lundi 13 février 2017

GIGI, de Vincente Minnelli (1958)


GIGI est un film réalisé par Vincente Minnelli.
Le scénario est écrit par Andrew Jay Lerner, d'après le roman de Colette. La photographie est signée Joseph Ruttenberg. La musique est composée par Frederick Loewe, les chansons écrites par Andrew Jay Lerner.


Dans les rôles principaux, on trouve : Leslie Caron (Gigi), Louis Jourdan (Gaston Lachaille), Maurice Chevalier (Honoré Lachaille), Hermione Gingold (Mme Alvarez alias "Mamita"), Isabel Jeans (tante Alicia).
 Mamita, Gaston Lachaille et Gigi
(Hermione Gingold, Louis Jourdan et Leslie Caron)

Gaston Lachaille est un riche mondain qui mène, comme son oncle Honoré, une vie oisive, collectionnant les maîtresses pour tromper son ennui. Ses nombreuses et brèves liaisons font la "une" des gazettes. Mais, entre deux rendez-vous galants, il rend visite à Mme Alvarez qui appelle "Mamita" et à la petite-fille de celle-ci, la délicieuse et insouciante Gigi, qui égaie son existence de bourgeois blasé.
Gigi et sa tante Alicia
(Leslie Caron et Isabel Jeans)

Suivant la tradition familiale, Gigi est éduquée aux bonnes manières par sa tante Alicia, une ancienne cocotte guindée, qui lui enseigne ainsi comment plaire aux hommes et à bien se tenir en société. La jeune fille montre peu d'intérêt pour ces leçons qui l'empêche de s'exprimer librement selon des codes d'un autre temps. 
Gaston et Honoré Lachaille
(Louis Jourdan et Maurice Chevalier)

Comme Honoré, Gaston dépense son argent sans compter, y compris quand il s'agit d'éloigner l'amant de sa dernière conquête avec laquelle il vient pourtant de rompre. Sa dernière mésaventure l'incite à vouloir se retirer quelque temps de Paris. Mais, en disputant une partie de cartes avec Gigi, il promet de l'emmener avec sa grand-mère à Trouville si elle gagne. 
Gigi

S'acquittant de cet engagement après sa défaite, Gaston retrouve la joie de vivre le temps d'un week-end en compagnie de Gigi tandis que Mamita se remémore avec Honoré leur liaison passionnée autrefois dans ce même endroit. Après cette parenthèse enchantée, Gaston part pour Monte-Carlo tandis que la tante Alicia persuade Mamita d'arranger le mariage de la jeune fille et du neveux Lachaille.
Gaston et Gigi

Lorsque Gaston revient à Paris, il découvre, surpris mais déçu, que ces dames ont transformé l'espiègle Gigi en courtisane. Pourtant, le souvenir du week-end à Trouville et le charme de la jeune fille troublent encore Lachaille qui confie à Honoré son amour naissant.   
Honoré

Pour s'excuser de sa rudesse, Gaston invite Gigi à sortir avec lui dans un grand restaurant fréquenté par toute la haute société de la capitale. Si elle est conquise, il est embarrassé à l'idée que ses antécédents de coureur de jupons nuise à la réputation de la jeune fille. Aussi, quand il la raccompagne précipitamment chez Mamita, préfère-t-il que leur relation ne se poursuive pas.  
Ah, Paris !

Bouleversé par le chagrin qu'il lui a causée, Gaston se ravise pourtant rapidement et dépasse ses craintes pour demander enfin la main de Gigi. Peu après, Honoré croisera le couple, radieux, à bord d'une calèche.

Lorsque Colette fut consulté au début des années 1950 pour trouver l'interprète idéale capable d'incarner le rôle-titre de Gigi, elle remarqua une parfaite inconnue, Audrey Hepburn, qu'elle imposa sur scène. Il faudra presque dix ans pourtant pour que son roman soit adapté sur grand écran.

Le temps ayant passé, Hepburn n'était plus en âge de jouer la jeune fille, et ce fut Leslie Caron qui s'empara du projet, s'estimant sous-employée par la Metro-Goldwyn-Mayer avec laquelle son contrat arrivait à son terme. Le légendaire producteur Arthur Freed monta le film pour ce qui devait être son chant du cygne, lui qui fut à l'origine de classiques comme Le Magicien d'Oz (Victor Fleming et King Vidor, 1939), Chantons sous la pluie (Stanley Donen et Gene Kelly, 1952) ou Tous en scène (Vincente Minnelli, 1953).

Vincente Minnelli était tout désigné pour diriger ce film car il voulait depuis longtemps exploiter la richesse visuelle du Paris de 1900 telle qu'il l'avait imaginée en lisant le texte de Colette. Effectivement, il magnifie la capitale française grâce à une reconstitution fastueuse, un vrai festival de couleurs flamboyantes, dont les décors et les costumes furent designés par le photographe et styliste Cecil Beaton qui s'inspira de peintres comme Boudin et Geys.

On peut trouver l'aspect de tout cela un peu chargé, comme un gâteau noyé sous la chantilly. Il n'empêche que certains tableaux du film sont splendides et surtout Minnelli exploite ces compositions chatoyantes pour exprimer aussi les sentiments qui agitent les personnages : derrière cette jolie vitrine se cachent des âmes inquiètes, des passions contrariées, des rêveries mélancoliques - tout ce qui distingue l'univers du cinéaste, dans un récit suggestif.

Car le scénario et les chansons (parfois simplement dites - presque du slam avant l'heure) d'Alan Jay Lerner font passer les aspects les plus graveleux (il s'agit quand même de raconter un mariage arrangé entre une très jeune fille et un séducteur mondain) du roman comme une lettre à la poste. Pourtant, le film fut sévèrement jugé par la censure et le studio, timoré, fit retourner certaines scènes (par George Cukor et Charles Walters, en remplacement de Minnelli, déjà en train de filmer Qu'est-ce que Maman connaît à l'amour ?).

Comment estimer alors Gigi ? Il s'agit indéniablement d'une oeuvre "minnellienne", aussi bien dans le fond que dans la forme, et qui doit beaucoup en outre à la qualité de son interprétation : la gouaille de Maurice Chevalier étant complété par la classe de Louis Jourdan touché (comme nous) par la grâce de Leslie Caron.

Malgré un récit qui manque un peu de rythme (quelques coupes n'auraient pas été inutiles dans ces 115 minutes), le résultat ne manque ni de charme ni d'audace, oscillant entre cynisme et délicatesse, cruauté et innocence. Peut-être pas de quoi récolter neuf Oscar, mais quand même un juste satisfecit. 

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