LES 100 FUSILS (100 Rifles) est un film réalisé par Tom Gries.
Le scénario est écrit par Tom Gries et Clair Huffaker, d'après le roman de Robert MacLeod. La photographie est signée Cecilio Paniagua. La musique est composée par Jerry Goldsmith.
Dans les rôles principaux, on trouve : Raquel Welch (Sarita), Jim Brown (Lyedecker), Burt Reynolds (Yaqui Joe Herrera), Fernando Lamas (Verdugo), Hans Gudegast (Von Klemmer), Soledad Miranda (la prostituée).
Lyedecker, Yaqui Joe et Sarita(Jim Brown, Burt Reynolds et Raquel Welch)
Sarita assiste au lynchage de son père par le cruel général Verdugo et ses soldats qui avaient trouvé chez lui un fusil : cela suggère que des rebelles indiens seraient armés pour affronter l'armée mexicaine. La jeune femme est capturée et emmenée à Nogales pour y être interrogée.
Yaqui Joe et Lyedecker
En ville arrive un shérif américain, Lyedecker, chargé de trouver et d'arrêter Yaqui Joe Herrera, qui a braqué une banque aux Etats-Unis. Son butin servirait justement à acheter des fusils pour "los Togres de rocas" ("les Tigres des rochers"), les insurgés indiens.
Lyedecker, Sarita et Yaqui Joe
Pour quitter Nogales, Yaqui Joe provoque une émeute qui permet à Sarita de s'échapper. Mais Verdugo le fait arrêter et l'interroge avec Lyedecker, qu'il soupçonne d'être son complice. Ils sont présentés à cette occasion à Von Klemmer, un officier allemand qui étudie une alliance avec les mexicains.
Lyedecker et Sarita
Le shérif et son prisonnier réussissent à s'évader et rejoignent Sarita. Verdugo et ses troupes les prennent en chasse et commettent des massacres pour les débusquer. Témoin de ces atrocités, Lyedecker accepte de s'allier à Yaqui Joe et les indiens pour récupérer les cent fusils promis au chef des rebelles, Romero. Mais celui-ci a trouvé la mort au combat.
Lyedecker, Yaqui Joe et Sarita
Impressionné par les dons de stratège de Lyedecker, les indiens en font leur nouveau leader : ensemble, ils s'emparent du train de Grimes, qui transportent les soldats mexicains. A bord de ce véhicule, ils mènent un assaut spectaculaire contre Verdugo et ses hommes à Nogales. Mais l'effet de surprise et la détermination des insurgés suffiront-ils à leur assurer la victoire ?
Tom Gries (mort à 55 ans en 1977) fut découvert et promu réalisateur par le producteur Stanley Kramer (Le Train sifflera 3 fois). Il signait avec Les 100 Fusils son long métrage le plus spectaculaire, tourné dans les décors d'Almeria en Espagne (où les cinéastes italiens filmaient leurs westerns).
Ce qui frappe d'emblée, c'est que que cette histoire est traitée comme un récit de pirates, menée avec la même énergie et une pointe d'humour qui en agrémente les aspects les plus sombres, sans occulter une réflexion sans concessions sur les guerres raciales. En l'occurrence, il s'agit d'aborder les massacres commis par l'armée mexicaine contre les indiens, et une des originalités de 100 Rifles est son absence de personnages américains - hormis le shérif Lyedecker.
Le film abonde en scènes mémorables, qui lui ont assuré sa place au panthéon du genre : on se souvient notamment de celle où la belle Sarita, véritable pasionaria des révoltés, se douche sous un réservoir d'eau près de la voie ferrée pour tromper la vigilance des soldats mexicains tandis que Lyedecker et Yaqui Joe sont cachés avec les indiens tout autour du site, prêts à attaquer. Un mix de sensualité et de violence détonant, un peu racoleur certes, mais imparable.
L'autre grand moment du film concerne évidemment la scène d'amour entre Jim Brown et Raquel Welch, soit un homme noir et une femme blanche, qui connut un retentissement considérable à l'époque. Le tabou concernant l'amour physique d'un couple multi-racial n'avait pas encore été brisé et si cela ne choque plus grand-monde aujourd'hui (du moins faut-il l'espérer...), en 1969, l'étreinte entre un ex-footballeur célèbre reconverti et un sex-symbol fit couler beaucoup d'encre : le magazine "Variety" la jugea "déplaisante (...), uniquement là pour choquer" et en appela à la censure - et encore Raquel Welch était-elle d'origine mexicaine et son personnage, en pure héroïne de mélodrame, après le dénouement, devait-il connaître le châtiment réservé aux "pécheresses" du genre !
Le tournage ne fut pas de tout repos pour Gries qui, bien que disposant de son plus important budget, dut être très diplomate avec ses vedettes : Burt Reynolds (savoureux en bandido à la fois facétieux et solidaire) se plaignait d'incarner encore une fois un étranger (considérant idiot de jouer un métisse indien moustachu aux cheveux courts), Jim Brown (sobre et imposant) n'était pas à l'aise à cheval et Raquel Welch, mariée à un homme jaloux et mère de deux enfants, rechigna à enlacer langoureusement son partenaire noir, craignant aussi que cela ne compromette son image.
Malgré cela, Les 100 Fusils procure un divertissement irrésistible, souvent spectaculaire, et courageux pour montrer les horreurs commises dans le conflit (chaque camp commet des exactions, même si le scénario prend la défense des indiens). Des critiques prétendent que le film a subi un montage différent que celui voulu par Tom Gries (qui n'avait pas le final cut) : c'est probable, mais pas là où on peut l'attendre (le sort de Sarita, quelques faux raccords). En tout cas, le résultat est d'une efficacité indéniable, avec un vrai panache, accompagnée par la superbe musique composée par Jerry Goldsmith.
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