vendredi 17 mars 2017

NEW YORK MELODY, de John Carney (2013)


NEW YORK MELODY (Begin Again) est un film écrit et réalisé par John Carney.
La photographie est signée Yaron Orbach. La musique est composée par Gregg Alexander.


Dans les rôles principaux, on trouve : Keira Knightley (Gretta James), Mark Ruffalo (Dan Mulligan), Adam Levine (Dave Kohl), Hailee Steinfeld (Violet Mulligan), James Corden (Steve), Mos Def (Saul), Catherine Keener (Miriam Hart).
 Violet et Dan Mulligan
(Hailee Steinfeld et Mark Ruffalo)

Dan Mulligan est un producteur musical sur le déclin, qui a sacrifié sa vie privée pour son boulot : il est désormais divorcé de Miriam et entretient des rapports difficiles avec sa fille adolescente, Violet. Après une dispute avec son associé Saul, qui a fondé un label avec lui, il décide de se retirer de leurs affaires en jurant qu'il trouvera un artiste prometteur à signer pour se relancer.
Gretta James et Steve
(Keira Knightley et James Corden)

C'est ainsi qu'un soir, dans un bar du Lower East Side de New York, il remarque Gretta James, poussée sur scène par son ami musicien Steve. En l'écoutant chanter, Dan imagine tout de suite les arrangements qu'il pourrait apporter à sa composition et le potentiel artistique et commercial de la jeune femme. Il l'aborde et lui remet sa carte, mais elle se montre aussi méfiante que peu enthousiaste à l'idée d'être récupérée ainsi. 
Gretta James et Dave Kohl
(Keira Knightley et Adam Levine)

Gretta se trouve, elle aussi, dans une mauvaise passe et projette de rentrer en Angleterre. Elle a accompagné en Amérique son fiancé, Dave Kohl, repéré par un gros label. Après lui avoir offert une chanson, elle découvre qu'il l'a enregistrée en modifiant l'orchestration et la tonalité puis qu'il l'a trompée avec une musicienne en tournée. Elle a alors trouvé refuge chez Steve qui l'encourage à contacter Dan. 
Live dans les rues de New York

Saul refusant de miser sur cette inconnue, Dan convainc Gretta de produire ses chansons de manière originale, en recrutant des musiciens tentés par l'aventure d'enregistrer en direct dans chaque quartier de New York, dans la rue. Un orchestre se forme et les prises de son sont réalisés dans des conditions souvent aléatoires mais favorisant la spontanéité. 
Gretta, Violet et Dan

Présentée à Violet, Gretta permet à Dan de se rabibocher avec elle en lui offrant de jouer elle aussi sur un de ses titres. C'est alors que Dave revient à New York et obtient un rendez-vous avec elle, histoire de faire le point sur leur relation. Il lui fait écouter son premier album qu'elle critique franchement en lui reprochant d'être trop commercial. Dave invite tout de même Gretta à assister au concert qu'il donne au Gramercy Theater.
Dan et Gretta

Assistant au spectacle depuis la coulisse, Gretta s'éclipse avant la fin. Dan retourne vivre avec sa femme et leur fille lorsque Gretta, réticente à l'idée d'être distribuée par un label qui voudra retoucher à ses chansons et dénaturer leur projet, le convainc de diffuser sa musique directement sur Internet. Les ventes décollent rapidement, confirmant l'intuition de la jeune femme et assurant un nouveau succès à son producteur.

Après avoir été remarqué avec un premier film déjà très musical (Once, 2006), John Carney a, comme son héroïne, tenté l'aventure américaine et investit New York pour cette comédie romantique. Bien que ses comédiens en aient assuré la promotion le sourire aux lèvres, le tournage a pourtant été le théâtre d'un conflit entre le cinéaste et sa vedette féminine (qui semble lui avoir été imposée, elle-même cherchant un rôle positif, et dont il a déploré le manque de talent comme actrice et chanteuse). Cette mésentente a indéniablement laissé des traces sur le résultat, très inégal.

Sous sa légèreté apparente, il est pourtant, ironiquement, question de reconstruction, de nouveau départ pour les deux héros : elle, jeune anglaise victime d'un mufle infidèle et voleur ; lui, en pleine middle-life crisis impuissant à reprendre en main sa carrière et sa vie familiale. Comment ces deux paumés vont-ils pouvoir se sauver l'un l'autre ?

La question se transforme pourtant rapidement en : comment John Carney va-t-il pouvoir sauver son film ? La réponse est simple : il ne le pourra pas. 

Il est toujours tentant de réécrire un scénario quand on constate rapidement à quel point son auteur fait fausse route. Imaginons par exemple qu'en lieu et place d'une inconnue miraculeusement douée remarquée dans un bar Dan Mulligan découvre sa propre fille se produisant lors d'une soirée "scène ouverte". Il est stupéfait par son talent et tente de la produire, saisissant ainsi une opportunité de se réconcilier avec elle. Le récit devient à la fois plus fluide, plus fort, et, sinon débarrassé de nombreux poncifs, en tout cas propice à un développement plus touchant. 

Si Carney arrive ensuite à diriger Mark Ruffalo en l'empêchant d'en faire des caisses dans le registre du papa loser, mal rasé et hirsute, et qu'il dispose de Hailee Steinfeld (la gamine révélée dans True Grit des frères Coen, et qui a, à tous points de vue, bien grandi - elle est ravissante, chante très bien, joue toujours aussi juste) pour lui donner la réplique, Begin Again a tout pour ne pas être ce produit mal fichu.
Ah ! Si seulement  Hailee Steinfeld avait eu le premier rôle...

Plombé par les minauderies horripilantes de Keira Knightley (que certains, à ses débuts, n'hésitèrent pas à comparer à une - énième - nouvelle Audrey Hepburn...) et le casting hasardeux d'Adam Levine (chanteur du groupe Maroon 5, dont le bêlements sont aussi pénibles que sa première prestation comme comédien est insipide), le film souffre aussi de seconds rôles sont à peine esquissés et convenues au possible (le bon copain campé par l'animateur de late shows James Corden, Catherine Keener et Mos Def sans rien à défendre). La mise en scène s'appuie sur des prises de vue caméra à l'épaule, supposées sans doute traduire la spontanéité des enregistrements "sauvages" des héros (une idée prometteuse, mais superficiellement traitée sous forme de vignettes) et donner un aspect faussement documentaire à une production pourtant très formatée dans son intrigue (le retour du fiancé culpabilisant).

Carney nous épargne (de justesse) une romance entre Gretta et Dan (bien qu'ils échangent des regards troublés), mais cela ne suffit pas pour éviter à New York Melody le pire des écueils pour un film de ce genre : sonner faux.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire