BLUE VALENTINE est un film réalisé par Derek Cianfrance.
Le scénario est écrit par Derek Cianfrance, Cami Delavigne et Joey Curtis. La photographie est signée Andrij Parekh. La musique est composée par Grizzly Bear.
Dans les rôles principaux, on trouve : Ryan Gosling (Dean Perreira), Michelle Williams (Cindy Heller-Perreira), Faith Wladyka (Frankie Perreira), Mike Vogel (Bobby Ontario), John Dorman (Jerry Heller), Jen Jones (la grand-mère de Cindy), Ben Shenkman (Dr. Sam Feinberg).
Cindy et Dean(Michelle Williams et Ryan Gosling)
Dean Perreira est déménageur dans une entreprise de Brooklyn. Cindy Heller est étudiante en médecine et vit dans une famille en crise (ses parents se disputent constamment et elle seule prend soin de sa grand-mère). Dean rencontre Cindy dans la maison de soins où séjourne sa grand-mère alors qu'il vient de livrer les meubles d'un nouveau locataire.
Dean Perreira(Ryan Gosling)
Après quelques rendez-vous, à l'initiative du jeune homme, Cindy annonce à Dean qu'elle est enceinte mais elle ignore s'il est le père de l'enfant qu'elle porte car elle fréquentait un autre garçon, Bobby Ontario, quand elle l'a rencontré.
Cindy Heller(Michelle Williams)
Dean accompagne Cindy à la clinique lorsqu'elle décide d'avorter, mais elle se ravise au début de la procédure. Dans le bus qui les ramène chez elle, il choisit d'assumer cette paternité et demande à Cindy de fonder un foyer avec lui. Lorsque Bobby apprend leur liaison, il découvre où travaille Dean et va lui casser la figure par dépit amoureux.
Cindy et Dean
Cinq ans plus tard, le couple s'est installé en Pennsylvanie, près du père de Cindy, malade et veuf. Elle travaille comme infirmière dans une clinique, il est devenu peintre en bâtiment, et leur fille Frankie s'inquiète de la disparition soudaine de son chien - sa mère le découvrira écrasé sur la route mais le cachera à l'enfant pour ne pas lui causer de chagrin tandis que son père l'enterrera dans leur jardin.
Dean et Cindy
Après avoir croisé Bobby Ontario dans un supermarché, Cindy se dispute une énième fois avec Dean. Il tente toutefois de recoller les morceaux entre eux en profitant d'une invitation dans un hôtel où ils passeront la nuit en laissant leur fille à son grand-père. Mais la soirée se passe mal : Cindy reproche à Dean d'avoir renoncé à exploiter ses talents alors que lui estime s'être épanoui dans son rôle de père et de mari, même s'il ne comprend plus pourquoi sa femme le repousse.
Cindy et Dean
Le lendemain matin, Dean se réveille seul et avec la gueule de bois à l'hôtel mais trouve un mot de Cindy, rappelée à la clinique pour remplacer une collègue. Il la retrouve là-bas et provoque une scène de ménage, s'en prenant violemment au médecin qu'il soupçonne d'être l'amant de sa femme. De retour chez le père de Cindy, elle lui annonce son intention de divorcer. Dévasté, il jure de se racheter mais il est trop tard. Il s'en va alors que sa fille tente de le retenir.
C'est avec ce premier long métrage, produit par ses deux comédiens, que Derek Cianfrance s'est fait remarquer au festival de Sundance. Le cinéaste s'inscrivait dans la tradition du cinéma indépendant, bénéficiant de peu de moyens, mais s'inspirant des méthodes d'un John Cassavettes, en poussant ses interprètes à improviser et en filmant en lumière naturelle et une caméra très mobile pour saisir la vérité et l'urgences des situations.
Si, esthétiquement donc, le résultat souffre un peu de ces contraintes budgétaires, Cianfrance évoque étonnamment un autre film au thème et à la narration éclatée comme le sien : on pense dans ce va-et-vient entre passé et présent pour raconter la lente et inexorable désagrégation d'un couple au superbe Voyage à deux de Stanley Donen (1967).
A cinq ans d'intervalle, le cinéaste et ses scénaristes exposent, sans vraiment l'expliquer, le gouffre qui s'est creusé entre les amants idylliques du début et le mari et la femme au bord de l'implosion aujourd'hui, l'amertume qui a englouti les sentiments aériens. Blue Valentine exploite habilement son dispositif fragmenté pour souligner ce contraste cruel sans montrer ce qui s'est produit entretemps pour que l'échec soit aussi consommé. C'est un peu frustrant mais intense.
On peut imaginer que la relation de Dean et Cindy a sombré d'abord à cause des milieux sociaux dont ils sont issus : elle vient de la classe moyenne et la maternité l'a empêchée d'accomplir la carrière de médecin qu'elle ambitionnait, il est un prolétaire qui n'avait pas prévu d'être mari et père et ni lui ni le spectateur ne saura jamais si sa fille qu'il aime plus que tout est vraiment la sienne. Tout cela a fini par remonter à la surface et éclater aux visages du couple, les condamnant à la séparation après moult crises.
L'interprétation vibrante de Michelle Williams sert un personnage peu aimable en vérité, déjà un peu triste au temps le plus joyeux de la romance mais dénué ensuite de compassion quand le désamour l'a emporté. Face à elle, Ryan Gosling exprime avec force le désenchantement dans une composition poignante, passant du gentil garçon charmeur à l'époux frustré qui noie son incompréhension dans l'alcool (avec une transformation physique à la clé puisqu'il affiche une calvitie, une moustache et des lunettes qui effacent toute séduction).
Malgré quelques longueurs (la séquence pathétique sur fond de règlements de comptes dans la chambre "futuroscope" de l'hôtel) et une insistance un peu sadique à faire endosser le poids du désastre à cet homme qui n'a que son amour pour excuse, Blue Valentine est un mélodrame intimiste, cruel et mélancolique de qualité, dont l'auteur confirmera les promesses par la suite (le magistral The Place beyond the pines et le plus inégal La Vie entre deux océans).
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