THIS IS NOT A LOVE STORY (Me and Earl and the Dying Girl) est un film réalisé par Alfonso Gomez-Rejon.
Le scénario est écrit par Jesse Andrews, d'après son roman. La photographie est signée Chung-hoo Chung. La musique est composée par Brian Eno.
Dans les rôles principaux, on trouve : Thomas Mann (Greg Gaines), Olivia Cooke (Rachel Kushner), RJ Cyler (Earl Jackson), Molly Shannon (Denise Kushner), Connie Britton et Nick Offerman (les parents de Greg), Jon Bernthal (Mr. McCarthy), Katherine C. Hughes (Madison).
Greg et ses parents(Connie Britton, Nick Offerman et Thomas Mann)
En Terminale au lycée, Greg Gaines s'emploie à ne faire partie d'aucune bande pour n'avoir de problèmes avec aucune et ne croit guère en ses chances d'intégrer une bonne université par manque d'estime envers lui-même. C'est dans ces conditions qu'il apprend par ses parents qu'une fille de sa classe, qu'il connaît à peine, Rachel Kushner, est atteinte d'une leucémie. Sa mère le pousse à aller la voir, ce qu'il accepte à contrecoeur.
Rachel et Greg(Olivia Cooke et Thomas Mann)
Rachel refuse tout apitoiement mais, contre toute attente, c'est précisément parce que Greg ne lui témoigne aucune compassion qu'ils sympathisent et conviennent de se revoir régulièrement. La mère de la jeune fille, Denise, apprécie quand à elle le dévouement du garçon et sa franchise.
Earl et Greg(RJ Cyler et Thomas Mann)
Greg présente bientôt à Rachel son meilleur ami, Earl, avec qui il réalise depuis l'enfance des courts métrages parodiant de grands classiques du cinéma. Malgré sa réticence à les montrer, Greg accepte que Rachel en visionne quelques-uns, ce qui l'amuse et suscite aussi un réel intérêt de sa part devant l'imagination avec laquelle ils les confectionnent.
Greg et Denise, la mère de Rachel(Thomas Mann et Molly Shannon)
Le traitement chimio-thérapeutique altère cependant l'humeur et l'état physique de Rachel au fil des jours : elle est tantôt combative, tantôt déprimée. Greg, lui, passe de plus en plus de temps avec elle, négligeant encore plus ses études.
Earl et Greg
Madison, la plus jolie fille du lycée, suggère alors à Greg de tourner un film original pour soutenir Rachel et ce projet va d'autant plus l'accaparer qu'il veut à la fois relever le défi sans savoir quoi raconter de personnel sans être larmoyant. C'est alors que Rachel lui annonce son intention de stopper son traitement qui ne la soulage pas davantage qu'il ne la guérit. Désemparé, Greg reporte sa frustration sur Earl avec qui il se fâche sérieusement.
Greg et Rachel
Denise apprend à Greg que Rachel, dont l'état s'est logiquement dégradé, est hospitalisée à nouveau. Madison, culpabilisant de l'avoir embarrassé avec cette idée de film, l'invite à l'accompagner au bal de promo. Mais, le soir venu de la fête, Greg se rend au chevet de Rachel et lui projette le court métrage qu'il a réalisé.
Rachel, Greg et Earl
Ce sera la dernière fois qu'il la verra : quelques heures après, elle sombre dans le coma et ne se réveillera pas. Après ses funérailles, sa mère lui remettra une carte que Rachel lui avait adressé dans laquelle elle lui explique avoir écrit à la Fac de Pittsburgh pour qu'il l'intègre. Greg joint à son dossier universitaire le film qu'il avait réalisé pour son amie, à qui il doit la chance de s'être réconcilié avec Earl et de croire davantage en lui.
This is not a Love Story aurait pu, à défaut d'avoir un titre correctement traduit (même si je conçois que Me and Earl and the Dying Girl, soit : "Moi et Earl et la Fille Mourante" n'est pas très attractif), hériter d'une appellation malicieuse comme This is not Love Story en référence au classique de Arthur Hiller, avec Ali McGraw et Ryan O'Neal. Car c'est justement en réaction à tous les mélodrames qu'il a inspirés que celui-ci est construit : l'histoire de Rachel est écrite du point de vue de Greg à qui le lycée et la société en général (sa famille, ses camarades) semblent vouloir imposer qu'il tombe amoureux d'elle depuis que sa mère l'a forcé à tenir compagnie à la jeune fille malade.
Le film joue aussi sur la prévisibilité de la tragédie par le biais de la voix-off qui nous promet que Rachel ne mourra pas alors que le récit, découpé en plusieurs parties (aux sous-titres sarcastiques), indique un découpage plus fatal ("Day n°... of a doomed friendship", soit "Jour n°... d'une amitié condamnée").
Grâce à ces astuces narratives étonnantes, l'histoire ménage le rire et les larmes avec une grâce rare : Alfonso Gomez-Rejon et le scénariste Jesse Andrews s'emploient à traiter le sujet avec inventivité (grâce à une caméra très mobile, dont le grand angle donne au cadre souvent intimiste de l'action une profondeur spectaculaire) et impertinence (par des dialogues enlevés). Mais la vraie originalité de l'entreprise tient aussi au fait que le film est une ode non pas aux amours de jeunesse mais à la passion du cinéma.
A l'intrigue principale se greffe une trame secondaire avec les obsessions cinéphiles loufoques de Greg et Earl qui consacrent leur temps libre à réinterpréter leurs films préférés. Cela permet aux personnages et au spectateur de respirer en découvrant des versions fauchées et très amusantes de longs métrages souvent connus, mais offre aussi la matière à une réflexion sensible et subtile sur l'art plus fort que la mort, le cinéma comme antidote au mal, le 7ème Art comme oeuvre de mémoire. La métaphore est belle et poétique, drôle et sensible.
Gomez-Rejon parle donc de cinéma, d'amitié et d'amour dans un élan généreux, à la fois touchant et vif, toujours juste, jamais mièvre. Formé par Martin Scorsese, dont il fut l'assistant personnel, le cinéaste donne à cette chronique juvénile un dynamisme jubilatoire et un remarquable naturel. Pourtant parfois les références citées sont pointues (Werner Herzog, Michael Powell et Emeric Pressburger), mais aussi populaires (François Truffaut, Alfred Hitchcock). On a envie de (re)découvrir toutes ces oeuvres ensuite.
L'émotion est maniée avec tact et c'est pour cela qu'on tombe amoureux de ce premier film dont l'auteur affiche un potentiel considérable : le festival de Sundance l'avait consacré en lui décernant son Grand Prix et le Prix du public - malheureusement, son distributeur en France n'y a pas cru et l'a condamné à un échec injuste suite à une sortie en catimini.
Mais pour ses acteurs magnifiques (Thomas Mann, RJ Cyler et Olivia Cooke - dont la prestation, d'une exemplaire retenue, est superbe), sa mélancolie poignante contrebalancée par sa foi dans le cinéma et la vie, This is not a love story est un vrai coup de coeur.
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