SOUND OF MY VOICE est un film réalisé par Zal Batmanglij.
Le scénario est écrit par Zal Batmanglij et Brit Marling. La photographie est signée Rachel Morrison. La musique est composée par Rostam Batmanglij.
Dans les rôles principaux, on trouve : Brit Marling (Maggie), Christopher Denham (Peter Aitken), Nicole Vicius (Lorna Michaelson), Richard Wharton (Klaus), Kandice Stroh (Joanne), Davenia McFadden (Carol Briggs), Avery Pohl (Abigail Pritchett).
Klaus, Lorna et Peter(Richard Wharton, Nicole Vicius et Christopher Denham)
Peter Aitken, un instituteur, et sa fiancée, Lorna Michaelson, infiltrent une secte pour y réaliser, à l'insu de ses membres, un reportage amateur visant à en dénoncer les pratiques et à en démasquer le gourou. Ils sont conduits, les yeux bandés et les poignets liés, dans le garage d'une villa, où Klaus, le bras droit du chef, les reçoit.
Maggie(Brit Marling)
Après avoir été méticuleusement fouillés, leurs biens personnels confiés à un adepte, puis obligés de se doucher et de s'habiller avec des tuniques d'hôpital, ils sont introduits dans le cercle des "élus" en compagnie d'un autre couple, Christine et Lam, pour débuter leur initiation. Klaus leur enseigne une série de signes d'identification, composés de poignées de mains, puis on leur prélève du sang. Ils n'auront pas le droit de poser des questions sans y être invités.
Peter et Maggie
Contre toute attente, le gourou est une jeune femme, belle mais à la santé visiblement fragile, prénommée Maggie. Devant ses disciples prosternés devant elle, elle prétend venir du futur, en 2054, à une époque où le pays a été ravagé par une guerre civile. Elle a remonté le temps jusqu'à nos jours, réduite d'abord au vagabondage, désorientée, avant que Klaus ne vienne la sauver et la soigner. Le groupe doit se préparer à affronter ce sombre avenir à partir des connaissances de Maggie.
Lorna et Peter
L'expérience trouble Lorna et Peter, bien que celui-ci soit déterminé à mener son projet à son terme : il n'hésite pas ainsi, pour enregistrer, une séance du groupe à avaler un microphone. Mais lors de la réunion, Maggie demande à ses adeptes de se forcer à vomir pour se purger. Devant le refus de Peter, elle le provoque en l'interrogeant sur son passé et les failles qu'elle y devine jusqu'à ce qu'il avoue, en larmes, avoir subi des violences sexuelles de la part de son grand-père qui l'a élevé après la mort de sa mère. Il vomit à son tour mais réussit à récupérer son micro sans être remarqué.
Peter
Remarquant l'obsession maladive de Peter, à la fois furieux contre Maggie et fasciné par elle, Lorna se dispute avec lui et finit par le renvoyer de leur domicile. Peu après, elle croise Carol Briggs, agent du F.B.I., qui lui révèle la vérité sur les antécédents délinquants de Maggie et obtient son aide pour l'arrêter. Peter est, lui, sollicité par Maggie qui veut qu'il lui emmène une de ses élèves, une fillette de huit ans, Abigail Pritchett, dont elle prétend qu'elle est sa mère.
Maggie
Sans en aviser Peter, Lorna piège Maggie lorsque celle-ci rencontre Abigail lors d'une sortie scolaire dans un musée. Juste avant son arrestation, elles échangent les signes d'identification devant Peter, médusé. Mais, pensant que Peter les a trahis, Klaus va appeler un avocat juste après que le FBI ait embarqué Maggie.
Cette semaine, j'ai regardé sur Netflix une formidable série, The OA, créée, écrite et réalisée par Zal Batmanglij et Brit Marling, que je vous recommande vivement : c'est une des productions les plus fascinantes que j'ai vue sur le petit écran ces dernières années, 13 épisodes renversants (avant, peut-être, une saison 2 ?). En échangeant à son propos sur un forum, j'ai appris que le réalisateur et l'actrice n'en étaient pas à leur coup d'essai et on m'a alors conseillé de découvrir leurs précédentes collaborations, The East (2013) et donc Sound of My Voice (2011).
Financé pour des clopinettes, mais remarqué dans plusieurs festivals, dont celui, incontournable pour un projet indépendant, de Sundance, ce long métrage n'a pourtant pas été exploité en salles en France. Raison de plus pour lui rendre justice - et comprendre pourquoi il a passionné tous ceux qui l'ont vu.
L'histoire questionne, de manière subtile, en le dénonçant mais sans sombrer dans le film-dossier, le phénomène des sectes, ici considéré sous la forme d'un groupe réduit au but énigmatique (en effet, les "élus" ne sont pas mis financièrement à contribution, il n'y a pas d'objectif terroriste non plus). En refusant de cibler le problème sous l'angle de l'intérêt que tire le gourou de ses adeptes, le propos devient plus trouble et perturbant, et les individus en quête de réponses significatives (sinon exactes) à des interrogations qui les dépassent sont en vérité agrégés pour des raisons nébuleuses qui les rendent difficiles à juger (on devine quelques paumés dans l'assistance, mais aussi des personnes plus rationnelles).
La figure du gourou est elle-même surprenante puisqu'elle a le visage doux et lumineux et la silhouette élancée de Brit Marling, dont l'interprétation, à l'ambiguïté redoutable jusqu'au bout, magnétise le spectateur. De sa voix bienveillante (dont le son est ce qui restera à ses disciples une fois qu'ils seront seuls face aux sombres lendemains qu'elle leur prédit - d'où le titre), elle raconte une histoire invraisemblable avec une conviction dérangeante (elle viendrait du futur) - suffisamment en tout cas pour semer le doute chez le couple de reporters amateurs qui ont infiltré sa secte dans le but de déjouer une escroquerie.
Christopher Denham et Nicole Vicius interprètent sobrement ces espions au passé tumultueux, que Maggie/Brit Marling semble percer à jour avec une facilité déconcertante. Cette perspicacité installe un suspense accrocheur car on frémit constamment à l'idée qu'ils soient démasqués avant d'avoir réussi à la mystifier. Le fait d'avoir confié ces rôles à des comédiens peu (et même pas du tout, en ce qui me concerne) connus permet de croire à leur mission, renforcé par le dispositif de mise en scène - une caméra tantôt flottante, tantôt fixe, dans des décors dépouillés (majoritairement en intérieurs). Le manque de moyens financiers, loin de jouer contre le film, en augmente au contraire la force immersive par la qualité de son écriture, le soin apporté aux ambiances (plus l'histoire avance, plus Peter devient fébrile - autant par la fascination évidente qu'exerce Maggie sur lui que par sa volonté de la piéger - et son couple avec Lorna - dépassée par l'obsession de Peter - plonge dans une crise interne).
Le malaise est ponctué par cette frustration croissante et des scènes à l'équilibre fragile entre absurdité (un adepte fait remarquer à Maggie que la chanson du futur qu'elle leur interprète est en fait un titre des Cranberries sorti dans les années 90, ce qui, peu après, cause son exclusion du groupe) et vraisemblance (la répétition des signes d'identification entre Maggie et Abigail, qui suggère qu'elles sont peut-être bien la fille et la mère, remettant en cause). Découpé en dix chapitres, comme autant de mini-épisodes, le film montre aussi à quel point il a intégré la mécanique des séries télé (ou des chapitrages des DVD) pour aboutir à un dénouement certes plus convenu que ce qui l'a précédé mais qui laisse le spectateur dans un doute aussi médusé que Peter.
En définitive, donc, Sound of My Voice est à la fois un brillant exercice de manipulation et une sorte d'échauffement avant le magistral développement qu'est The OA.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire