lundi 3 octobre 2016

DIVERSION, de Glenn Ficarra et John Requa (2015)


DIVERSION (Focus) est un film écrit et réalisé par Glenn Ficarra et John Requa.
La photographie est signée Xavier Pérez Grobet. La musique est composée par Nick Urata.

Dans les rôles principaux, on trouve : Will Smith (Nicky Spurgeon), Margot Robbie (Jess Barrett), Rodrigo Santoro (Rafael Garriga), Gerald McRaney (Owens / oncle Bucky), Adrian Martinez (Farhad).
 Nicky Spurgeon et Jess Barrett
(Will Smith et Margot Robbie)

New York. La séduisante Jess Barrett tente de dépouiller Nicky Spurgeon mais celui-ci, maître voleur, déjoue son piège et fait fuir son complice. 
 Nicky et Jess

Une fois dehors pourtant, il la rattrape et, convaincu de son potentiel, lui enseigne quelques tours. Eblouie, la jeune femme le supplie d'en faire son élève mais il refuse.
La Nouvelle-Orléans. Jess, après avoir écumé Harlem, a réussi à localiser Nicky et le persuade cette fois d'être sa partenaire. Après l'avoir testée en train de faire les poches de touristes dans une rue lors d'un défilé destif, il la présente à son équipe, une vraie petite organisation dans laquelle chacun a une fonction précise (faux papiers, repérages, équipements, piratage, tri...).
 Nicky et Jess

Bien que méfiant par nature, Nicky tombe sous le charme de Jess et ils deviennent amants. A la fin de la semaine, les manoeuvres du gang leur ont rapporté plus de deux millions de dollars, un record. Nicky garde l'argent en attendant de le partager et emmène Jess assister à un match de football américain en tribune d'honneur. Là, il est provoqué par un riche businessman asiatique, Liyuan, avec lequel il se met à parier des sommes de plus en plus importantes (puisées dans son magot) sur des phases de jeu. Nicky perd tout mais relance d'un quitte ou double en convaincant son adversaire de laisser Jess choisir ce qui va les départager.
La chance sourit à l'audacieux qui récupère deux fois le montant des fonds engagés. En quittant le stade, Nicky explique qu'il a joué en maîtrisant la situation car il connaissait Liyuan pour avoir bien étudié ses faiblesses auparavant et en sachant faire diversion - la clé de tout arnaqueur. Mais, complexé par le talent inné de Jess, il choisit de la quitter sur-le-champ après lui avoir remis sa part.
 Nicky et Jess

Buenos Aires. Trois ans après. Pour se refaire après plusieurs échecs récents, Nicky accepte de dérober à McEwen les plans de l'EXR, un moteur très performant de Formule 1, pour le compte de Rafael Garriga, son rival, et ce, malgré la méfiance qu'il inspire à son chef de la sécurité, Owens.
Dans un night club, Nicky, feignant d'être soûl, insulte publiquement Garriga pour attirer l'attention (et la sympathie) de McEwen. Mais en découvrant que l'espagnol est rejoint par Jess, Nicky est stupéfait. En aparté, elle lui explique avoir raccroché et lui fait promettre de ne pas ébruiter leur ancienne relation. Noyant son amertume dans quelques verres, Nicky perd les pédales et tabasse Garriga avant que Owens ne le flanque dehors.
 Jess et Rafael Garriga
(Margot Robbie et Rodrigo Santoro)

McEwen rencontre le lendemain Nicky et lui offre trois millions de dollars pour pirater les dossiers mécaniques de Garriga. Alors qu'il se demande quel parti prendre (trahir Garriga par dépit amoureux ? Ou rouler McEwen comme convenu ?), Nicky trouve Jess en larmes à son hôtel. Ils passent la nuit ensemble et conviennent de partir ensemble après qu'il ait empoché l'argent de sa victime.
Avec l'aide de son ami informaticien Farhad, Nicky pirate toutes les écuries de F1 et soutire à chacun de leurs propriétaires une fortune contre les secrets de leurs concurrents, amassant plus de 20 M $. Mais alors qu'il fuit avec Jess, Gordon, un sbire de Garriga, les arrête.
Garriga et Owens
(Rodrigo Santoro et Gerald McRaney)

Interrogés de façon musclé, Nicky avoue avoir dupé Garriga pour récupérer Jess et elle-même révèle avoir voulu plumer son amant avant d'être obligée de changer ses plans lorsque Spurgeon a été engagé. Owens, excédé, abat alors Nicky et Garriga, surpris et terrifié à l'idée d'être mêlé à un meurtre, file.
Mais n'a-t-il pas été victime d'une ultime diversion ? 

Comme beaucoup de longs métrages, le dernier film en date des réalisateurs de I Love You Phillip Morris (2009) aurait dû avoir un visage totalement différent : en effet, l'histoire était prévue pour Ryan Gosling et Emma Stone, que Glenn Ficarra et John Requa avaient dirigé dans Crazy Stupid Love (2011), mais les deux acteurs ne purent se libérer. Le projet fut ensuite proposé à Ben Affleck et Kristen Stewart qui déclinèrent.

Pourtant, il serait injuste de considérer Focus comme une production incarnée par des seconds couteaux, quand bien même Will Smith n'est plus la star "bankable" qu'il a été et que Margot Robbie doit encore prouver qu'elle a tout pour devenir la vedette que beaucoup prédisent depuis sa révélation explosive dans Le Loup de Wall Street (Martin Scorsese, 2013). C'est même un divertissement très agréable, qui manque sans doute un peu du piquant nécessaire pour le hisser au rang des meilleurs caper movies... A moins que comme l'indique son titre français, la notion de diversion ne l'explique mieux et qu'en lieu et place d'un récit mettant en scène des arnaqueurs, les réalisateurs se soient joués de nous en livrant surtout une romance.

Ce qui est évident en revanche, c'est que Ficarra et Requa creusent un sillon film après film d'après la formule "amour, magouille et rêve américain". On ne s'ennuie pas en regardant leurs opus, tournés dans des décors choisis pour leur esthétique et bien mis en valeur. Il y a même un côté old school dans ce mélange de comédie romantique et d'histoire de gangsters glamour qui évoque le cinéma classique.  

Et cette volonté de séduire se traduit donc par le choix des interprètes. Margot Robbie est effectivement splendide : l'actrice australienne campe cette voleuse aussi séduisante que douée avec aisance, chacune de ses apparitions confirme son charisme qui n'est pas sans rappeler celui de Sharon Stone (même si on lui souhaite d'être plus avisée dans sa carrière). Jusqu'au bout, on s'interroge sur son personnage, authentique débutante ambitieuse ou élève plus douée que son maître - et on peut d'ailleurs regretter que le scénario n'ait pas davantage exploité cet aspect insondable, sophistiquée, si prometteur.

Will Smith incarne un escroc intéressant, complexé par le sobriquet de "guimauve" dont son père et son oncle l'affublèrent enfant. Il faut saluer le mérite des réalisateurs d'avoir su empêcher cet acteur inégal de cabotiner : en jouant de façon plus sobre, il est plus que convaincant et sa classe naturelle s'exprime pleinement. Le rôle peut même être lu comme la star a toujours voulu se présenter : un as dans sa catégorie mais qui s'est fait tout seul, patiemment, laborieusement, et qui ne chute que lorsqu'il pêche par excès de confiance (oubliant la leçon enseignée à sa partenaire). 

Le romantisme du couple est étonnamment complexe puisqu'il s'agit de la réunion d'une arriviste, qui s'assume comme telle, et d'un parvenu, qui souffre de ne pas être reconnu à sa juste valeur (tout en étant trop arrogant). Les meilleurs moments qu'ils partagent sont ceux où ils s'apprennent leurs secrets, non pas sentimentaux, mais professionnels, et c'est savoureux. 

La mise en scène des arnaques est du coup reléguée au second plan, semblant confirmer la théorie selon laquelle le film parle moins d'escrocs que d'amants. Dommage alors que, in fine, les cinéastes aient choisi de conclure par un twist très improbable et un dénouement expédié.

Mais Diversion n'a pas l'ambition de révolutionner les genres : c'est juste une production honnête et sexy, véhicule d'un joli couple de cinéma qui reste aussi peu conventionnel que celui jadis formé par Jim Carrey et Ewan McGregor, deux homosexuels remplacés par un homme noir et une femme blanche - une rareté encore aujourd'hui dans le paysage hollywoodien...

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