ALFIE LE DRAGUEUR (Alfie) est un film réalisé par Lewis Gilbert.
Le scénario est écrit par Bill Naughton, d'après sa pièce de théâtre. La photographie est signée Otto Heller. La musique est composée par Sonny Rollins.
Dans les rôles principaux, on trouve : Michael Caine (Alfie Elkins), Shelley Winters (Ruby), Julia Foster (Gilda), Jane Asher (Annie), Vivien Merchant (Lily Clamacraft), Alfred Bass (Harry Clamacraft), Millicent Martin (Siddie), Eleanor Bron (le docteur), Graham Stark (Humphrey), Shirley Ann Field (la nurse du sanatorium).
Gilda et Alfie(Julia Foster et Michael Caine)
Chauffeur particulier, Alfie Elkins est surtout un insatiable coureur de jupons doublé d'un mufle cynique. Il entretient une relation avec Siddie, femme mariée, mais, lassé d'elle, finit par ne plus aller à leurs rendez-vous. Elle est de toute façon vite remplacée par Gilda, jeune femme soumise et sincèrement éprise d'Alfie, dont elle tombe enceinte. Bien que contrarié, il ne s'oppose pas à ce qu'ell garde l'enfant, après avoir renoncé à la convaincre de le faire adopter, et l'aide financièrement pendant quatre ans.
Le docteur(Eleanor Bron)
Peiné par la situation de Gilda, qu'il voit négligée par Alfie, Humphrey, contrôleur de tramway, la demande en mariage en promettant de s'occuper du petit Malcolm comme de son propre fils. La jeune femme se sépare d'Alfie, lui interdisant de revoir leur enfant. A la même période, il passe une visite médicale où une ravissante docteur lui décèle un voile sur un poumon.
Harry Clamacraft et Alfie(Alfie Bass et Michael Caine)
Alfie se rétablit dans un sanatorium où il devient l'ami de son voisin de chambre, Harry Clamacraft, un type geignard et souffreteux mais qui se fait davantage de souci pour sa femme, Lily, que pour lui-même. Or, Alfie lui conseille de ne pas s'en faire pour elle car comme tous ceux qui visitent les malades, elle n'a au fond qu'une envie à chaque fois, ne pas rester trop longtemps.
Alfie et la nurse du sanatorium(Michael Caine et Shirley Ann Field)
Alfie attire dans ses filets une jolie infirmière, puis, une fois sa convalescence terminée, en profite pour séduire Lily. De retour à Londres, il devient photographe sur les bords de la Tamise avec un ami et fait ainsi la connaissance de Ruby, femme d'âge mûr et très riche, d'origine américaine, qu'il ne tarde pas à revoir.
Annie(Jane Asher)
Reprenant son activité de chauffeur, il prend en auto-stop Annie, qui a quitté Sheffield après un chagrin d'amour. Elle s'installe chez Alfie dont elle devient l'amante mais surtout la cuisinière et la fée du logis, sans qu'il lui lui exprime de gratitude. Fatigué de sa passivité, il finit par la mettre à la porte. Peu après, Lily Clamacraft lui annonce être enceinte et il paie un médecin pour pratiquer un avortement - l'expérience le traumatise et scelle la fin de son histoire avec l'épouse de Harry.
Alfie et Ruby(Michael Caine et Shelley Winters)
Alfie surprend ensuite Ruby avec un nouveau "toy-boy", qu'elle lui préfère simplement parce qu'il est plus jeune que lui. Désoeuvré, Alfie croise un soir Siddie et lui propose de se revoir mais elle décline. Un petit chien s'arrête devant lui puis le suit jusqu'à son studio où, désormais, plus aucune fille ne l'attend.
Créé à Broadway par Terence Stamp (qui aurait souhaité pouvoir le jouer sur grand écran), le rôle d'Alfie fut refusé par tous les acteurs britanniques en vogue à l'époque (parmi lesquels Richard Harris, Laurence Harvey, James Booth, Anthony Newley) à cause de sa goujaterie et de plusieurs scènes sulfureuses. C'est donc Michael Caine qui en hérita : il y gagnera ses galons de star grâce au succès public du film, récompensé par le Prix Spécial du jury du Festival de Cannes 1966, malgré le parfum de scandale.
Alfie et ses "birds"(Michael Caine et Vivien Merchant, Jane Asher, Julia Foster, Shelley Winters)
Une suite sera tournée en 1975 sous le titre Alfie darling, mais avec Alan Price à la place de Caine, puis un remake, Irrésistible Alfie, sera produit en 2004 avec Jude Law dans le rôle-titre. Le film, qui s'achève sur une chanson interprétée par Cher (composée par Burt Bacharach), inspirera aussi le titre Becoming more than Alfie au groupe The Divine Comedy.
Comme au théâtre, le (anti) héros multiplie les apartés, faisant ainsi du public son confident, sinon son complice : le procédé est très efficace et imprime un rythme soutenu car Alfie ne s'arrête jamais de commenter ses actions. Il se tourne, sans prévenir, face à la caméra, sans prendre d'égards pour qui que ce soit autour de lui - pendant ce temps, les autres personnages poursuivent leurs activités dans un monde où les femmes n'imaginent jamais avec quel mépris il les évoquent.
Le plus troublant est que c'est dans ces moments-là qu'Alfie est le plus sincère, répétant à l'envi "You know what I mean ?" ("Vous voyez ce que je veux dire ?"), quêtant la connivence après chaque parole ou acte douteux.
Avec son sourire tour à tour malicieux, charmeur et carnassier, Michael Caine est affreusement drôle jusqu'à ce que le drame (l'avortement de Lily reste une scène bouleversante) ou la solitude (après avoir découvert que Ruby l'a remplacé) le rattrape. Le masque tombe alors et il admet avoir davantage perdu que gagné en papillonnant ainsi. L'acteur définissait son personnage comme "un sadique innocent qui blesse les autres sans le vouloir. De tels hommes existent." Ce bourreau des coeurs se fiche de savoir pourquoi il agit ainsi, il est dans une jouissance décomplexée, les femmes étant des tentatrices plus que coupables que lui. Jusqu'à ce qu'il se rende compte que sa muflerie le laisse seul et que son charme commence à se faner. De manière renversante, Lewis Gilbert parvient alors à nous émouvoir avec ce macho.
Le cinéaste maintient toujours le spectateur à bonne distance entre l'humour et le remords, cultivant un plaisir coupable. La morale du film est ambiguë car Alfie semble bien puni, mais a-t-il seulement retenu la leçon ? Rien n'est moins sûr.
Quoi qu'il en soit, porté par un casting remarquable (avec une fabuleuse "cougar" jouée par Shelley Winters et les exquises Julia Foster et Jane Asher), accompagné par une superbe bande originale de Sonny Rollins, Alfie le dragueur n'a rien perdu de son impertinence stylée.
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