vendredi 14 octobre 2016

ADALINE, de Lee Toland Krieger (2015)


ADALINE (The Age of Adaline) est un film réalisé par Lee Toland Kriger (uniquement disponible en VOD en France).
Le scénario est écrit par J. Mills Goodloe et Salvador Paskowitz. La photographie est signée David Lazenberg. La musique est composée par Rob Simonsen.


Dans les rôles principaux, on trouve : Blake Lively (Adaline Bowman / Jennifer Larson), Michiel Huisman (Ellis Jones), Harrison Ford (William Jones), Ellen Burstyn (Flemming Bowman à 82 ans), Kathy Baker (Kathy Jones), Amanda Crew (Kikki Jones), Peter James Grey (James Prescott), Izabel A. Pearce et Cate Richardson (Flemming Bowman à 5 ans et à 20 ans).
 Adaline Bowman / Jennifer Larson
(Blake Lively)

31 Décembre 2014. San Francisco. Adaline Bowman paie un faussaire pour des cartes d'identité aux noms de Jennifer Larson et Susan Fleischer. Puis elle se rend à la bibliothèque municipale où elle travaille comme archiviste. En visionnant de bandes d'actualité du début du XXième siècle, elle se rappelle son propre passé car, si elle les traits d'une jeune femme de 29 ans, elle est née en vérité en 1908 et s'appelle Adaline Bowman.
En 1929, elle rencontre James Prescott, jeune ingénieur durant la construction du Golden Gate et l'épouse. En 1932 naît leur fille, Flemming. En 1937, James trouve accidentellement la mort sur le chantier du pont. Dix mois plus tard, sur une route la nuit, Adaline perd le contrôle de sa voiture qui chute dans une rivière gelée. La foudre s'abat sur son véhicule et, du même coup, la réanime alors qu'elle était en état anoxique.
Ellis Jones et Adaline Bowman/Jennifer Larson
(Michiel Huisman et Blake Lively)

Les années passent et Adaline constate qu'elle ne vieillit pas alors que sa fille devient une jeune femme : bien que ne trouvant aucune explication scientifique, elle comprend qu'elle est devenue immortelle suite à son accident et aura 29 ans pour toujours. En 1943, le FBI la repère et cherche à la soumettre à des expériences mais elle réussit à s'échapper. Désormais, tous les dix ans, elle changera de nom, d'adresse, de job pour rester libre et en sécurité.  
Flemming et Adaline
(Ellen Burstyn et Blake Lively)

Sortie assister au vernissage d'une exposition de photos d'époque (où elle apparaît sur certaines), Adaline Bowman alias Jennifer Larson est abordée par Ellis Jones dont elle apprend le lendemain qu'il fait une importante donation d'éditions originales à la bibliothèque municipale pour la revoir. Elle accepte de dîner chez lui et ils passent la nuit ensemble. Mais, sachant cette histoire sans avenir, Adaline/ Jennifer reprend les préparatifs pour partir dans l'Oregon. Sa fille Flemming, désormais âgée de 82 ans, tente de la raisonner pour qu'elle cesse de fuir.
William, Kathy, Kikki et Ellis Jones et Adaline Bowman/Jennifer Larson
(Harrison Ford, Kathy Baker, Amanda Crew, Michiel Huisman et Blake Lively)

Adaline/Jennifer accepte de passer un week-end en amoureux avec Ellis chez les parents de ce dernier. Une surprise l'y attend puisque William, le père de famille, a été un de ses amants dans les années 60. Troublé, celui-ci se souvient de leur romance en Angleterre et en Amérique durant cinq semaines avant qu'elle disparaisse subitement alors qu'il allait la demander en mariage.
William Jones (jeune) et Adaline Bowman
(Anthony Ingruber et Blake Lively)

En remarquant une cicatrice sur la main gauche de Jennifer, William reconnaît la trace d'une blessure qu'Adaline s'était faite lorsqu'ils étaient ensemble. Elle lui avoue tout mais choisit de partir sur-le-champ. Ellis part à sa recherche et la retrouve gravement blessée après un accident de la route. Les secours arrivent et la réaniment. A l'hôpital, elle lui explique qui elle est vraiment et lui présente Flemming, qui s'était d'abord présentée comme sa grand-mère.
Un an après, alors qu'elle se prépare pour sortir avec Ellis, Adaline comprend qu'elle n'est plus immortelle en se détachant un cheveu blanc - une découverte qui la soulage car elle signifie qu'elle vivra désormais normalement.

Comme Welcome Back de Cameron Crowe, Adaline n'a pas eu droit à une exploitation traditionnelle en salles malgré son casting accrocheur, et c'est donc en VOD (ou, autrement dit, e-cinéma) que ce long métrage a été diffusé en France.

Le quatrième opus de Lee Toland Krieger (remarqué avec The Vicious Kind, en 2009) ne démérite pourtant pas, réunissant les vedettes féminine de la série Gossip Girl et masculine de Game of Thrones aux côtés d'Indiana Jones, pour une romance fantastique assez fine, bien plus digeste, sur un thème similaire, que L'étrange histoire de Benjamin Button de David Fincher (2008). 

Même si les scénaristes (ou les producteurs, toujours trop prudents ?) ont cru bon d'ajouter au début et à la fin une voix off ridiculement pompeuse pour expliquer sérieusement ce qui a rendu Adaline immortelle puis mortelle à nouveau (précaution inutile, superflue même), l'argument est bien développé, avec une humilité certaine mais non sans délicatesse ni originalité.

S'appuyant donc sur une solide bande d'acteurs, le réalisateur sait en jouer pour souligner l'étrangeté de la situation d'Adaline : ainsi voir (la sublime - et je pèse mes mots : cette fille est vraiment d'une beauté renversante, d'une classe folle) Blake Lively être appelée "Maman" par Ellen Burstyn permet rapidement et habilement de mesurer à quel point l'immortalité peut être cruelle pour celle qui en es doté. La mère, qui a 29 ans pour toujours, veille désormais sur sa fille âgée de 82 ans et le soin avec lequel elle agit en sa présence démontre que l'enfant comme le vieillard est aussi fragile.

De la même manière, on n'a aucun mal à partager l'émoi (dans tous les sens du terme) de Harrison Ford quand il retrouve intacte la jeune femme qu'il aima dans les années 60... Et qui partage désormais la vie de son fils ! Michiel Huisman comme son père de cinéma sont impeccables chacun, livrant des prestations très sobres, et empêchant au film de sombrer dans un mélodrame trop empesé.

On peut d'ailleurs regretter que Lee Toland Krieger soit si économe de ses effets et que sa mise en scène soit si discrète : dans les mains d'un Todd Haynes, un tel sujet aurait été bouleversant (en plus d'être formellement splendide) alors qu'on sent ici une prudence parfois excessive pour ne pas envoyer les violons, susciter des émotions trop violentes, explorer ce mélange de fascination et de malaise provoqué par la présence même d'Adaline. Les flash-backs sont d'ailleurs rares (faute de moyens pour reconstituer les époques en dehors des costumes ?), trop expéditifs, ils auraient pu pourtant fournir des épisodes passionnants, représenter l'évolution de l'héroïne à travers les soubresauts (sociologiques notamment) de l'Histoire. Il faut se contenter d'une scène où la famille Jones et leur invitée jouent au "Trivial Pursuit" pour souligner qu'Adaline sait répondre à toutes les questions parce qu'elle a été témoin de tous les événements cités.  

C'est là la limite du projet et de son traitement : ce récit sur l'amour mais aussi le deuil, le sacrifice, n'exploite pas tout son potentiel. Le film s'appuie sur le charme (ravageur) et la finesse du jeu de son actrice, bien soutenue par des partenaires chevronnés : un peu léger, voire superficiel, mais les admirateurs de la divine Blake Lively seront comblés. Souhaitons que les producteurs sachent lui offrir de futurs écrins à la mesure de sa beauté et de son talent et que les salles obscures s'ouvrent pour elle.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire