LE CORSAIRE ROUGE (The Crimson Pirate) est un film réalisé par Robert Siodmak.
Le scénario est écrit par Robert Kibbee. La photographie est signée Otto Heller. La musique est composée par William Aldwyn.
Dans les rôles principaux, on trouve : Burt Lancaster (Vallo), Nick Cravat (Ojo), Eva Bartok (Consuelo), Leslie Bradley (baron Don José Gruda), Frederik Leister (El Libre).
Fin du XVIIIème siècle. Le capitaine Vallo dit "le corsaire rouge" fait régner la terreur dans les Caraïbes.
Le baron Gruda est chargé par le gouverneur d'Espagne de réprimer sévèrement le soulèvement d'une des îles de la région mais, en affrontant Vallo, il est abandonné par ses hommes et dépouillé de son bateau et de ce qu'il contient.
Avec ce navire royal en sa possession, Vallo compte tirer un gros profit de la vente de ses armes aux rebelles et livrer le pirate El Libre aux espagnols, mais ses compagnons refusent ce dernier marché douteux et envisagent de se mutiner.
Epris de la fille de El Libre, il prend fait et cause pour les rebelles contre les Ibères.
Vallo et Ojo
(Burt Lancaster et Nick Cravat)
(Au centre) le baron Gruda
(Leslie Bradley)
Vallo et Consuelo
(Burt Lancaster et Eva Bartok)
Avec ce film d'aventures survitaminé, Robert Siodmak satisfait tout ce que le spectateur peut attendre de ce genre de productions : des combats spectaculaires, des héros hauts en couleurs, du romantisme exacerbé, des couleurs éclatantes. 105' de plaisir garanti !
Mais plus encore que toutes ces qualités réunies, c'est le parfait dosage entre les péripéties qui s'enchaînent à un rythme effréné et l'humour malicieux qui le distingue du lot : Vallo et Ojo, les deux corsaires affrontent mille dangers le sourire aux lèvres - deux rôles idéaux pour le duo Burt Lancaster-Nick Cravat.
Les deux hommes se connaissent bien puisqu'ils ont été, longtemps avant de faire carrière à Hollywood, partenaires et acrobates dans un cirque, ils réalisent donc toutes leurs (fabuleuses) cascades eux-mêmes, ce qui ajoutent aux frissons du divertissement.
Plus encore que dans La Flèche et le flambeau (Jacques Tourneur, 1950), Le Corsaire rouge fournit le cadre impeccable pour valoriser leurs talents d'interprètes et de voltigeurs, transformant le récit en un grandiose numéro et unique.
Mais ces moments exaltants ne doivent pas occulter que le script original, rédigé par Waldo Salt, a dû être remanié à cause d'allusions communistes qui valurent à l'auteur d'être "blacklisté". Malgré tout, l'histoire conserve son aspect subversif car il n'est pas commun d'assister à un soulèvement populaire à coups de nitroglycérine - transposition transparente de la possession par les soviétiques de la bombe atomique. La charge symbolique est également lisible et subtile comme lorsque des soldats espagnols en patrouille, bien alignés, tombent comme dans un jeu de quilles : esthétiquement, cela suggère que ce qui est en apparence si chaotique et en vérité le produit d'une minutieuse chorégraphie mise en scène avec précision.
Il ne faut toutefois pas sur-interpréter ce divertissement en le commentant comme un film trop politiquement engagé malgré son message de reversement de l'ordre établi. Les ruptures de ton dans l'intrigue, l'enchaînement des scènes d'actions, l'alternance de pathétique et de comique, tout concourt à amuser, dépayser, à ne pas se prendre au sérieux.
Si Le Corsaire rouge est sans aucun doute un sommet du film de pirates, encore 62 ans après, c'est aussi pour son esprit libertaire. Il marque un point culminant dans le genre dit du "swashbuckler" : en effet, l'effondrement progressif, au cours des années 50, du système traditionnel des grands studios allait rendre impossible le financement de telles productions tournées en mer sur des répliques grandeur nature de navires d'époque - éléments aujourd'hui remplacés par les possibilités techniques du numérique dans des films à la fois plus amples et plus boursouflés, plus longs mais moins vifs, sombrant (c'est le cas de le dire) dans une parodie grasse (voir la série des Pirates des Caraïbes).
Avec ce chef d'oeuvre, Robert Siodmak n'a pas seulement immortalisé le crépuscule des sympathiques pirates mais aussi une certaine manière de concevoir ce type de cinéma populaire.
Mais plus encore que toutes ces qualités réunies, c'est le parfait dosage entre les péripéties qui s'enchaînent à un rythme effréné et l'humour malicieux qui le distingue du lot : Vallo et Ojo, les deux corsaires affrontent mille dangers le sourire aux lèvres - deux rôles idéaux pour le duo Burt Lancaster-Nick Cravat.
Les deux hommes se connaissent bien puisqu'ils ont été, longtemps avant de faire carrière à Hollywood, partenaires et acrobates dans un cirque, ils réalisent donc toutes leurs (fabuleuses) cascades eux-mêmes, ce qui ajoutent aux frissons du divertissement.
Plus encore que dans La Flèche et le flambeau (Jacques Tourneur, 1950), Le Corsaire rouge fournit le cadre impeccable pour valoriser leurs talents d'interprètes et de voltigeurs, transformant le récit en un grandiose numéro et unique.
Mais ces moments exaltants ne doivent pas occulter que le script original, rédigé par Waldo Salt, a dû être remanié à cause d'allusions communistes qui valurent à l'auteur d'être "blacklisté". Malgré tout, l'histoire conserve son aspect subversif car il n'est pas commun d'assister à un soulèvement populaire à coups de nitroglycérine - transposition transparente de la possession par les soviétiques de la bombe atomique. La charge symbolique est également lisible et subtile comme lorsque des soldats espagnols en patrouille, bien alignés, tombent comme dans un jeu de quilles : esthétiquement, cela suggère que ce qui est en apparence si chaotique et en vérité le produit d'une minutieuse chorégraphie mise en scène avec précision.
Il ne faut toutefois pas sur-interpréter ce divertissement en le commentant comme un film trop politiquement engagé malgré son message de reversement de l'ordre établi. Les ruptures de ton dans l'intrigue, l'enchaînement des scènes d'actions, l'alternance de pathétique et de comique, tout concourt à amuser, dépayser, à ne pas se prendre au sérieux.
Si Le Corsaire rouge est sans aucun doute un sommet du film de pirates, encore 62 ans après, c'est aussi pour son esprit libertaire. Il marque un point culminant dans le genre dit du "swashbuckler" : en effet, l'effondrement progressif, au cours des années 50, du système traditionnel des grands studios allait rendre impossible le financement de telles productions tournées en mer sur des répliques grandeur nature de navires d'époque - éléments aujourd'hui remplacés par les possibilités techniques du numérique dans des films à la fois plus amples et plus boursouflés, plus longs mais moins vifs, sombrant (c'est le cas de le dire) dans une parodie grasse (voir la série des Pirates des Caraïbes).
Avec ce chef d'oeuvre, Robert Siodmak n'a pas seulement immortalisé le crépuscule des sympathiques pirates mais aussi une certaine manière de concevoir ce type de cinéma populaire.
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