ALWAYS SHINE est un film réalisé par Sophia Takal.
Le scénario est écrit par Lawrence Michael Levine. La photographie est signée Mark Schwartzbard. La musique est composée par Michael Montes.
Dans les rôles principaux, on trouve : MacKenzie Davis (Anna), Caitlin Fitzgerald (Beth), Lawrence Michael Levine (Jesse), Kahn Baykal (Paul), Alexander Koch (Matt).
Beth(Caitlin Fitzgerald)
Beth est une jeune actrice dont la carrière commence à décoller, même si les films d'épouvante à petit budget qu'elle tourne lui imposent de nombreuses scènes dénudées. Pour se changer les idées, elle accepte l'invitation de sa meilleure amie, Anna, également comédienne, dans un chalet isolé de Big Sur.
Anna(MacKenzie Davis)
Le soir de leur arrivée, les deux jeunes femmes vont boire un verre dans un bar où Beth remarque un homme qui semble séduit par Anna. Celle-ci l'invite à leur table et se met à flirter, mais elle se montre trop entreprenante pour lui qui, une fois qu'elle a tourné le dos, en profite pour échanger son numéro de téléphone avec Beth en espérant la revoir à Los Angeles.
Pas de réseau dans ce coin perdu de Big Sur...
Le lendemain, visiblement contrariée par ce qui s'est passé dans la soirée, Anna aide Beth à répéter une scène et fait preuve d'agressivité en prétextant que c'est ainsi que le rôle devrait être joué. Elles partent ensuite en randonnée dans les bois où elles croisent Matt, un réalisateur de courts métrages qui avait demandé à Beth de la mettre en relation avec Anna - sauf qu'elle ne l'a jamais fait.
Jusqu'ici tout va (à peu près) bien...
Une fois seules, elles se disputent, Anna estimant que Beth est jalouse de son talent et veut l'empêcher de décrocher des rôles. De retour au chalet, Beth téléphone à son fiancé, Paul, à qui elle se confie sur ses rapports tendues avec Anna, laquelle surprend cet échange. Beth, effrayée, s'enfuit dans les bois, poursuivie par Anna.
Une répétition révélatrice...
Au matin, Anna se réveille, seule, au chalet. Elle enfile une robe et un blouson appartenant à Beth. Au bar où elle a ses habitudes, elle se laisse charmer par le serveur, Jesse, et couche avec lui. Il l'invite à dîner chez un couple d'amis, mais elle est troublée par des visions de Beth qui se montre agressive envers elle. Fuyant à son tour dans la forêt, elle se rappelle alors des circonstances dans lesquelles elle a tuées son amie en l'étranglant.
Anna
Au matin, elle regagne le chalet où la police emporte le cadavre de Beth en présence de son fiancé, Paul.
Produit grâce à une campagne de financement participatif, ce petit thriller a été remarqué au festival de TriBeCa, créé par Robert de Niro, avant d'être exploité dans un circuit limité de salles (mais sans arriver jusqu'en France à ma connaissance).
Lawrence Michael Levine, qui joue également le rôle secondaire de Paul (le fiancé de Beth), a écrit le scénario en s'inspirant visiblement de grands classiques, comme Persona (Ingmar Bergman, 1966), Répulsion (Roman Polanski, 1965), Opening Night (John Cassavettes, 1977) ou Mulholland Drive (David Lynch, 2001) : ces références sont évidentes dans un récit qui explore à la fois l'amitié entre deux actrices, la jalousie qui mine leur relation, la folie qui gagne l'une d'elles. Mais elles sont aussi écrasantes pour une oeuvre aux moyens aussi modestes et au style moins inspiré.
Là où Always Shine, dont le titre est habilement ironique, est le plus efficace, c'est dans sa capacité à exprimer la frustration du personnage d'Anna, qu'on perçoit dès son apparition (quand elle ergote contre un mécanicien à propos d'une facture pour des réparations sur sa voiture). La suite ne fait que confirmer le mal-être profond de cette actrice ratée mais pourtant talentueuse qui envie le succès naissant de sa camarade, même si cette dernière ne tourne que dans de pitoyables nanars horrifiques où il est question de trolls et de serial killers et dans lesquels elle doit souvent se dénuder. Puis cette jalousie tourne au mépris, s'alimente en colère, en dépit (quand elle s'indigne - à juste raison d'ailleurs - que Beth ne l'ait pas mise en contact, comme elle s'y était engagée, avec un metteur en scène).
Cette progression qui aboutira au meurtre a lieu dans des décors ajoutant à l'angoisse : un chalet retiré, une forêt sombre... C'est aussi là qu'on mesure le peu d'argent dont a bénéficié le film, mais la réalisatrice Sophia Takal sait s'en contenter et réussit à installer une ambiance délétère et oppressante sans perdre son temps (l'affaire est pliée en 85 minutes), grâce aussi à un montage soigné qui ponctue le récit d'images presque subliminales - dont on comprend in fine qu'elles montrent ce qui va se passer (les disputes, la poursuite dans les bois, le meurtre de Beth) ou ce qui revient hanter Anna (lorsqu'elle croit voir le fantôme vengeur de Beth).
L'interprétation a été confiée à deux actrices remarquées dans des séries télé : d'un côté, MacKenzie Davis, repérée dans Halt and Catch Fire ou (pour ma part) dans un épisode de Black Mirror (le superbe San Junipero), est remarquable dans la peau de cette jeune femme dévorée par la déception et le ressentiment ; de l'autre, Caitlin Fitzgerald, issue de Masters of Sex, donne de Beth une image trouble très intéressante, victime et coupable à la fois, fébrile et agaçante.
Always Shine n'égale donc pas en puissance ses modèles évidents, mais distille un parfum tortueux et allusif riche de promesses si ses auteurs ont l'opportunité de développer (à la manière du duo Zal Batmanglij-Brit Marling) leurs obsessions.
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