dimanche 12 février 2017

LES AFFAMEURS, d'Anthony Mann (1952)


LES AFFAMEURS (Bend of the River) est un film réalisé par Anthony Mann.
Le scénario est écrit par Borden Chase, d'après le roman Bend of the Snake de Bill Gulick. La photographie est signée Irving Glassberg. La musique est composée par Hans J. Salter.


Dans les rôles principaux, on trouve : James Stewart (Glyn McLyntock), Arthur Kennedy (Emerson Cole), Rock Hudson (Trey Wilson), Jay C. Flippen (Jeremy Baile), Julie Adams (Laura Baile), Lori Nelson (Margie Baile), Howard Petrie (Tom Hendricks).
 Glyn McLyntock
(James Stewart)

1866. Glyn McLyntock, un ancien pillard  du Kansas, a fui son passé douteux pour conduire une caravane de colons en provenance du Missouri dans l'Oregon. Alors qu'il part en reconnaissance, il sauve d'un lynchage Emerson Cole, accusé d'avoir volé un cheval. Cole reconnaît McLyntock de réputation et, comme lui autrefois, mène une vie d'aventurier, mais tait ce qu'il sait sur son sauveur.
Jeremy Baile, Emerson Cole et Glen McLyntock
(Jay C. Flippen, Arthur Kennedy et James Stewart)

La caravane établit un camp pour la nuit lorsque des indiens attaquent, blessant d'une flèche Laura Baile, la fille aînée de Jeremy Baile, le chef des colons. Avec l'aide de Cole, McLyntock tue leurs agresseurs. Le lendemain matin, le convoi arrive à Portland où Laurie reçoit des soins, hébergée par Tom Hendricks qui vend des fournitures et des vivres aux voyageurs.
Emerson Cole, Glyn McLytock et Trey Wilson
(Arthur Kennedy, James Stewart et Rock Hudson)

Cole décide de rester en ville et sympathise comme McLyntock avec Trey Wilson, un joueur professionnel tombé sous le charme de Margie Baile (et réciproquement). Les colons reprennent leur route et s'établissent dans la vallée. L'hiver approche et les vivres achetées à Hendricks n'ont toujours pas été livrées. McLyntock et Baile décident de retourner à Portland où ils découvrent que la ruée vers l'or a changé la donne. Hendricks en a profité pour augmenter considérablement ses prix et refuse à présent de céder ce qu'il avait vendu bon marché quelques mois auparavant.
Laura Baile
(Julie Adams)

Avec l'aide de Cole et Wilson, et en emmenant Laura, rétablie, McLytock et Baile embarquent avec quelques hommes de main hâtivement recrutés sur le port leurs marchandises à bord du steamboat "Queen River" dirigé par le capitaine Mello. Hendricks se lance à leur poursuite avec ses sbires, comptant les rattraper quand ils atteindront les rapides.  
Tom Hendricks, Margie Baile et Glyn McLyntock
(Howard Petrie, Lori Nelson et James Stewart)

McLyntock a deviné la manoeuvre et fait décharger les vivres à terre pour rejoindre la colonie par les montagnes. Il tend ensuite une embuscade à Hendricks et sa bande qui sont forcés de battre en retraite. Mais les hommes de main embauchés à Portland préparent une mutinerie quand ils croisent des chercheurs d'or, disposés à acheter au prix fort les provisions. Cole trahit McLyntock et redirige le convoi jusqu'au campement des orpailleurs, en prenant Laura, son père et Wilson en otages.  
Glyn McLyntock

McLyntock poursuit Cole et tue ses complices jusqu'à ce qu'ils s'affrontent seul à seul tandis que Wilson aide Laura et Jeremy à éloigner les chercheurs d'or. Après avoir triomphé de leurs adversaires, ils peuvent enfin rejoindre la colonie où Trey retrouve Margie et Laura former un couple avec Glyn.

Deuxième western du duo Anthony Mann-James Stewart, Bend of the River est une libre adaptation d'un roman de Bill Gulick dont l'acteur avait acquis les droits sans le lire, sur la foi de bonnes critiques.

Le scénariste Borden Chase en tira donc un script taillé sur mesure dans lequel il reprend des thèmes qu'il avait déjà explorés dans La Rivière Rouge (Howard Hawks, 1948 - le cinéaste lui en voudra d'ailleurs). Cependant le héros incarné (magistralement) par James Stewart est différent de celui campé par John Wayne : c'est un ancien bandit qui doit recourir à ses talents pour s'affranchir d'un passé criminel qu'il a caché au chef des colons (celui-ci, joué par le formidable Jay C. Flippen, est convaincu qu'un homme est pareil à un fruit : quand il est pourri, il ne peut que contaminer les autres et rien ne peut le sauver).

Ses antécédents douteux, Glyn McLyntock les voit resurgir, personnifiés par Emerson Cole (Arthur Kennedy, glaçant en fripouille brutale) : il figure son double maléfique, qui ne s'est jamais racheté, et dont il lui faudra, il le devine dès leur première rencontre, non seulement se méfier mais se débarrasser. A cette condition seulement, il sera comme purifié de ses fautes, lavé de ses péchés antérieurs.

Pourtant la vengeance de McLyntock n'aura rien d'expéditive et c'est parce que Mann tient d'abord à célébrer l'espoir, à autoriser la rédemption de son héros : il filme son abnégation totale pour remplir la mission qu'on lui a confiée (conduire les colons et assurer leur sécurité), dans un cadre à la fois hostile et grandiose (les montagnes de l'Oregon), superbement photographié (par Irving Glassberg). Un décor propre à un chemin de croix mais aussi à un paradis possible, d'un symbolisme fort donc mais jamais appuyé.

La mise en scène de Mann est un modèle du genre : ainsi choisit-il par exemple de ne pas montrer quand McLyntock tue les uns après les autres les acolytes de Cole dans la nuit. Cette option très efficace dans sa suggestivité donne une dimension quasi-mythologique au héros, seul contre tous, armé surtout d'une volonté peu commune. Mais cela traduit aussi une volonté de ne pas magnifier la violence : le personnage de James Stewart prouve ainsi sa valeur réelle, sa détermination sincère, contre celui, cupide et violent, de Arthur Kennedy ou celui, joueur et insouciant, de Rock Hudson. Parallèlement, en découvrant le secret de leur protecteur, le père et la fille Baile sont obligés de remettre en question leurs préjugés, doivent accepter d'être plus tolérants, en admettant qu'un homme douteux peut retrouver le chemin de la vertu.

Ce film d'aventures est donc plus qu'un simple western, il propose une réflexion captivante sur la réhabilitation. Une preuve supplémentaire que le tandem Mann-Stewart a produit des oeuvres à la profondeur rare tout en étant des divertissements palpitants.

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