UN MONSIEUR DE COMPAGNIE est un film réalisé par Philippe de Broca.
Le scénario est écrit par Philippe de Broca, d'après le roman de André Couteaux, avec des dialogues de Philippe de Broca et Henri Lanoë. La photographie est signée Raoul Coutard. La musique est composée par Georges Delerue.
Dans les rôles principaux, on trouve : Jean-Pierre Cassel (Antoine Mirliflor), André Luguet (le grand-père d'Antoine), Catherine Deneuve (Isabelle), Jean-Pierre Marielle (Balthazar), Irina Demick (Nicole, la fiancée de Balthazar), Irène Chabrier (la repasseuse), Jean-Claude Brialy (le prince), Valérie Lagrange (Louisette, la soubrette du prince), Rosemarie Dexter (l'élève du cours de dessin à Rome), Sandra Milo (Maria, la femme du boulanger), Adolfo Celfi (Benvenuto), Annie Girardot (Clara, la femme sur la plage), Marcel Dalio (Alexandre Darius Socratès).
Papy Mirliflor et son petit-fils Antoine
(André Luguet et Jean-Pierre Cassel)
Antoine Mirliflor se réveille d'un affreux cauchemar : il rêvait qu'il travaillait ! C'est donc avec soulagement qu'il constate qu'il pêche à la ligne auprès de son grand-père qui lui a toujours enseigné de "ne pas perdre sa vie à la gagner". Hélas ! Peu de temps après, l'aïeul décède. Seul et sans argent, avec comme seul héritage une lunette astronomique, Antoine n'est pourtant pas désespéré.
Balthazar et Antoine Mirliflor
(Jean-Pierre Marielle et Jean-Pierre Cassel)
Il s'installe sur la butte Montmartre où il fait la connaissance de Balthazar, un marchand de glace, qui lui montre avec sa longue vue sa fiancée Nicole mais dont le couple bat de l'aile. Antoine promet à son ami de les réconcilier et pour ce faire, il séduit la jeune femme pour mieux savoir ce qu'elle attend d'un homme.
Isabelle
(Catherine Deneuve)
En observant le voisinage, Antoine a remarqué une jeune femme blonde dont la beauté l'a ému. Aussi, quand Nicole parle de l'épouser à la place de Balthazar, il s'échappe pour échouer chez un riche excentrique, un prince féru de trains électriques miniatures pour lequel il joue les chefs de gare. Mais, épuisé par les cadences infernales imposées, Antoine fuit à nouveau.
Antoine pose à Rome
Débarquant à Rome, il flâne dans la ville éternelle et se fait remarquer par le professeur d'un cours de dessin qui le convainc de venir poser pour ses élèves. Il y séduit une jeune fille mais, gagné à son tour par le trouble, il s'éclipse précipitamment, seulement vêtu d'un peignoir.
Maria et Antoine
(Sandra Milo et Jean-Pierre Cassel)
Antoine s'installe à la terrasse d'un café tenu par la pulpeuse Maria chez qui il trouve refuge en devenant son amant la nuit tandis que son mari, boulanger, travaille. Lorsqu'une procession funéraire passe dans la rue un matin et qu'il apprend que le frère du défunt est un riche avocat, il se joint au cortège.
Benvenuto, ses filles et Antoine (au lit)
(Adolfo Celfi et Jean-Pierre Cassel)
Il gagne l'amitié du juriste fortuné et les coeurs de ses filles au point d'être hébergé chez eux. Quand son bienfaiteur lui offre un poste à l'université, car Antoine a prétendu rédiger une thèse sur le travail, il est temps à nouveau de se retirer.
Clara et Antoine
(Annie Girardot et Jean-Pierre Cassel)
Avant de partir d'Italie, il a encore le temps d'une brève aventure avec Clara, croisée sur une plage. Puis il se retrouve à Londres où lors d'une vente aux enchères, il défie, alors qu'il est sans le sou, le milliardaire Alexandre Darius Socratès pour acquérir un tableau représentant la Joconde en train de bouder.
"Tout ce qui est divin est sans effort."
Epaté par l'audace d'Antoine, Socratès l'introduit dans sa cour et lui décroche un contrat d'édition pour un livre sur son style de vie - l'ouvrage ne comporte en fait que des pages blanches puisqu'il ne fait rien et n'a rien envie de faire ! A l'imprimerie, il retrouve la jeune femme blonde entrevue à Paris puis Rome et Londres : elle se prénomme Isabelle et est la fille d'un des ouvriers.
Antoine et Isabelle
Ils se plaisent et Antoine la demande en mariage, résolu à travailler pour elle. Mais le boulot dans la sidérurgie qu'il décroche est éreintant... Heureusement, il se réveille à nouveau de ce cauchemar, poursuivant sa partie de pêche avec son grand-père.
Tourné après le triomphe de Cartouche (1962), Un Monsieur de compagnie sera la dernière collaboration entre Philippe de Broca et Jean-Pierre Cassel, son interprète fétiche jusque-là. Le cinéaste semble avoir alors fait son choix entre son partenaire et leurs films au succès d'estime, et Belmondo, dont l'attractivité commerciale est plus prometteuse.
Quoi qu'il en soit, cet opus est une pépite digne des précédentes réussites du duo de Broca-Cassel (après Les Jeux de l'amour et Le Farceur en 1960 et L'Amant de cinq jours en 1961). Le long métrage brille d'abord par son esthétique pop et élégante, dont la copie désormais restaurée par Pierre Lhomme sous la supervision du chef opérateur originel Raoul Coutard permet d'apprécier toute la luxuriance du Technicolor. Les couleurs sont magnifiques, délicieusement acidulées.
Mais surtout le film possède un charme virevoltant irrésistible : l'histoire est constituée d'une suite d'épisodes humoristiques au gré des expériences et rencontres faites par le héros, un oisif profiteur et ses bienfaiteurs/trices qu'il fuit dès qu'ils/elles lui proposent un travail ou de s'installer. Culotté, souriant, séducteur, Antoine Mirliflor est un opportuniste qui abuse de tout et de tout le monde mais qui découvre que ne rien faire demande quand même bien des efforts... Même si, comme il le dit, "tout ce qui est divin est sans effort".
De Broca a disposé d'un casting formidable et donne à tous ses comédiens leur moment, satellites gravitant autour d'un Jean-Pierre Cassel bondissant dans ce monde de rêve au croisement de la bande dessinée (avec des arrêts sur image où apparaissent des bulles de pensée), maison de poupées et brochure touristique. Le film préfigure ainsi aussi bien ce qu'on verra plus tard chez des cinéastes comme Jean-Pierre Jeunet ou Wes Anderson que ce qu'on a vu chez les maîtres de la comédie américaine (de Ernst Lubitsch à Blake Edwards en passant par Billy Wilder).
Cassel est divinement entouré par un vrai défilé de jolies filles légères (de la ravissante Rosemarie Dexter à la pulpeuse Sandra Milo en passant par Irène Chabrier, Valérie Lagrange, Irina Demick et Annie Girardot dans un savoureux caméo) et de garçons mémorables (Jean-Pierre Marielle drôlissime, Jean-Claude Brialy déchaîné, Marcel Dalio épatant). Le seul défaut commun à tous ceux/celles-ci sera de vouloir enfermer dans une cage ce jeune homme qui refuse de grandir.
Et puis, tel un fil rouge, il y a les rencontres poétiques et avortées avec Catherine Deneuve, d'une beauté lumineuse, apparaissant comme un fantasme insaisissable et à chaque fois accompagnée par un superbe thème mélancolique composé par Georges Delerue. En lui courant après, Jean-Pierre Cassel ne sait pas qu'il cherche à atteindre ce qui manque à son existence - l'amour, le vrai. Quand il le comprendra, il devra sacrifier sa liberté.
Cette décision complexe pour un un hurluberlu pareil est déjouée par une pirouette narrative tout à fait imprévisible mais jubilatoire. Immature et en mouvement permanent, cette figure alimentera de nombreux autres opus de de Broca, qui ne cessera d'en peaufiner la silhouette de L'Homme de Rio à L'Incorrigible en passant par Les Tribulations d'un chinois en Chine, Le Roi de coeur, Le Diable par la queue, ou Le Magnifique.
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