mardi 3 janvier 2017

MAX ET LES MAXIMONSTRES, de Spike Jonze (2009)


MAX ET LES MAXIMONSTRES (Where The Wild Things Are) est un film réalisé par Spike Jonze.
Le scénario est écrit par Spike Jonze et Dave Eggers, d'après le livre de Maurice Sendak. La photographie est signée Lance Accord. La musique est composée par Karen O et Carter Burwell.

Dans les rôles principaux, on trouve : Max Records (Max), Catherine Keener (Connie), Mark Ruffalo (Adrian). Les voix des Maximonstres sont assurées par : James Gandolfini (Carol), Lauren Ambrose (KW), Paul Dano (Alexander), Chris Cooper (Douglas), Forest Whitaker (Ira), Catherine O'Hara (Judith), Michael Berry Jr. (Bernard), Spike Jonze (Bob et Terry).
 Max
(Max Records)

Max est un garçon de neuf ans, solitaire mais à l'imagination débordante. Ses parents sont divorcés et il vit avec sa mère, Connie, et sa soeur aînée, Claire. Après une bataille de boules de neige qui a dégénéré, les amis de Claire détruisent l'igloo de Max dans le jardin de la maison. Pour se venger, le garçon saccage la chambre de sa soeur.
Max et sa mère, Connie
(Max Records et Catherine Keener)

A l'école, son professeur explique à la classe de Max que le soleil s'éteindra et que cela causera la fin de l'humanité, si elle n'a pas péri avant à cause des dégâts qu'elle provoque. Le soir, furieux que sa mère ait invité Adrian, un prétendant, Max se dispute avec elle et fugue jusqu'à un étang voisin où il monte dans une barque abandonnée là. L'étang devient un océan et Max navigue sur une mer déchaînée toute la nuit.  
Max et Carol
(Max Records et James Gandolfini)

Le matin, il accoste sur une île. En s'enfonçant dans une forêt, il découvre sept immenses créatures dont l'une d'elles, Carol, démolit leurs cabanes car il est en colère après le départ de son amie KW. Max se présente devant ces monstres et gagne leur confiance rapidement en leur affirmant qu'il est un roi doté de pouvoirs magiques, capable de ramener l'harmonie parmi eux. 
Max

 Le retour de KW apaise Carol qui a présenté les autres membres de la communauté à Max : il y a Ira (un géant au caractère aimable et doux), Douglas (qui ressemble à un cacatoés), Judith (au visage de tricératops, compagne d'Ira), Alexander (au visage de chèvre, souffre-douleur de la bande), et Bernard (au visage de taureau). Après une nuit de repos, Carol emmène Max visiter l'île et, dans une grotte, lui montre une maquette d'un village qu'il a construite. Max le convainc d'en organiser l'édification pour le groupe. 
Carol et Max

Lorsque KW apporte les deux hiboux Bob et Terry, Carol est contrarié par la présence de ces deux étrangers à leur communauté. Pour occuper tout le monde, Max organise un match afin de désigner le clan qui devra entretenir le village. Alexander est blessé durant la partie à cause de Carol que KW dispute avant de s'éloigner à nouveau. 
Max et Alexander
(Max Records et Paul Dano)

Max retrouve Alexander seul et celui-ci lui avoue n'avoir jamais cru que le garçon était un roi magicien, mais il conseille de ne pas le répéter à Carol. Ce dernier, après une nuit agité, reproche au matin à Max d'être un mauvais chef, responsable de l'absence de KW, et de la mort prochaine du soleil. Douglas s'interpose mais Carol lui arrache le bras droit (de la plaie coule du sable) puis poursuit le garçon dans la forêt où KW le cache en l'avalant. 
Carol

Après avoir sermonné Carol au sujet de ses colères incessantes qui perturbent le groupe, KW libère Max qui choisit alors de quitter l'île. Avant de partir, il retourne à la grotte où il découvre la maquette du village détruite mais y laisse une marque d'affection pour Carol (un coeur avec des brindilles). 
Bernard, Max, KW, Carol, Douglas, Judith, Alexander et Ira
(Michael Berry Jr., Max Records, Lauren Ambrose, James Gandolfini,
Chris Cooper, Catherine O'Hara, Paul Dano et Forest Whitaker)

Les monstres font leurs adieux à Max qui remonte dans sa barque. Carol, pris de remords, rejoint la plage pour le saluer aussi.   
Max et Carol

A la nuit tombée, Max rentre chez lui où sa mère, affolée, l'enlace puis lui prépare à dîner. Elle s'assoupit tandis qu'il se restaure.

Le projet d'adapter le court texte (moins de 340 mots en dix phrases, accompagnées d'illustrations) écrit par Maurice Sendak en 1963 a longtemps été une Arlésienne à Hollywood puisque le studio Disney s'y intéressa dès le début des années 80. Glen Keane et John Lasseter (qui n'avait pas encore fondé Pixar) réalisent même un film-test mais le résultat ne convainc personne.

Il faudra attendre 2001 pour que Universal acquiert les droits du livre puis 2003 pour que Spike Jonze s'y attache. Il obtient l'accord de Sendak, qui apprécie son style cinématographique, mais un différend oppose l'auteur à la major. Warner récupère l'affaire et entame la pré-production du film.

Jonze en tire un premier script de 110 pages. En 2006, les auditions commencent pour le casting tandis que le responsable des effets spéciaux des Chroniques de Narnia, Howard Berger, élaborent le design des monstres avec le Jim Henson's Creature Shop, car le cinéaste ne veut pas qu'elles soient générées en images de synthèses. Le tournage débute enfin en 2008 pour six mois à Victoria, en Australie, plus six mois supplémentaires pour l'enregistrement des voix à Londres. De prestigieux comédiens se prêtent à l'exercice : James Gandolfini, Forest Whitaker, Chris Cooper, Paul Dano - seule Michelle Williams sera remplacée par Catherine O'Hara pour le doublage de Judith.

Le résultat est un conte étrange mais à la poésie envoûtante : à partir du texte très bref de Sendak, Jonze réussit à donner une personnalité distincte et forte à chacun des monstres qui deviennent des projections de la psyché du jeune Max (excellemment interprété par Max Records, qui ne cherche jamais à rendre son personnage plus sympathique qu'il n'est) et des gens qu'il aime. Ils sont à la fois sauvages, dangereux, irrationnels, mais aussi affectueux. Le réalisateur montre leur masse menaçante, leur cruauté aussi pour mieux souligner que leur domestication par l'enfant ne saurait être que temporaire.

Le règne de Max est un fantasme et lorsqu'il le comprend, il sait qu'il peut/doit revenir auprès de sa mère, conscient qu'il aura à se comporter différemment, plus raisonnablement. Son voyage au pays des monstres est un donc un récit initiatique à la fois terrifiant et merveilleux, et le film, fidèle aux atmosphères récurrentes du cinéma de Jonze, est une méditation sur l'enfance, ses pensées, ses croyances, une fable sur le dialogue - avec soi et les autres (sachant qu'en apprenant à se connaître, on apprend aussi à mieux vivre avec les autres).

Fidèle au livre dans son esprit, Where The Wild Things Are existe comme long métrage en tant que tel, avec sa propre identité, son esthétique. Jonze a sur exploiter le matériau de base comme une sorte de storyboard mais en développant une trame narrative complexe. Son co-scénariste, Dave Eggers, a participé à l'enrichissement psychologique et social de Max, enfant mélancolique et dont l'agressivité traduit son mal-être, son sentiment d'être incompris.

Sa virée imaginaire (même si chacun la traduira librement, le film n'imposant aucune interprétation - est-ce un rêve ? Un véritable voyage dans une dimension parallèle ?) permet à Max une remise en question subtile : les monstres symbolisent sa mère, son nouvel amant, sa soeur, son instituteur, etc. En devenant leur roi, il apprend à dépasser ses craintes, à apprécier son pouvoir et ses limites (quand il en abuse et quand il est démasqué), d'autant que les créatures sont tour à tour drôles et colériques, joueuses et tristes, aimantes et agressives. Mais au fond elles souffrent comme lui du même mal de vivre, se posent les mêmes questions sur leur capacité à s'intégrer à une communauté et au reste du monde (territoire vaste et inconnu et donc inhibant).

Quand viendra l'heure de la séparation, l'émotion est là. Mais l'espoir aussi car Max retrouve, serein, sa famille, et les monstres ont grandi, ont acquis une maturité nouvelle comme lui. Un film curieux mais aux significations multiples et profondes, magnifiquement mises en scène.  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire