mardi 24 janvier 2017

UN HOMME A LA HAUTEUR, de Laurent Tirard (2016)


UN HOMME A LA HAUTEUR est un film réalisé par Laurent Tirard.
Le scénario est écrit par Laurent Tirard et Guillaume Vigneron, d'après le film Corazon de Léon écrit et réalisé par Marcos Carnevale. La photographie est signée Jérôme Almeiras. La musique est composée par Eric Neveux.


Dans les rôles principaux, on trouve : Jean Dujardin (Alexandre), Virginie Efira (Diane), Cédric Kahn (Bruno), César Domboy (Benjy), Stéphanie Papanian (Coralie), Manoëlle Gaillard (Nicole), Bruno Gomila (Philippe), Edmonde Franchi (Monique).
 Diane et Alexandre
(Virginie Efira et Jean Dujardin)

Diane est une séduisante et brillante avocate en Droit civil et des affaires au sein d'un cabinet juridique qu'elle tient avec son ex-mari, Bruno, qui entretient des relations difficiles avec elle à cause de leur passé conjugal et de leurs divergences éthiques. Un soir, elle reçoit un appel téléphonique d'un certain Alexandre qui a retrouvé le portable qu'elle avait égaré et obtient de boire un café avec elle pour le lui rendre.
Alexandre et Diane

Mais une surprise attend Diane quand elle découvre qu'Alexandre ne mesure qu'un mètre trente six. Décomplexé et entreprenant, il lui fait tout de suite une cour assidue en la convainquant de sécher un rendez-vous professionnel pour sauter en parachute avec lui. Séduite, elle accepte de le revoir rapidement. 
Alexandre et Coralie
(Jean Dujardin et Stéphanie Papanian)

Architecte en charge de la construction d'un opéra à Liège, Alexandre vit seul avec son fils Benjy, jeune entrepreneur, depuis son divorce dix ans auparavant. Diane dîne avec lui dans un restaurant et il la reconduit ensuite chez elle. Elle l'embrasse avant de prendre congé. Les ayant surpris à leur insu, Coralie, la secrétaire de Diane, annonce à Bruno la nouvelle et, bien qu'il croit à une plaisanterie, il en a la confirmation le soir même. 
Diane et Alexandre

Après avoir passé la nuit avec Alexandre, Diane fait la connaissance de son fils le lendemain matin. Au bureau, elle confie ses doutes à Coralie, ayant peur du regard des autres. Bruno ironise sur sa situation et le physique de son rival. 
Bruno, Alexandre et Diane
(Cédric Kahn, Jean Dujardin et Virginie Efira)

Lorsque Alexandre comprend le problème, il défie d'abord physiquement Bruno puis, dans un souci d'apaisement, l'invite à une fête chez lui. En attendant, Diane accepte, fébrile, de le présenter à son beau-père (qui est malentendant) et sa mère. Celle-ci, pourtant conquise, ne se rend pas à la réception donnée par Alexandre où Bruno tente à nouveau de l'humilier. 
 Diane et Alexandre

Seule avec lui, Diane avoue à Alexandre qu'elle l'aime mais éprouve des difficultés à assumer leur relation vis-à-vis de son entourage. Il la congédie. La jeune femme regrette sa lâcheté quand Coralie reconnaît ses propres préjugés puis que sa mère lui conseille de les surmonter.
Alexandre et Benjy

Benjy, interrogé par son père, lui assure n'avoir jamais eu honte de lui et même l'admirer pour sa dignité. Diane saute en parachute au-dessus du chantier de l'opéra de Liège et atterrit devant Alexandre. Elle s'excuse de l'avoir blessé et lui promet d'assumer ses sentiments. Il lui pardonne avant de l'embrasser.

La critique n'a pas été tendre avec le dernier film de Laurent Tirard, lui-même ancien journaliste spécialisé dans le cinéma passé derrière la caméra en enchaînant plusieurs jolis succès commerciaux (Mensonges et trahisons... Et plus si affinités en 2004, Le Petit Nicolas et Les Vacances du Petit Nicolas en 2009 et 2014, Astérix et Obélix : Au service de sa Majesté en 2012). On lui a reproché tout et n'importe quoi comme de ne pas avoir recruté un véritable acteur de petite taille ou d'avoir situé l'histoire dans un milieu bourgeois en passant par une mise en scène soi-disant "bling-bling".

Pourtant la vraie maladresse de ce projet monté sur la popularité de ses deux vedettes a surtout été sa promotion, spoilant l'effet de surprise de l'intrigue avec son affiche et sa bande-annonce... Après avoir pourtant réussi à le dissimuler pendant tout le tournage ! Résultat : le public ne s'est pas pressé pour aller voir un film dont il avait le sentiment que son argument était déjà majoritairement dévoilé.

Le remake de ce film argentino-brésilien mérite pourtant mieux que cette double sanction. Parce que, en leur temps (bien révolu) les frères Farrelly ont fait leur miel avec des sujets de comédies trash sur des couples improbables (Mary à tout prix en 98, Fous d'Irène en 2000, L'Amour extra-large en 2001, Deux en un en 2003), Un Homme à la hauteur a semblé trop timoré mais il est évident que le cinéaste a préféré privilégier la fable à la comédie dérangeante, la romance à la farce. 

De fait, le scénario évite tout sous-texte et situations graveleux : on peut déplorer que la question de la sexualité ne soit qu'affleurée mais aussi s'interroger sur ce que le film aurait gagné à montrer comment un homme d'1, 36 m. fait l'amour à une femme d'1, 75 m. Il me semble au contraire que le regard généreux et suggestif sur la différence de Tirard est aussi éloquent et plus pudique, sans chercher à tout prix à faire rire (hormis le running gag avec le chien d'Alexandre, il est vrai peu inspiré).

D'autres commentateurs se sont demandés si Diane serait tombée amoureuse d'un nain s'il n'avait pas été aussi riche qu'Alexandre : c'est oublier qu'elle est elle aussi une femme à la situation professionnelle confortable et faire bien peu de cas, au-delà, des sentiments au-delà des classes sociales. Tout cela, en vérité, montre à quel point les éléments à charge contre le film peuvent facilement être retournés : à force de réclamer de l'audace, cela ressemble davantage finalement à un excès de zèle (jamais assez ceci, trop cela) critique. De la même façon, trouver ici l'esthétique "bling-bling" revient surtout à dire que le film a le tort d'être trop soigné visuellement (trop bien photographié, avec des acteurs séduisants, dans des décors agréables). C'est le procès (trop) souvent fait au divertissement, hier comme aujourd'hui : glissez-y un petit message et vous serez forcément coupable d'être trop léger et joli...

Pour ma part, j'ai donc été satisfait : Tirard a le bon goût de bien rythmer son affaire (95 minutes), san esquiver quelques passages évidents mais délicats (la verbalisation des préjugés pour les admettre et les surmonter, le blocage intérieur de Diane, la tension progressive qui mine sa relation avec Alexandre, l'attitude mesquine de Bruno), avec une forme qui fait vite oublier ses fameux effets visuels.

L'interprétation est au diapason : Jean Dujardin est très sobre, Virginie Efira rayonne tout en exprimant parfaitement son malaise. Dans un second rôle, le réalisateur Cédric Kahn est épatant en ex-mari indigne mais défait.

En somme, et sans forcément chercher à faire un jeu de mots, un film aimable pour son sens de la mesure. 

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