lundi 3 octobre 2016

CAT BALLOU, de Elliott Silverstein (1965)


CAT BALLOU est un film réalisé par Elliott Silverstein.
Le scénario est écrit par Walter Newman et Frank Pierson, d'après le roman de Roy Chanslor. La photographie est signée Jack Mara. La musique est composée par Frank De Vol.


Dans les rôles principaux, on trouve : Jane Fonda (Catherine "Cat" Ballou), Lee Marvin (Kid Shelleen / Tom Straw), Tom Nardini (Jackson "Two-Bears"), Michael Callan (Clay Boone), Dwayne Hickman (oncle Jed), Jay Flippen (shérif Cardigan), Nat King Cole et Stubby Kaye (les deux chanteurs).
 Les deux chanteurs
(Stubby Kaye et Nat King Cole)

1894. Wolf City. Cat Ballou est sur le point d'être pendue. Mais comment cette jeune et jolie institutrice en est-elle arrivée là ?
Cat Ballou
(Jane Fonda)

Tout avait pourtant bien commencé pour cette jeune diplômée qui retournait à Wolf City pour y enseigner. Mais les choses se gâtèrent rapidement car, dans le train qui l'emportait, un charmant brigand, Clay Boone, allait échapper au shérif Maledon avec la complicité de son oncle Jed déguisé en prêtre. 
Arrivée à destination, Cat est accueillie par son père, Frank, qui la conduit à sa ferme où elle fait la connaissance du palefrenier, Jackson "Two-Bears", un indien sioux, qui la prévient que de riches propriétaires terriens voisins veulent s'emparer du domaine de son père. 
Tim Straw
(Lee Marvin)

Pour intimider Frank, ses ennemis ont engagé le tueur à gâges Tim Straw, reconnaissable à la prothèse métallique qu'il porte pour cacher son nez coupé. Cat assiste au bal où elle danse avec Jackson et retrouve Clay Boone et son oncle Jed tandis que son père accuse le shérif Cardigan d'être vendu aux notables. La fête dégénère quand Jackson, insulté par des cowboys jaloux de la voir danser avec une blanche, provoque une bagarre générale à laquelle Cat n'hésite pas à se mêler. 
Clay et Jed aident Cat à reconduire Jackson et Frank qui leur offre de dormir dans sa grange pour la nuit. Cat, elle, en profite pour écrire une lettre qu'elle enverra au légendaire pistolero Kid Shelleen, dont elle a lu les exploits, pour qu'il vienne les aider. 
Jackson, Cat Ballou, oncle Jed, Clay Boone et Kid Shelleen
(Tom Nardini, Jane Fonda, Dwayne Hickman, Michael Callan et Lee Marvin)

Mais lorsque Kid arrive à Wolf City en diligence, Cat et Jackson découvrent qu'il est devenu un ivrogne dépenaillé, incapable de dégainer ses colts sans avoir bu un verre et n'acceptant de l'aider que contre 50 $. Frank Ballou, plus que dubitatif devant cette recrue, s'éloigne et Tim Straw en profite alors pour l'abattre devant Clay et Jed, médusés.
Cat le poursuit jusqu'en ville mais le shérif refuse de l'arrêter. Elle jure alors de se venger; Mais une mauvaise surprise l'attend en rentrant à la ferme : celle-ci a été saisie pour payer les frais d'inhumation de son père.
Kid Shellen, Cat Ballou, Clay Boone, oncle Jed et Jackson

Clay et Jed entraînent Cat, Jackson, et Kid, ivre mort, dans un village peuplé de repris de justice. Cat met alors au point un plan pour attaquer le train qui convoie la paie des ouvriers de Wolf City.
Le casse se déroule à la perfection, avec beaucoup de chance pour les voleurs. Mais en revenant au village, le gang est est prié de partir car Si Percival, qui voyageait dans le train, protégeait aussi l'endroit et va certainement les rechercher ici. 
Kid Shelleen

Kid Shelleen décide alors d'affronter Tim Straw : il arrête de boire, s'entraîne, se lave, revêt son costume de gunman, aidé par Jackson. Puis il part défier son rival qu'il débusque dans un bordel et abat en duel régulier. Il reste à raisonner Percival dont les hommes de main inspectent la région. 
Cat Ballou

Cat se présente à lui, moulée dans une robe fourreau rouge affriolante, pour mieux, une fois seule avec lui, le menacer d'une arme pour le forcer à signer une lettre dans laquelle il reconnaît avoir engagé Tim Straw pour tuer son père. Mais il tente de désarmer la jeune femme et, ce faisant, elle le tue accidentellement.
 Cat Ballou

Cat attend donc son exécution après avoir été vite jugée et condamnée. Clay et Jackson d'un côté, Kid d'un autre, et oncle Jed, à nouveau déguisé en prêtre pour recueillir sa dernière confession, réussiront-ils in extremis à la sauver de la potence ?

Bon, ça va finir par se voir que j'adore Jane Fonda, mais, promis, je vais me calmer. Il n'empêche, ce serait dommage de ne pas vous conseiller de (la) (re)voir dans cet irrésistible Cat Ballou

La première surprise de ce western est qu'il a été adapté d’un roman dramatique écrit par Roy Chanslor (à qui on doit aussi le mythique récit de Johnny Guitar, porté à l'écran par Nicholas Ray en 1954) et qui a été transformé en parodie par Walter Newman et Frank Pierson sur l'idée du producteur Harold Hecht. Contre toute attente, cette relecture fonctionne de manière savoureuse en détournant tous les clichés du genre, se moquant ouvertement de la légende des gunmen, des attaques de train, réhabilitant les indiens, et plaçant une femme au premier plan. Cette audace a même valu à Cat Ballou d'être distingué comme le dixième meilleur western de tous les temps par le très sérieux American Film Institute ! 

Est-ce pour cela que nombre de critiques européens n'apprécient pas ce long métrage, le jugeant surestimé ?  Il est vrai que le résultat ne brille guère par sa légèreté et son raffinement, mais pourtant c'est très drôle et enlevé : en 90 minutes, on s'amuse beaucoup en suivant les (més)aventures de Cat Ballou, comme on le ferait avec un album de Lucky Luke écrit par Goscinny. 

Le récit prend donc la forme d'un long flash-back au terme duquel on apprend ce qui a conduit une jeune, jolie et sage institutrice fraîchement diplômée en prison et condamnée à être pendue en place publique. Les péripéties s'enchaînent sans temps mort au gré des rencontres que fait Catherine Ballou avec ahurissement : de son père, Frank, menacé d'expropriation par des rivaux plus riches et sans scrupules (n'ont-ils pas empoisonné son puits en y versant du purin ?) au palefrenier indien Sioux, Jackson, qui s'exprime comme un fin lettré plus civilisé que tous les cowboys et notables du coin en passant par l'inénarrable tandem formé par le brigand charmeur Clay Boone (qui préfère séduire les jolies filles que s'engager avec elles ou dans des coups trop dangereux) et son oncle Jed (qui revêt sans honte l'habit d'un prêtre pour l'aider à s'évader).

Le méchant du film est Tim Straw, défiguré de manière ridicule et qui cache son nez mutilé derrière une prothèse métallique, et dont la lâcheté est indéniable. Pour le contrer, il faut compter sur Kid Shelleen, ex-pistolero devenu un parfait soiffard dont la "résurrection" doit tout à l'affection qu'il porte à la seule femme ayant été indulgente avec lui. Dans ce double (voire triple, si on compte donc les deux périodes du Kid) rôle, on assiste à au extraordinaire numéro comique, insoupçonné, de la part de Lee Marvin. Célèbre pour ses compositions de dur-à-cuire souvent inquiétants et maléfiques (immortalisé dans L'Homme qui tua Liberty Valance, de John Ford en 62), il est ici hilarant et remportera l'Oscar du meilleur acteur.

S'animant comme de bons diables, que Elliott Silverstein filme parfois avec inspiration (voir la scène où le gang s'enfuit après l'attaque du train et est pris en chasse, sur un montage accéléré comme les comédies du muet), les seconds rôles défendent bravement des personnages taillés souvent largement : Michael Callan en fripouille obsédé sexuel, Dwayne Hickman en suiveur fidèle mais prudent, Tom Nardini en peau-rouge distingué, sans oublier le duo Nat King Cole-Stubby Kaye qui ponctuent l'histoire à la manière d'un iconoclaste choeur antique (mais avec des ritournelles beaucoup plus boogie-woogie).   

Et puis donc, il y a Jane Fonda. Si vous n'êtes jamais tombé sous le charme d'une actrice (et d'elle en particulier), regardez-la dans Cat Ballou et vous craquerez car elle y est pétillante, craquante, imparable. Sa beauté est éclatante lors de la scène où elle est reçue par Percival, moulée dans une robe fourreau rouge, un boa en plumes autour du cou : quelle charme extraordinaire ! (Catherine Deneuve déclarait dans une interview à "Première" : "le vocable a changé. On cherche des 'gueule', des 'visages émouvants', des 'corps singuliers". La beauté appartient au passé.", mais quand je vois Jane Fonda, je suis amoureux d'elle comme que je le suis de Audrey Hepburn, Grace Kelly, ou Emma Stone, Jennifer Lawrence, Léa Seydoux... La beauté de ces actrices, qui n'éclipse pas leur talent d'interprètes, est un ravissement pour le spectateur et une grâce pour leurs films.)

Cat Ballou, c'est cela : un divertissement mais plein de charme, de malice, porté par un acteur "hénaurme" et une des plus belles femmes que le cinéma ait filmée, tout dans un écrin western qui nous renvoie en enfance.
*
Bonus : 
pour prouver que Cat Ballou est la plus sexy des cow-girls,
admirez Jane Fonda sur ces photos promotionnelles
à l'époque de la sortie du film.
 
 

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