vendredi 14 octobre 2016

LA CUREE, de Roger Vadim (1966)


LA CUREE est un film réalisé par Roger Vadim.
Le scénario est écrit par Roger Vadim, Jean Cau et Claude Choublier, d'après le roman d'Emile Zola. La photographie est signée Claude Renoir. La musique est composée par Jean-Pierre Bourtayre, Jean Bouchety et Arthur Brown.


Dans les rôles principaux, on trouve : Jane Fonda (Renée Saccard), Peter McEnery (Maxime Saccard), Michel Piccoli (Alexandre Saccard), Tina Aumont (Anne Sernet).
 Renée et Alexandre Saccard
(Jane Fonda et Michel Piccoli)

Paris, années 60. Renée, jeune femme d'origine canadienne, est la femme d'Alexandre Saccard, un hommes d'affaires un peu plus âgé qu'elle. Sous leur toit vit aussi Maxime, le fils d'Alexandre et beau-fils de Renée, étudiant, apprenant le chinois et tournant des films amateurs.
Renée

Le jeune homme, oisif et hédoniste, se chamaille souvent, mais gentiment, avec sa belle-mère. Renée est sa complice car elle est négligée par Alexandre, accaparé par son business pour lequel il doit souvent s'absenter à l'étranger. Pour tromper son ennui, elle pratique la gymnastique à domicile et veille à sa beauté.
Maxime et Renée Saccard
(Peter McEnery et Jane Fonda)

Alors qu'Alexandre est une nouvelle fois en déplacement, Renée séduit Maxime et ils couchent ensemble. Ils conviennent ensuite de ne pas renouveler l'expérience pour ne pas éveiller les soupçons d'Alexandre et aussi un peu par honte. Pourtant, quand Maxime accepte l'invitation de M. Chau à passer un week-end à la montagne, Renée l'accompagne et ils reprennent leur liaison, laissant libre cours à leur attirance sexuelle et à leur amour. Ils continuent à coucher ensemble de retour à Paris.
Renée, Maxime et Anne Sernet
(Jane Fonda, Peter McEnery et Tina Aumont)

Alexandre est troublé par la bonne humeur inhabituelle entre sa femme et son fils et devine rapidement la nature nouvelle de leur relation. En position difficile professionnellement, il manoeuvre alors pour que Maxime se fiance avec Anne Sernet, la fille d'un de ses partenaires, qu'il fréquente déjà. Renée ne cache pas sa jalousie et confirme ainsi les soupçons d'Alexandre. En se disputant avec son mari, elle demande le divorce et, contre toute attente, il le lui accorde tout en la prévenant qu'elle sera sans le sou car il a investi toute sa fortune dans ses affaires.   
Renée

S'envolant à Genève, après avoir annoncé sa séparation d'avec Alexandre à Maxime, qui lui promet de la retrouver ensuite, Renée apprend l'officialisation des fiançailles de son amant et Anne Sernet. Elle rentre à Paris où Alexandre a organisé une fête pour l'occasion. Quand il la voit, il l'entraîne dans sa salle de sport pour éviter qu'elle ne provoque un scandale puis rejoint les invités pour les rassurer. Elle comprend alors qu'elle a tout perdu.

J'avoue avoir voulu découvrir ce film motivé par une vilaine curiosité car il avait été descendu par la critique à l'époque de sa sortie et voué aux gémonies par l'église catholique - mais c'était habituel pour les productions de Roger Vadim réputées sulfureuses : évidemment, aujourd'hui, tout cela paraît bien inoffensif.

Comme il l'avait déjà fait avec Les Liaisons dangereuses en 1960, le cinéaste a adapté un grand classique littéraire en le transposant de nos jours : de La Curée d'Emile Zola, avec ses deux co-scénaristes, Jean Cau (qui signe aussi les dialogues) et Claude Choublier, Vadim n'a retenu que l'essentiel, éliminant tous les personnages et intrigues secondaires. Il n'en reste que le trio formé par Renée, son mari Alexandre et son fils Maxime.

En 1966 (mais serait-ce bien différent aujourd'hui quand on observe le retour d'un certain puritanisme dans notre société ?), raconter ainsi la liaison amoureuse et la relation sexuelle d'une épouse délaissée avec son beau-fils, même si celui-ci est un grand garçon majeur et qui ne lui oppose pas de résistance franche, avait de quoi susciter le scandale, même si leurs ébats sont montrés de manière très sage finalement.

En vérité, Vadim était le Adrian Lyne (Liaison fatale, Proposition indécente - ces titres pourraient être ceux de films de Vadim déjà...) des années 50-60, un réalisateur malin mais pas si pervers que ça (en tout cas artistiquement - dans le privé, plus personne n'ignore désormais qu'il était au mieux un épicurien, au pire un débauché), mettant en scène de superbes actrices qui étaient aussi ses compagnes (Brigitte Bardot, Catherine Deneuve, Jane Fonda) dans des situations suggestives, à peine érotiques.

Visuellement, ces longs métrages n'avaient cependant pas la même allure que ceux de Lyne plus tard, très influencés par l'esthétique publicitaire. Roger Vadim n'a jamais été estimé comme réalisateur et effectivement rien ne permet de le distinguer particulièrement : il n'était ni un faiseur d'images fulgurant comme Godard, ni un auteur sensible comme Truffaut, et si La Curée évoque Chabrol, il n'en a pas la malice.

Son opportunisme et sa roublardise sont compensés par la classe de ses interprètes car, de ce côté-là, en revanche, il savait attirer de fameux comédiens ou, à tout le moins, les filmer avec soin. Ainsi voir Michel Piccoli, qui avait l'année précédente incarné Don Juan dans un superbe téléfilm de Marcel Bluwal, passer de l'archétype du séducteur à celui du mari cocu et vengeur a quelque chose de savoureux, et, mieux encore, il y est exemplairement sobre, loin des éclats cabotins avec lesquels il se fera remarquer chez Sautet. Peter McEnery insuffle une vivacité étonnante et charmeuse au rôle de Maxime, qu'il joue dans un français impeccable.

Et puis donc il y a Jane Fonda et on est encore saisi à la fois par le regard fétichiste de Vadim sur celle qui était sa muse, sa femme et sa vedette, mais aussi par la finesse de son interprétation. Elle n'a évidemment pas besoin de minauder (malgré ce délicieux accent américain) pour convaincre du pouvoir de séduction de Renée, mais elle fait ensuite passer avec finesse l'attachement de cette femme négligée à son amant, sa jalousie, sa détresse - jusqu'à la dernière scène, le dernier plan, qui la voit défaite, dévastée.

Film moyen sans être indigne, porté par trois excellents acteurs, La Curée a, à cause de certains effets (les scènes d'amour à la stylisation parfois ringardes - reflet d'une étreinte dans un miroir déformant par exemple), un peu mal vieilli, mais mérite d'être découvert.

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