vendredi 30 décembre 2016

VICKY CRISTINA BARCELONA, de Woody Allen (2008)

VICKY CRISTINA BARCELONA est un film (le 37ème) film écrit et réalisé par Woody Allen.
La photographie est signée Javier Aguirresarobe.

Dans les rôles principaux, on trouve : Rebecca Hall (Vicky), Scarlett Johansson (Cristina), Javier Bardem (Juan Antonio Gonzalo), Penélope Cruz (Maria Helena), Chris Messina (Doug), Patricia Clarkson (Judy Nash), Kevin Dudd (Mark Nash).
Vicky et Cristina
(Rebecca Hall et Scarlett Johansson)

Deux jeunes femmes américaines, Vicky et Cristina, se rendent à Barcelone pendant l'été où elles sont hébergées par des amies de la famille de la première, Judy et Mark Nash. Très liées, elles sont pourtant dissemblables dans leur manière de vivre : Vicky, la brune, est raisonnable et traditionnelle vis-à-vis des relations amoureuses (elle est d'ailleurs sur le point de se marier) tandis que Cristina, la blonde, se revendique comme anti-conformiste mais aussi plus irrésolue.
Juan Antonio Gonzalo
(Javier Bardem)

Accompagnant Vicky à une exposition, Cristina remarque parmi les invités le peintre Juan Antonio Gonzalo au sujet duquel Judy Nash lui explique qu'il sort d'une relation passionnelle avec sa muse, Maria Helena. Plus tard, alors qu'elles dînent dans un restaurant, il les aborde pour les inviter à le suivre jusqu'à Oviedo pour y visiter la ville, boire, manger et faire l'amour. Cristina est conquise, Vicky est plus réticente mais part quand même avec eux.
Juan Antonio et Vicky

A la fin de leur première journée sur place, Cristina rejoint Juan Antonio dans sa chambre mais, souffrant d'une indigestion, elle doit garder le lit plusieurs jours. En attendant, le peintre passe du temps avec Vicky qui s'attendrit à son égard en l'écoutant parler de sa romance avec Maria Helena. Juan Antonio la présente même à son père, un vieux poète, et elle finit par succomber à ses avances. 
Maria Helena
(Penélope Cruz)

De retour à Barcelone, une fois Cristina rétablie, sans que Vicky lui ait avouée son aventure avec Juan Antonio, cette dernière se replonge dans la rédaction de sa thèse. Cristina entame une liaison avec le peintre tandis que Doug rejoint Vicky. Une nuit, le peintre reçoit un appel téléphonique : Maria Helena a tenté de se suicider. Il va la chercher à l'hôpital et la ramène chez lui. 
Maria Helena, Juan Antonio et Cristina

D'abord tendue, l'ambiance s'apaise vite dans ce ménage à trois au point que Cristina devient aussi l'amante de Maria Helena. De son côté, Vicky prépare son mariage avec Doug qui aimerait l'épouser à Barcelone, les Nash organisant la cérémonie, mais la jeune femme surprend Judy avec son amant et comprend qu'elle-même n'est pas épanouie avec son futur conjoint. Elle pense encore à Juan Antonio comme elle le confie à Judy.
Maria Helena et Cristina

Cristina, pourtant comblée, est rattrapée par son insatisfaction chronique et annonce à Juan Antonio et Maria Helena qu'elle les quitte, ce qui provoque une crise dans leur trio. Alors que son amie est partie réfléchir à son avenir quelques jours en France, Vicky revoit alors le peintre grâce à Judy, qui a appris que Maria Helena l'a à nouveau abandonné. Mais elle resurgit en les menaçant avec un revolver. Juan Antonio la désarme mais Vicky, effrayée, préfère en rester là. 
Vicky

Quelques jours après, Vicky, mariée civilement à Doug, et Cristina rentrent en Amérique : la première s'est résignée à une vie conjugale rangée, la seconde ne sait toujours pas ce qui la rendra heureuse.

Après sa "trilogie anglaise" (Match Point, 2005 ; Scoop, 2006 ; Le Rêve de Cassandre, 2007), Woody Allen poursuit sa balade européenne en posant sa caméra en Espagne. Le soleil de la Catalogne lui inspire une nouvelle pépite, comédie aigre-douce sur deux jeunes femmes  amies mais dissemblables dont les sentiments vont être mis à l'épreuve.

Tout est rayonnant dans Vicky Cristina Barcelona : la ville y est filmée comme pour une brochure touristique (de la même manière que Paris dès les premières images de Minuit à Paris), les maisons, les jardins, les intérieurs, sont superbes, et les comédiens sont saisis de manière à les rendre aussi attirants que les décors dans lesquels ils évoluent.

Il émane de l'ensemble une sensualité solaire tout de même assez inattendue de la part de Allen qui, s'il a souvent écrit sur les affres du coeur, ne s'est jamais attardé sur la dimension charnelle de l'amour. Or, là, il convoque un casting particulièrement séduisant en retrouvant pour la troisième fois consécutive (et dernière à ce jour) Scarlett Johansson, et Rebecca Hall (qui était comme cette dernière à l'affiche du Prestige de Christopher Nolan en 2006), Javier Bardem et Penélope Cruz.

Mais le cinéaste s'en amuse évidemment : l'idyllique exotisme ne sert qu'à souligner les clichés érotiques et les emballements romantiques de ses protagonistes. Les deux filles sont des bourgeoises américaines, figures familières du cinéma d'Allen, en quête de frissons (même si l'une l'admet alors que l'autre s'en défend), jusqu'à l'irruption d'une troisième femme, directement empruntée à Pedro Almodovar, d'autant plus qu'elle est incarnée par Penélope Cruz, et qui fait basculer ce marivaudage dans une fantaisie quasi-burlesque (la comédienne joue là comme Sophia Loren, déchaînée, volcanique - sa prestation, épatante, lui vaudra justement l'Oscar du meilleur second rôle).

Woody Allen utilise les codes du conte initiatique avec une savoureuse ironie. Vicky (interprétée par Rebecca Hall comme si elle imitait la diction bégayante et la gestuelle fébrile de son metteur en scène) comme Cristina (campée par Scarlett Johansson, torride mais surtout "intranquille" - le baiser langoureux qu'elle échange avec Penélope Cruz dans une chambre noire, dont la lumière rouge souligne l'embrasement des corps, restera le grand moment sexy du film) sont tout droit sorties d'un roman de gare, désirables et tourmentés, dépassés par le tourbillon amoureux ibérique. 

Le désir, personnifié par Javier Bardem (viril et déchiré comme la caricature d'artiste qu'aime moquer Allen), est omniprésent (via les dialogues, les lumières, les corps) et oblige à des choix tranchés dans des situations paroxystiques (le sommet étant atteint avec la scène où Maria Helena surgit, revolver au poing, alors que Juan Antonio enlace Vicky, menaçant de les/se tuer - un moment irrésistible et absurde). La raison l'emporte logiquement chez Vicky, les sentiments rongent encore Cristina : aucune ne maîtrise son coeur ou son esprit, comme l'indique la voix off omnisciente, à la fois malicieuse et détachée. Il n'est pas davantage certain que l'expérience aura plus profité à Juan Antonio et Maria Helena, même s'ils ne s'aiment vraiment que dans le conflit.

Le film se termine sur une note troublante même qui résume bien le ton général : la parenthèse refermée, la réalité reprend ses droits, le charme est rompu. Il ne restera aux protagonistes que les fantasmes de ce séjour catalan. Mais cet épilogue doux-amer a plu : avec plus de 95 M $ de recettes (pour un budget de 15), Vicky Cristina Barcelona est un des plus gros succès commercial de son génial auteur.  

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