LES 7 MERCENAIRES (The Magnificent Seven) est un film réalisé par John Sturges.
Le scénario est écrit par Walter Newman, William Roberts, Walter Bernstein et Thomas Conroy, d'après le film Les 7 Samouraïs d'Akira Kurosawa (1954). La photographie est signée Charles Lang Jr.. La musique est composée par Elmer Bernstein.
Dans les rôles principaux, on trouve : Yul Brynner (Chris), Steve McQueen (Vin), Eli Wallach (Calvera), Charles Bronson (O'Reilly), Horst Buchholz (Chico), Robert Vaughan (Lee), James Coburn (Britt), Harry (Brad Dexter).
Parce qu'ils sont régulièrement pillés par le bandit Calvera et sa bande, un village de mexicains désigne trois représentants pour se procurer des armes avec le peu d'économies qu'ils leur restent.
Calvera
(Eli Wallach)
C'est ainsi qu'ils rencontrent Chris, un vétéran de l'armée américaine, et Vin, qui ont osé se dresser face à la population locale afin de conduire le cercueil d'un mexicain au cimetière. Impressionnés, les émissaires les abordent et Chris leur explique qu'il serait plus simple pour eux d'engager des professionnels contre leur ennemi. Vin, aventurier sans projet, et Chris, ému par ces paysans, acceptent de leur prêter main forte.
Chris et Vin
(Yul Brynner et Steve McQueen)
C'est ainsi que les deux pistoleros persuadent des amis de les rejoindre, chacun d'entre eux ayant une motivation particulière pour cette mission :
O'Reilly
(Charles Bronson)
- O'Reilly, un bûcheron métisse, le fait en souvenir de ses origines modestes ;
Lee
(Robert Vaughn)
- Lee, un tueur malade nerveusement, veut se prouver qu'il est toujours le meilleur ;
Britt
(James Coburn)
- Britt, engagé dans la construction de voies ferrées, veut fuir les ouvriers qui ne cessent de le défier au tir ;
Harry
(Brad Dexter)
- et Harry est certain que les mexicains cachent un trésor.
Un jeune homme, Chico, en quête de sensations fortes, suit le groupe dans l'espoir de l'intégrer, mais Chris est réticent à engager une tête brûlée. Il cède malgré tout, davantage pour le protéger que par conviction en ses talents.
Chico
(Horst Buchholz)
Les sept mercenaires prennent leurs quartiers dans le village où ils sont accueillis en héros et entraînent les hommes à manier le fusil. Les enfants s'attachent particulièrement à O'Reilly, qui a du sang mexicain, et une jeune femme tombe amoureuse de Chico.
Lorsque la bande de Calvera resurgit, elle est chassée, prise par surprise. Chico suit les pilleurs et s'infiltre parmi eux afin d'en apprendre davantage sur la suite de leurs plans. Quand il revient auprès de ses compagnons, il leur révèle que leurs ennemis sont affamés et désespérés, et l'autorité de Calvera est entamée. Chris décide d'en profiter pour les attaquer mais l'équipe trouve le camp des bandits déserté.
De retour au village, ils sont attendus par Calvera et ses sbires qui, menaçant de s'en prendre aux femmes et aux enfants, convainquent Chris et ses amis de déguerpir définitivement.
Mais les mercenaires, humiliés, choisissent de revenir sur leurs pas, à l'exception de Harry. Une ultime bataille a lieu au cours de laquelle la majorité des héros trouve la mort. Les survivants pourront apprécier la défaite de Calvera et repartir, sans récompense certes, mais avec la satisfaction d'avoir défendu une noble cause.
En 1954, Akira Kurosawa réalisait Les 7 Samouraïs, film qui, s'il fut longtemps méconnu dans son propre pays, connut un succès critique et commercial mondial. 6 ans plus tard, Les 7 Mercenaires en propose une version western située à la frontière mexicaine, que le cinéaste japonais reconnaîtra comme une authentique réussite. Pour ma part, si je n'ai jamais réussi à voir jusqu'au bout l'original, je ne compte plus le nombre de fois où j'ai savouré le long métrage de John Sturges, qui m'a émerveillé enfant et dont les innombrables rediffusions ne m'ont jamais lassé. J'ignore s'il s'agit d'un chef d'oeuvre et, à dire vrai, je m'en fiche complètement : ce que je sais, c'est que ces Magnificent Seven ont participé à mon amour pour le cinéma et plus particulièrement pour le western comme aucun autre film.
Sturges était déjà un vétéran, comme le personnage de Chris, en 1960, puisque, durant la décennie précédente, il avait démontré son impeccable savoir-faire avec de grandes réussites comme Fort Bravo (1953) ou Dernier train de Gun Hill (1959) en passant par Règlements de comptes à OK Corral (1957) et Un homme est passé (1954). Aujourd'hui, c'est un réalisateur peu cité, considéré avec condescendance comme un "faiseur", alors qu'en vérité, c'était un directeur d'acteurs hors pair, capable de "gérer" les stars comme de révéler des débutants, et un cinéaste sobre et solide, qui se souciait avant tout de servir l'histoire qu'il devait raconter : peut-être pas des qualités flamboyantes, mais, pour moi, de celles qui assurent à celui qui les possèdent une filmographie offrant un plaisir durable.
Sturges n'était certes pas un homme qui se servait (en particulier) du western pour délivrer des messages (mais comme l'a dit Jacques Prévert : "pour les messages, j'utilise la Poste"...) ni pour livrer sa vision de l'humanité. Ce n'est ni Anthony Mann et son cinéma sans illusions, ni John Ford et la légende de l'Ouest. Mais c'est le réalisateur exaltant des figures héroïques, trouvant dans l'action, les coups d'éclat, l'exécution d'une mission, la possibilité d'exercer leur charge, de prouver leur sens de l'honneur, d'affirmer la solidarité.
Son mérite me semble d'autant plus à réévaluer qu'il n'a pas eu la tâche facile sur ce qui allait pourtant être un retentissant succès, tremplin pour nombre de ses acteurs (dont certains se retrouveraient en 63 dans La Grande Evasion). Le projet a été initié par Yul Brynner qui se réservait le rôle du leader, Chris : réputé pour son fort caractère, il s'est effectivement comporté comme un petit chef durant le tournage, et même avant - ainsi insista-t-il (en vain) pour que Anthony Quinn lui donne la réplique, alors que le studio voulait rassembler Clark Gable, Stewart Granger, Glenn Ford. Il voulait également que ce soit Martin Ritt qui réalise mais la Mirisch Company lui préféra donc Sturges (qui se vit offrir le crédit de co-producteur par la même occasion).
A partir de là, le rapport de force s'équilibra et permit de composer un casting de quasi-inconnus (moins chers). Feignant un accident de voiture, Steve McQueen, qui pressentait le potentiel du rôle de Vin et du film, put prendre congé de la série télé Au Nom de la Loi, mais s'opposa rapidement à Brynner : le clash était inévitable entre deux acteurs aussi dissemblables. Brynner venait du théâtre, où il était une vedette, et dont il avait gardé la discipline, tandis que McQueen était un curieux mélange entre l'apprentissage de la méthode de l'Actor's Studio et du jeu instinctif. Vous pouvez vous amuser à noter le nombre de fois où McQueen s'incruste dans les plans où se trouve Brynner, manipulant son chapeau avec un sourire en coin, ce qui avait le don d'insupporter son partenaire - et vous ressentirez peut-être la tension entre les deux hommes (le chauve le plus célèbre du cinéma américain face au jeune loup qui allait régner sur Hollywood).
Pourtant, ces gamineries servent le film, lui conférant une malice et une intensité jubilatoires. Marmoréen, Charles Bronson joue presque son propre rôle : il apparaît en train de fendre des bûches de bois à la hache, et ce n'est pas du chiqué - il a été bûcheron, et son physique impressionnant ne devait rien à la "gonflette". Par ailleurs, comme O'Reilly, il était d'origine modeste et expatrié. Robert Vaughn (qui redonnerait la réplique à McQueen dans Bullitt, 1968) est aussi extraordinaire en tueur saisi de tremblements, devinant sa fin prochaine. James Coburn (qui referait équipe avec Bronson pour Le Bagarreur, en 1975) impose sa dégaine coolissime et cela suffit pour rendre son personnage inoubliable. Brad Dexter fait une crapule, que les scrupules rattraperont in extremis, délectable. Et Horst Buchholz fait (presque) croire qu'il s'appelle Chico. Le miracle est là en fait : ces mercenaires sont peu développés psychologiquement, faiblement caractérisés, mais les acteurs qui les interprètent leur donnent suffisamment de présence, d'allure, pour qu'on s'attache à eux, qu'on les identifie sans problème. C'est finalement plus efficace que l'idée première (confier ces rôles à des stars déclinantes).
Savoir décider intelligemment est ce qui distingue Les 7 Mercenaires : tout comme Chris s'adresse à des hommes qui ont chacun un talent spécial et une motivation forte, le réalisateur et les producteurs du film ont su faire des choix. L'intrigue est simple, dépouillée, mais emballée sur un rythme soutenu, à la manière d'un conte. Le méchant est très méchant, et Eli Wallach s'en donne à coeur joie (comme s'il se préparait pour son rôle de Tuco dans Le Bon, la brute et le truand, de Sergio Leone, 1966), l'affrontement inégal, disproportionné, épique, annonce un dénouement où le spectateur sait que tous ne survivront pas mais tomberont avec dignité et bravoure.
En vérité, de mercenaires, les héros ne méritent pas le titre, dégradant, hormis Harry (et encore, donc, il prouve qu'il vaut mieux que ça à la fin) : malgré le simplisme apparent, il demeure quelque chose de trouble dans le fait que ces sept hommes vont à une mort certaine. Pour l'un (Lee), il s'agit sans doute de finir en beauté. Pour un autre, de protéger d'abord des enfants (O'Reilly). Pour Chico, l'épreuve a une valeur initiatique : convaincu de pouvoir vivre par les armes, il reverra ses ambitions en découvrant l'amour et en apprenant à respecter ces paysans qui sont ses "frères". Britt traverse cette aventure comme une sorte d'"aquaboiniste". Vin est un cowboy cynique, volontiers moralisateur, souvent sarcastique : sans passé, ni avenir, il trompe son ennui. Mais le futur d'un mercenaire est justement décrit comme précaire et jamais glorieux : il loue leur gâchette, risque leur vie, et si les survivants y gagnent la considération de opprimés, ils repartent aussi fauchés qu'au début.
Les séquences d'action sont superbes, avec un montage nerveux mais qui ne sacrifient la composition soignée des plans de Sturges, et la musique d'Elmer Bernstein est entêtante et entraînante à souhait.
Les 7 Mercenaires est un tournant dans l'Histoire du western, pas seulement pour sa remarquable efficacité, son groupe d'acteurs, le plaisir immédiat et néanmoins durable qu'il procure, mais parce qu'il se situe à la croisée des chemins : déjà différent du classicisme mais pas encore dans la révision italienne. Bien qu'il ait engendré des suites (toutes inférieures, et dispensables) et même un récent remake (par Antoine Fuqua, cette année), il reste, sinon pour les spécialistes sûrs de leurs listes d'incontournables, en tout cas pour moi et des tas de gamins qui l'ont découvert et le revoient avec un enchantement intact, le film culte par excellence.
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