A TROIS ON Y VA est un film réalisé par Jérôme Bonnell.
Le scénario est écrit par Jérôme Bonnell et Maël Piriou. La photographie est signée Pascal Lagriffoul. La musique est composée par Mike Higbee.
Dans les rôles principaux, on trouve : Anaïs Demoustier (Mélodie), Félix Moati (Micha), Sophie Verbeeck (Charlotte), Patrick d'Assumçao (William), Olivier Broche (le client de Mélodie).
Mélodie(Anaïs Demoustier)
Mélodie est une jeune avocate amoureuse de Charlotte, chanteuse dans des bars où elle se produit occasionnellement avec deux amis musiciens.
Charlotte(Sophie Verbeeck)
Charlotte vit avec Micha, un assistant vétérinaire, mais leur couple va mal car la jeune femme a visiblement la tête ailleurs et lui se décourage de comprendre ce qui ne va plus entre eux.
Micha(Félix Moati)
La situation se corse quand, un soir, après avoir dîné avec Charlotte et Micha, Mélodie est reconduite chez elle par ce dernier qui avoue son attirance et son amour. D'abord surprise, la jeune femme embrasse l'ami de son amie.
Micha et Mélodie
Pour ne rien arranger, Mélodie a des soucis professionnels : son patron, un avocat marron menacé de mort, lui annonce qu'i va devoir la licencier pour des raisons budgétaires, et elle doit défendre un homme accusé d'attouchements sexuels par la passagère d'une rame de métro.
Micha et Charlotte
Mélodie et Charlotte manquent de justesse d'être surprises par Micha un après-midi. La jeune avocate réussit toutefois à s'éclipser sans qu'il la remarque... Jusqu'à ce qu'il la croise juste après dans la rue où il habite et qu'elle lui raconte être passée par là juste pour l'embrasser. Elle s'éloigne en adressant un signe de la main à la fois à son amant, au rez-de-chaussée, et à sa maîtresse, à l'étage.
Charlotte, Mélodie et Micha
Peu après, un cabinet juridique propose une place à Mélodie mais elle doit, si elle l'accepte, quitter Lille pour Paris. Au même moment, Félix déclare à Charlotte être prêt à l'épouser si cela peut relancer leur vie conjugale, mais, prise de court, elle ne sait quoi lui répondre. Le jeune homme donne alors rendez-vous à Mélodie, qui accepte de le rejoindre alors qu'elle avait promis sa soirée à Charlotte.
Charlotte et Mélodie
Micha entraîne Mélodie à une fête donnée par un ami commun, William, là même où elle devait retrouver Charlotte. Profitant de la cohue dans l'appartement où tout le monde s'amuse, les deux filles se dérobent jusqu'à un bar voisin. Micha part à leur recherche et les retrouve lorsqu'un ivrogne insulte les deux femmes au sujet de leur homosexualité et casse la figure au jeune homme qui a voulu s'interposer.
Micha, Charlotte et Mélodie
Mélodie rentre avec Micha et Charlotte, qui, connaissant ses difficultés de logement actuel, lui proposent de s'installer chez eux. Mais avant de répondre, elle est appelée au commissariat où son client a été conduit suite, cette fois, à une tentative de viol. De retour chez ses amis, épuisée, elle se donne à eux, faisant découvrir à Charlotte et à Micha qu'ils se la partagent depuis des semaines. Ils se rendent le lendemain à la cérémonie de mariage d'une connaissance et savourent leur bonheur sans se cacher. La nuit venue, ils prennent un bain de minuit et font l'amour sur la plage voisine.
A l'aube, pourtant, sans les réveiller, Charlotte les quitte et part en stop, préférant les laisser profiter de leur amour comme elle l'a fait avec eux.
Souvent comparé à François Truffaut, Jérôme Bonnell confirme cette ressemblance avec son dernier long métrage qui peut facilement se lire comme sa version de Jules et Jim. Cinéaste avant tout sentimental, le jeune réalisateur s'essaie ici à la comédie romantique douce-amère.
Son héroïne, Mélodie, ne sait plus où donner de la tête entre Charlotte et Micha, le fiancé de cette dernière, qu'elle va aimer du même amour sans avoir rien prémédité. Ce vertige émotionnel se complique avec sa situation professionnelle, qui la voit débordée par des affaires à la fois absurdes et perturbantes et un patron flirtant avec les embrouilles. A priori, tout l'empêche donc de se consacrer à deux liaisons à la fois tout en assumant sérieusement son job...
Cet aspect est bien traité par Bonnell qui s'empare du motif bien connu du triangle amoureux en le réactualisant : il y aborde une sexualité décomplexée dans laquelle il ne s'agit plus d'un vaudeville classique où un garçon est pris entre deux filles mais d'une fille éprise d'une autre fille et de son compagnon. Ce marivaudage engendre son lot de chassés-croisés, de quiproquos, de désordres, parfois de manière burlesque (la scène où Mélodie en compagnie de Charlotte doit fuir en douce lorsque Micha débarque puis adresse un "au revoir" de la main à la fois à son amante et son amant est une petite merveille de mise en scène et de drôlerie).
Le film exploite merveilleusement la griserie propre aux derniers moments candides de la jeunesse et aux premiers de l'entrée dans l'âge adulte, où il faut faire des choix, assumer ses sentiments, et les responsabilités qui en découlent. Mais Bonnell parvient à jongler avec ces éléments - représentation de la sexualité comprise, exempte de toute vulgarité, pleine de naturel, sans jamais être nommée comme bi, hétéro ou homo - avec une fluidité exemplaire. Dommage cependant que son récit se conclut de façon un peu frustrante, après avoir osé une séduisante utopie amoureuse, comme s'il fallait obligatoirement qu'un des trois doive quitter le jeu (Charlotte en l'occurrence, celle qui reste la plus secrète, d'une mélancolie insondable).
L'interprétation est formidable, au diapason de la mise en scène, très sensible : Anaïs Demoustiery confirme un talent singulier, à la fois mutine, sensuelle et vibrante, aux côtés de l'attachant et lunaire Félix Moati. Sophie Verbeeck hérite du rôle le plus ingrat et, hélas ! ne lui donne pas beaucoup d'expressivité ni l'émotion nécessaire.
Un peu juste donc, mais tout de même charmant.
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