dimanche 29 janvier 2017

MAIS QUI A TUE HARRY ?, d'Alfred Hitchcock (1955)


MAIS QUI A TUE HARRY ? (The Trouble with Harry) est un film réalisé par Alfred Hitchcock.
Le scénario est écrit par John Michael Hayes, d'après le roman de John Trevor Story. La photographie est signé Robert Burks. La musique est composée par Bernard Hermann.


Dans les rôles principaux, on trouve : Shirley MacLaine (Jennifer Rogers), Jerry Mathers (Arnie Rogers), John Forsythe (Sam Marlowe), Mildred Natwick (Ms. Ivy Gravely), Edmund Gwenn (le capitaine Albert Wiles), Dwight Marfield (Dr. Greenbow), Royal Dano (Calvin Wiggs).
 Arnie Rogers et Harry
(Jerry Mathers)

Par un beau matin d'automne, dans les collines du Vermont, , un petit garçon, Arnie Rogers, entend trois détonations et découvre peu après le cadavre d'un homme. Il part avertir sa mère, Jennifer.
Ms. Ivy Gravely et le capitaine Albert Wiles
(Mildred Natwick et Edmund Gwenn)

Peu après, le capitaine Albert Wiles, qui chasse le lapin et qui vient justement de tirer trois coups de feu, découvre le corps à son tour et croit être l'assassin. Ms. Ivy Gravely, une vieille fille du village voisin, arrive sur les lieux et aide le capitaine à cacher le cadavre puis l'invite à prendre le thé chez elle. Jennifer se présente à son tour, entraînée par son fils, et identifie, sans déplaisir, le mort comme étant son second mari, Harry Worp, qu'elle avait frappé avec une bouteille de lait alors qu'il l'avait molestée. 
Sam Marlowe et Jennifer Rogers
(John Forsythe et Shirley MacLaine)

Le Dr. Greenbow, distrait, trébuche sur le corps sans y prêter attention. Puis un vagabond lui vole ses chaussures. C'est Sam Marlowe qui va ensuite dessiner le cadavre. Wiles le surprend et lui affirme être le meurtrier. Les deux hommes enterrent Harry puis le déterrent pour l'examiner : il s'avère qu'il n'est pas mort par balles - ce qui innocente le capitaine. 
Jennifer, Sam, le capitaine Wiles et Ms. Gravely

A l'heure du thé, Ms. Gravely confesse à Wiles que c'est elle qui a tué Harry en le frappant à la tête parce qu'il s'était montré trop entreprenant avec elle. Cependant elle n'en éprouve aucune honte mais préfère déterrer le corps (remis en terre par Sam et le capitaine). Mais Marlowe craint que cela ne nuise à Jennifer (dont il est amoureux). 
Sam, Jennifer, Ms. Gravely et le capitaine Wiles

Harry est donc une nouvelle fois déterré ! Sam apprend, de retour au village, qu'un millionnaire est prêt à acheter toutes ses toiles au prix fort. Il peut donc demander sa main à Jennifer et gâter ses amis. Mais avant d'épouser la jeune femme, il faut que Harry soit découvert pour qu'elle ne soit pas accusée de bigamie. 
Sam et Calvin Wiggs
(John Forsythe et Royal Dano)

L'arrestation du vagabond conduit la police, représenté par Calvin Wiggs, à rechercher le corps. Le Dr. Greenbow l'examine et conclut à une mort naturelle d'une attaque cardiaque. Il suffit alors qu'Arnie redécouvre Harry afin que Wiggs puisse clore le dossier.

Doté d'un mauvais esprit réjouissant, le film présente d'abord une galerie de personnages qui, tout comme Alfred Hitchcock, n'éprouve aucune commisération pour le fameux Harry (dont il importe moins de savoir qui l'a tué, comme le demande le titre français, que de considérer le problème - "the trouble" - qu'il pose pour ceux qui le découvrent). En effet, le malheureux est enterré et déterré comme s'il n'était plus qu'un accessoire encombrant et pas un seul des protagonistes n'a l'idée de se confier à la police car chacun se croit (in)directement coupable de sa mort.

Ainsi cette minuscule communauté est complice d'actes macabres mais irrésistibles. En adaptant le roman de John Trevor Story, Hitchcock voulait prouver aux spectateurs américains qu'ils pouvaient apprécier l'humour britannique : il déplaça l'action dans le Vermont mais cela ne suffit pas à attirer le public dans les salles.

Le cinéaste collaborait pour la quatrième fois avec son scénariste John Michael Hayes mais surtout inaugurait un fructueux partenariat avec le compositeur Bernard Hermann, avec lequel il entretint une relation passionnante sur plusieurs de ses chefs d'oeuvre (Vertigo et Psychose pour ne citer que les deux plus spectaculaires).

Au début, Hitchcock souhaitait tourner sur les lieux même de l'action, intégralement en extérieurs, mais une tempête l'obligea à se retrancher en studio à Hollywood : ce fut un mal pour un bien car le chef opérateur Robert Burks put y composer de magnifiques plans dans une ambiance automnale dont la mélancolie artificiellement soulignée contraste avec la loufoquerie du propos.

L'histoire joue, elle, sur les ambiguïtés du langage (les dialogues pleins de sous-entendus entre le capitaine Wiles et Ms. Gravely), des situations (la relation amoureuse qui se noue entre Marlowe et Jennifer, le premier étant soucieux que celle qu'il convoite ne soit d'abord pas suspectée de bigamie), des comportements (le jeune Arnie découvrant deux fois le corps de Harry, sans paraître traumatisé, et plongeant surtout la police locale dans la plus grande confusion). C'est affreux, mais c'est aussi surtout très drôle.

Alors que souvent ses acteurs se sont plaints du peu d'indications qu'il leur donnait pour jouer, Hitchcock choisissant d'abord ses interprètes pour leur capacité à s'assumer, Shirley MacLaine, dont c'était le tout premier rôle et qui est absolument (déjà) divine, expliqua que le réalisateur la dirigea effectivement de manière allusive en lui disant : "Be real and act !" (soit : "Sois vraie et joue !"), ce qu'elle comprit d'abord comme : "Be relax !" (soit : "Sois détendue !"). De fait toute la troupe ici s'amuse visiblement beaucoup malgré la noirceur du sujet et l'immoralité de leurs personnages.

Tourné entre Fenêtre sur cour et La Main au collet, The Trouble with Harry apparaît comme une parenthèse dans la filmographie de "Hitch", une pause mal perçue par la critique et le public et qui l'incitera donc à retourner vers des histoires plus conventionnelles (mais transcendées par son génie esthétique). Pourtant, comme l'affirmait Bernard Hermann, "c'est à plusieurs titres l'oeuvre la plus personnelle et la plus drôle d'Hitchcock. C'est gai, tendre, macabre, et on y trouve en abondance son humour sardonique." 

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