GALIA est un film réalisé par Georges Lautner.
Le scénario est écrit par Georges Lautner et Vahé Katcha, d'après son roman. La photographie est signée Maurice Fellous. La musique est composée par Michel Magne et Jean-Sébastien Bach.
Dans les rôles principaux, on trouve : Mireille Darc (Galia), Françoise Prévost (Nicole), Venantino Venantini (Greg), Jacques Riberolles (Matik), François Chaumette (Wespyr).
Galia, 25 ans, native d'Etretat, vit et travaille à Paris comme décoratrice étalagiste, ce qui lui assure un train de vie confortable. Célibataire, elle accumule les aventures sans lendemain avec les hommes, son seul ami fidèle est Matik, originaire de la même ville qu'elle, qui tente de percer comme comédien dans une troupe de théâtre.
Un soir qu'elle se promène sur les quais de Seine, Galia sauve de la noyade Nicole qui voulait tenter de se suicider. Elle la ramène chez elle où elle l'interroge sur les raisons de son geste : c'est une femme mariée à un riche bijoutier infidèle et souvent absent, prénommé Greg. De dix ans plus âgée que Galia, Nicole est encore très belle et la joie de vivre de son hôtesse la réconforte même si elle se demande quelle est la réaction de son époux depuis sa disparition.
Galia
Galia prend Greg en filature et constate qu'il ne semble pas du tout affecté par l'absence de Nicole, restée chez la jeune femme. Ensuite, elle l'aborde et l'homme, charmé, lui propose de se revoir. Galia accepte puis rapporte à Nicole la situation qui l'autorise à aller plus loin pour éprouver les sentiments de son mari tout en mettant en garde son amie.
Greg
(Venantino Venantini)
Greg et Galia
Galia et Greg
Wespyr
(François Chaumette)
Que vaut vraiment Georges Lautner ? Avec Galia, la réponse la plus évidente (c'était un faiseur au service de stars pour des comédies policières aujourd'hui multi-rediffusées à la télé) se trouble car ce film est une oeuvre résolument à part dans son oeuvre, assurément son opus le plus original et abouti mais, hélas ! aussi un de ses moins connus (même si, à sa sortie en 1966, il provoqua un scandale à cause des réactions indignées de l'église catholique - serait-ce si différent maintenant où des groupes intégristes comme "Promouvoir" n'hésite pas à réclamer, et à obtenir, devant la justice la déclassification de longs métrages susceptibles selon eux de "pervertir la jeunesse" ?).
Mais, en vérité, plus que cette réputation de film sulfureux et pro-féministe, Lautner a réussi à produire un drame psychologique tirant vers le thriller vers la fin narrativement et esthétiquement remarquable, qui n'a pas pris une ride plus de cinquante ans après. Ce portrait d'une jeune femme aussi intelligente que séduisante mais qui va se brûler les ailes au contact d'un couple décadent a conservé intact son pouvoir de fascination.
Au coeur de cette oeuvre, il y a d'abord (surtout) Mireille Darc : à cette époque, elle a déjà une dizaine de rôles à son actif mais elle n'a pas encore décroché celui qui la fera passer d'actrice remarquée à authentique vedette. Elle n'a pas fait partie du casting des Tontons Flingueurs (même si on le croit souvent) mais Lautner l'a engagé dans Les Barbouzes et Des Pissenlits par la racine, ainsi que dans un segment du film à sketches Les Bons Vivants. Jacques Audiard l'apprécie, ce qui l'aidera bien par la suite.
Lorsqu'il décide d'adapter avec son auteur le roman de Vahé Katcha, le cinéaste pense immédiatement et logiquement à elle pour incarner Galia mais il devra batailler avec les producteurs pour imposer cette quasi-inconnue de 27 ans. Elle est remarquablement entourée par l'italien Venantino Venantini, excellent dans la peau de ce séducteur insatiable et menteur, et Françoise Prévost, exceptionnelle en épouse désespérée mais manipulatrice qui glisse dans la folie en entraînant Galia avec elle dans la tragédie. On notera aussi la présence de François Chaumette, inquiétant à souhait en affairiste libidineux et débauché.
Lautner, même s'il n'a jamais imposer une personnalité franchement singulière à ses efforts, sait s'entourer d'une équipe technique expérimentée, ce qui lui permet de donner un cachet indéniable au film : la photo de Maurice Fellous est superbe, traversée de fulgurances stylistiques détonantes (la scène du cauchemar de Galia, avec de forts contrastes, évoque les longs métrages d'épouvante) et la musique de Michel Magne agrémentée de pièces de Jean-Sébastien Bach chantées par un choeur féminin ajoute à l'ambiance mélancolique de l'histoire.
Avec sa voix-off détachée, Mireille Darc illumine littéralement cette intrigue : elle y fait preuve d'une fraîcheur et d'une liberté dans le jeu encore très moderne. C'est une jeune femme libre, libérée, qui offre son corps à la caméra, même si en définitive la représentation de la nudité reste très pudique. Plus que cela, c'est sans doute le comportement de Galia qui a dû défriser tant de bigots à l'époque puisqu'elle avoue coucher avec des hommes différents fréquemment et que l'attirance homosexuelle entre elle et Nicole est évident (mais traitée là encore avec beaucoup de subtilité, sans complaisance).
Tour à tour pétillante, joyeuse, sensuelle, puis grave, inquiète, perdue, l'actrice fait preuve d'une expressivité sensationnelle. Elle ne retrouvera jamais de rôle aussi complet et riche par la suite, les cinéastes échouant à la diriger autrement que comme une femme ravissante tantôt mystérieuse, tantôt légère, et son image publique étant parasitée par sa romance très médiatique avec Alain Delon puis ses graves problèmes de santé (auxquels elle a miraculeusement survécus).
Film étrange, trouble et troublant, mais sublimé par sa comédienne, aussi solaire qu'émouvante, Galia est une merveilleuse rareté.
Tour à tour pétillante, joyeuse, sensuelle, puis grave, inquiète, perdue, l'actrice fait preuve d'une expressivité sensationnelle. Elle ne retrouvera jamais de rôle aussi complet et riche par la suite, les cinéastes échouant à la diriger autrement que comme une femme ravissante tantôt mystérieuse, tantôt légère, et son image publique étant parasitée par sa romance très médiatique avec Alain Delon puis ses graves problèmes de santé (auxquels elle a miraculeusement survécus).
Film étrange, trouble et troublant, mais sublimé par sa comédienne, aussi solaire qu'émouvante, Galia est une merveilleuse rareté.
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