cela, ils empruntent la route la moins bien gardée, avant que Sarah n'accompagne son fils tandis que Lucas et Roy font diversion en entraînant l'armée à leurs trousses plus loin. Un nouveau dôme lumineux apparaît, engloutissant le Floride et les Etats voisins et faisant ensuite surgir de terre de gigantesques structures futuristes. Des êtres phosphorescents entourent Alton et disparaissent avec Alton et leurs édifices.
Sarah

Lucas, arrêté, est interrogé par Sevier. Sarah échappe aux autorités. Roy, menotté, est incarcéré après avoir contemplé le coucher du soleil, un sourire apaisé aux lèvres.

Pour son quatrième film (après Shotgun Stories, Take Shelter et Mud, qui lui ont valu une réputation de nouveau prodige du cinéma américain), Jeff Nichols signait avec Midnight Special son oeuvre la plus aboutie et ambitieuse. Il y joue brillamment avec les codes de la S.F. dans une forme d'hommage aux classiques du genre des années 70-80 (en particulier Rencontres du 3ème type, de Spielberg, 1977).

Construit comme un road movie, dont l'action se déroule majoritairement la nuit jusqu'au dernier acte diurne, cette étrange cavale alterne action et mélancolie, mêle grand spectacle et drame familial intimiste, de manière à la fois intense, suggestive et poétique, jusqu'au final à la fois mystérieux et merveilleux.

Au-delà des effets spéciaux (par ailleurs souvent volontairement artisanaux, comme un nouveau rappel aux influences du cinéaste, avant l'avènement du numérique), l'histoire explore le thème fétiche de Nichols : l'amour filial marqué du sceau des inquiétudes, avec un père accompagnant, fataliste mais déterminé, l'émancipation de son fils qu'il veut à la fois ouvrir au monde et protéger du chaos. Il y est aussi question de foi - celle qu'on place en un enfant de grandir seul, mais aussi celle d'une secte convaincue d'avoir trouvé son messie, d'agents fédéraux et de militaires de cibler une arme fantastique.

Le rythme du film révèle sa structure organique : bien qu'en mouvement quasi-constant (à cause de la fuite même des Tomlin), il s'accorde des pauses, moins dévouées à formuler la situation, ses antécédents, ses suites, qu'à offrir des respirations pour les protagonistes et le spectateur. Ainsi est-on invité à accepter une intrigue dont l'auteur refuse de nous donner toutes les clés pour nous laisser la possibilité d'en interpréter les possibles. Subtilement, l'ensemble change de registre, d'ampleur, alors même que l'histoire est une course contre la montre.

Nichols appuie sur l'accélérateur puis lève le pied, magistralement, tantôt circulant sur des voies rapides et familières (avec un suspense tendu, des hypothèses multiples, des rebondissements fréquents), tantôt empruntant des chemins détournés (une halte catastrophe dans une station-service, un détour digne d'un conte dans une forêt jusqu'à une aube irradiée, la fin du parcours dans un bayou). Et il aboutit à un dénouement étonnant, à la fois déchirant et apaisé, où la perte a tout d'une bataille gagnée.

Les acteurs sont tous formidables, participant à l'envoûtement : Michael Shannon est très touchant en père aimant jusqu'au sacrifice, Joel Edgerton parfait en ami dépassé et ébahi, Kirsten Dunst tendre et étrangement sereine, et le gamin, Jaeden Lieberher, est fascinant.

Laissez-vous, comme eux, embarquer dans cette aventure dont les aspects les plus nébuleux sont en vérité une invitation à laisser notre émerveillement l'emporter.

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