TOUT VA BIEN ! THE KIDS ARE ALL RIGHT (The Kids are all right) est un film réalisé par Lisa Cholodenko.
Le scénario est écrit par Lisa Cholodenko et Stuart Blumberg. La photographie est signée Igor Jadue-Lillo. La musique est composée par Carter Burwell.
Dans les rôles principaux, on trouve : Annette Bening (Nic), Julianne Moore (Jules), Mark Ruffalo (Paul), Mia Wasikowska (Joni), Josh Hutcherson (Laser), Yaya DaCosta (Tania).
(Josh Hutcherson, Julianne Moore, Annette Bening et Mia Wasikowska)
En couple depuis une vingtaine d'années, Nic, obstétricienne, et Jules, paysagiste, élèvent leurs deux enfants, Joni, 18 ans, et Laser, 17 ans. Elles ignorent cependant que ce dernier souhaite rencontrer son père biologique. Grâce à sa soeur aînée, une rencontre est donc organisée avec Paul dont ils ont obtenu les coordonnées grâce à la banque du sperme.
(Mark Ruffalo)
Un peu anxieux, Paul reçoit donc ses deux enfants qui sont tous les deux enthousiasmés par sa personnalité cool et son style de vie à la fois aisé et bohème. Ils l'invitent aussitôt à dîner chez leurs mères qui, lorsqu'elles l'apprennent, accueillent la nouvelle très différemment : Jules est curieuse, Nic beaucoup plus mal à l'aise.
Naturellement, Nic trouve ensuite Paul peu à son goût, trop suffisant. Même si elle prétend la même chose, Jules l'a en vérité davantage apprécié, d'autant qu'il l'a engagée pour qu'elle s'occupe du jardin négligé de sa maison. Paul a deviné qu'elle n'était pas épanouie professionnellement, écrasée par la personnalité dominante de Nic, ni sexuellement, puisqu'il la séduit facilement et couche avec elle pendant que le jardinier qu'elle a employé pour l'aider sue à la tâche.
Paul consacre aussi du temps à Joni, qui supporte de plus en plus mal les règles de la vie de famille alors qu'elle est sur le point d'entrer à l'université. Laser, lui, traîne avec son ami, Clay, dont les idioties, après l'avoir longtemps amusé, lui apparaissent de plus en plus comme l'expression de préjugés dégradants envers les autres. Après avoir avoué à Jules ses sentiments pour elle, Paul n'hésite pas à rompre avec Tania, sa superbe compagne, puis il invite les enfants et leurs mères à dîner chez lui.
Nic se détend à cette occasion, appréciant les efforts déployés par leur hôte. Mais elle découvre, en allant se rafraîchir dans sa salle de bains des cheveux roux sur sa brosse et dans baignoire puis sur un des oreillers de son lit : elle comprend alors que Jules a une liaison avec Paul. De retour chez elles, les deux femmes se disputent, Jules avouant son infidélité mais aussi son sentiment de trop vivre aux crochets de Nic. Joni et Laser surprennent leur dispute et assistent, atterrés, à la crise qui s'ensuit, les jours après.
Paul tente de gagner le pardon des enfants mais ils le rejettent. Jules s'excuse à son tour devant Nic, Laser et Joni. Quelques jours après, l'adolescente s'installe à la cité universitaire. Sur la route du retour, Laser déconseille ironiquement à ses mères de songer à se séparer à cause de leur âge. Elles s'en amusent puis joignent leurs mains.
Tout d'abord, ne vous fiez ni au titre français qui rallonge inutilement l'original en voulant souligner le caractère positif de l'histoire. Ne vous méprenez pas non plus avec la référence à la chanson des Who (The Kids are all right). S'il faut absolument trouver une influence au film de Lisa Cholodenko, c'est bien du côté de la folk intimiste et délicatement mélancolique de Joni Mitchell (d'ailleurs évoquée lors d'une jolie scène).
Le scénario s'inscrit donc dans le registre certes sentimental mais raffiné de la chronique et la réalisatrice évoque, à la faveur d'un quiproquo, les années qui rattrapent son couples d'héroïnes lesbiennes et leurs deux enfants quand ceux-ci retrouvent l'homme qui a donné son sperme aux deux femmes et leur a donc permis de devenir mères.
Le premier mérite de ce projet est d'éviter d'aborder de manière politique ou social le thème de l'homoparentalité (Nic et Jules se considèrent d'ailleurs comme mariées) pour mieux se concentrer sur une cellule familiale dont les lignes de tension vont apparaître lorsqu'un corps à la fois proche et étranger s'y invite. Le film esquive habilement toute démonstration ou pathos pour traiter avec une remarquable subtilité psychologique les hésitations qui agitent alors chacun des membres de ce groupe : Laser est celui qui vit la situation avec le plus de détachement (de fait, c'est aussi le personnage le moins bien développé - et le récit n'aurait rien perdu s'il n'avait pas été là, l'interprétation transparente de Josh Hutcherson ne sauvant rien) ; Joni apprécie Paul en qui elle voit la figure indépendante, chaleureuse et accessible qu'elle souhaiterait devenir ; Jules est troublée par cet homme solaire, jouisseur à un moment de son existence où elle doute beaucoup d'elle-même ; et Nic l'envisage très vite comme un dangereux rival, capable à la fois de menacer son couple mais aussi sa famille.
Les péripéties qui illustrent l'impact que provoque Paul, brave type, gaffeur et dépassé par le bonheur d'une paternité inattendue, renvoient, par son rythme à la fois vif et précis, à une collection de vignettes, à une série d'épisodes proche d'une "sitcom", d'abord très drôle avant de glisser vers plus de gravité vers la fin (une rupture de ton d'ailleurs peu inspirée, comme si les auteurs n'assumaient pas l'exploitation légère mais néanmoins nuancée du sujet). Le résultat, malgré tout, demeure toujours sensible et très juste, mis en scène de manière classique.
L'écriture de Stuart Blumberg et Lisa Cholodenko privilégient les scènes longues aux dialogues ciselés, ce qui permet aux sentiments animant les protagonistes d'être bien partagés par le spectateur, depuis le trouble sexuel jusqu'au désir de paternité en passant par la trahison.
Mais cela n'aurait pas été possible sans la formidable troupe de comédiens, depuis Annette Bening (fabuleuse en épouse jalouse) jusqu'à Mia Wasikowska (lumineuse en adolescente conquise) en passant par Julianne Moore (épatante de drôlerie) et Mark Ruffalo (parfait en hédoniste maladroit). Tous jouent avec un naturel confondant, exprimant avec naturel la gêne, la complicité, le doute. J'aurai préféré une sortie moins sévère pour le personnage de Paul et un peu plus de place pour celui de Tania (incarnée par la sublime Yaya DaCosta), mais rien de préjudiciable.
Au final, Tout va bien ! The Kids are all right est un joli "feel-good movie", en équilibre entre les effets du cinéma indépendant américain et le format du divertissement grand public - une équation acrobatique mais ici bien calculée.
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