dimanche 2 octobre 2016

PIEDS NUS DANS LA PARC, de Gene Saks (1967)


PIEDS NUS DANS LE PARC (Barefoot in the Park) est un film réalisé par Gene Saks.
Le scénario est écrit par Neil Simon d'après sa pièce de théâtre. La photographie est signée Joseph LaShelle. La musique est composée par Neal Hefti.


Dans les rôles principaux, on trouve : Jane Fonda (Corie Bratter), Robert Redford (Paul Bratter), Charles Boyer (Victor Velasco), Mildred Natwick (Ethel Banks).
 Corie et Paul Bratter
(Jane Fonda et Robert Redford)

Jeunes mariés, Corie et Paul Bratter s'offrent une lune de miel de six jours et six nuits à l'Hôtel Plaza à New York. Après ce séjour, Paul doit retourner travailler dans le cabinet d'avocats qui l'emploie tandis que Corie va l'attendre dans l'appartement qu'ils ont loué. 
Paul et Corie

L'endroit est au neuvième étage d'un immeuble, très petit et en mauvais état mais il plaît à la jeune femme qui imagine déjà comment elle va l'arranger. Un employé du téléphone vient installer la ligne puis un vieux livreur arrive, essoufflé, avec les cadeaux de mariage envoyés par Ethel, la mère de Corie. 
A six heures du soir, Paul rentre du boulot et découvre, médusé, l'appartement dont le chauffage ne fonctionne pas, où leurs meubles n'ont pas été livrés et dont la verrière a un trou qui laisse entrer le froid hivernal de Février.   
Victor Velasco, Paul et Corie Bratter, Ethel Banks
(Charles Boyer, Robert Redford, Jane Fonda et Mildred Natwick)

Sur ces entrefaites débarque à l'improviste Ethel, conduite ici par sa soeur Harriet. Paul redescend acheter un remontant pour sa belle-mère mais lorsqu'il revient, elle repart en dissimulant mal son effarement devant ce logement minable. L'épicier a, lui, eu le temps d'informer Paul sur ses voisins, tous des marginaux.
Alors que la nuit est tombée et qu'ils sont couchés à même le sol, encore vêtus de leurs manteaux et enroulés dans une couverture, Corie et Paul voient leur voisin, le vieux et excentrique Victor Velasco, s'introduire chez eux pour accéder au grenier où il habite. La jeune femme l'invite à dîner le Jeudi suivant tandis que lui les convient à un apéritif le lendemain soir. Toujours aussi ravie, Corie téléphone (à deux heures du matin !) à sa mère pour qu'elle vienne elle aussi au repas convenu la semaine prochaine. 
Paul et Corie

Le Jeudi suivant, Paul est de bonne humeur car il vient de gagner sa première affaire, même si le fourreur qu'il défendait contre une cliente refusant de le payer n'a été que dérisoirement indemnisé. La soirée arrive et Ethel est épatée par le bon goût avec lequel Corie a réussi a décorer l'appartement. 
Puis ils montent jusqu'au grenier de Velasco qui les entraîne dans un restaurant albanais, situé en vérité dans un appartement enfumé et bondé. Seuls Victor et Corie s'amusent dans cette ambiance improbable. 
Corie et Paul

Velasco reconduit Ethel. De retour chez eux, Corie et Paul ont une grosse dispute : elle lui reproche de ne pas savoir s'amuser, lui d'être inconséquente. Convaincue qu'ils n'ont rien en commun, elle finit par demander le divorce. Cette nuit-là, Paul dort sur le sofa tandis qu'il neige dans l'appartement à travers la verrière cassée. 
Corie et Paul

Le lendemain, Paul se réveille très enrhumé mais Corie est toujours résolue à le quitter. L'employé du téléphone vient réparer leur ligne car Paul l'a endommagé dans un accès de colère la veille au soir, et il est témoin de l'ambiance glaciale entre les deux époux. Puis tante Harriet appelle Corie : Ethel a découché ! 
La jeune femme va interroger Velasco chez qui elle trouve sa mère : leur voisin s'est cassé un orteil et elle l'a soigné et veillé, en tout bien tout honneur. Pendant ce temps, Paul quitte l'appartement et va se réchauffer dans le parc avec une bouteille de whisky. Convaincue par Ethel qu'elle fait une erreur en se séparant de son mari, Corie part le retrouver. Conscients de leurs erreurs respectives et de l'obligation de davantage tolérer le caractère de l'autre, ils se réconcilient et rentrent chez eux tandis que Velasco et Ethel sortent de l'immeuble, amusés par les emportements romantiques des jeunes.

C'est en découvrant une série de photos promotionnelles pour ce film que j'ai eu envie de le découvrir : une comédie romantique avec un si joli couple, comment résister ?

Bon, ça m'apprendra à être trop enthousiaste car Pieds nus dans le parc, malgré son duo de jeunes vedettes, et une équipe technique prestigieuse, n'a de film que le nom. Avant d'être adapté pour le grand écran par son auteur, il s'agissait d'un pièce de théâtre écrite par Neil Simon qui avait été un énorme succès à Broadway (et qui a souvent été reprise et traduite depuis sa création).

Gene Saks, cinéaste sans talent et acteur occasionnel, a réalisé cela avec une platitude extrême : on ne sort pas du décor, quasi-unique, de l'appartement de tourtereaux, et la caméra est d'une mollesse abominable, peinant presque souvent à suivre les acteurs. Que l'immense chef opérateur Joseph LaShelle ait pu aussi mal éclairer ce long métrage (qui, heureusement, ne tire pas trop à la ligne puisqu'il ne dure que cent minutes) est sidérant, et cette costumière géniale que fut Edith Head a rarement aussi pauvrement habillé les personnages.

L'histoire elle-même a mal vieilli : la vision du couple qu'elle en donne trahit l'époque où elle a été écrite avec monsieur qui fait bouillir la marmite (plutôt chichement d'ailleurs) et madame qui reste à la maison toute heureuse d'attendre son mari en décorant son intérieur et en cuisinant (affreusement mal au point qu'elle grille son four). Rappelons que tout cela date de 1967.

N'y a-t-il donc rien à sauver là-dedans ? Sûrement pas la prestation pathétique de vieux cabot de Charles Boyer (que Billy Wilder décrivit, avec sa malice coutumière, comme un imbécile imbu de lui-même sous ses airs de gentleman), ni le jeu de mémère pincée de Mildred Natwick.

En revanche, on peut s'amuser du spectacle que donne Robert Redford dans ce registre comique où il ne s'estimait pas à l'aise : alors âgé de 31 ans, celui qui n'était pas encore une star mythique n'est pourtant pas ridicule, assumant un rôle ingrat sans chercher à le rendre charmant (pourtant il le pourrait facilement).

Mais ce n'est rien comparé à la bourrasque Jane Fonda, 30 ans : un an avant Barbarella, elle est exquise et pleine d'énergie dans ce rôle d'amoureuse trop légère pour son époux "trop convenable et empesé" (qui lui reproche d'être dépourvue de "sens commun et de maturité"). Jolie comme un coeur, elle fait preuve d'une fantaisie inexploitée durant la suite de sa carrière.

Bref, pour mieux savourer ce duo d'anthologie, mieux vaut (re)voir La Poursuite impitoyable (Arthur Penn, 1966) ou Le Cavalier électrique (Sydney Pollack, 1979).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire