dimanche 18 décembre 2016

INSTINCT DE SURVIE, de Jaume Collet-Serra (2016)


INSTINCT DE SURVIE (The Shallows) est un film réalisé par Jaume Collet-Serra.
Le scénario est écrit par Anthony Jaswinski. La photographie est signée Flavio Labiano. La musique est composée par Marco Beltrami.

Dans les rôles principaux, on trouve : Blake Lively (Nancy Adams), Oscar Jaenada (Carlos), Pablo Calva (Miguel), Sedona Legge (Chloe Adams), Brett Cullen (le père de Nancy et Chloe), Angelo Lozano Corso et Jose Trujillo Salas (les deux surfeurs).
 Nancy Adams
(Blake Lively)

26 Avril 2016. Nancy Adams, 26 ans, étudiante en médecine originaire de Galveston (Texas) et passionnée de surf, se rend en vacances sur une plage au Mexique où sa mère l'avait initiée avant d'être emportée par un cancer. Elle y est conduite par Carlos à qui elle indique qu'elle rentrera à son hôtel par ses propres moyens.
Nancy

Le temps est superbe, l'endroit paradisiaque, la mer parfaite : Nancy se jette à l'eau une première fois pour tester les courants. Puis elle revient sur la terre ferme pour y communiquer, via Skype, avec sa soeur cadette, Chloe, et son père, restés au Texas - ce dernier lui demande d'être prudente et de penser à sa rentrée universitaire. Puis elle reçoit un SMS de son amie Anna, qui devait l'accompagner mais a préféré sortir avec un garçon.
Les deux surfeurs
(Angelo Lozano Corso et Jose Trujillo Salas)

Nancy retourne à l'eau et s'aventure plus au large. Elle y rencontre deux jeunes surfeurs, dont l'un est coiffé d'un casque avec une caméra GoPro, qui la mettent en garde contre les flux capricieux du coin. Ils effectuent quelques glisses ensemble puis les deux garçons rejoignent la plage et leur voiture. Nancy, elle, décide de rester encore un peu.
Le requin dans le tube

Alors qu'elle profite de quelques tubes, elle est soudain percutée par un requin. Sous l'eau, le filin qui la relie à sa planche se coupe et le requin la mord à la cuisse gauche. Elle réussit à nager jusqu'à un récif et à y grimper pour s'abriter. Nancy se fait un garrot sommaire, puis suture la plaie en se servant de son collier et de ses boucles d'oreilles comme de fil et d'aiguille.  
Nancy face au requin

La nuit tombe, une balise flottante s'allume à environ 150 mètres du récif où la jeune femme se trouve. Le requin semble avoir disparu mais Nancy est trop faible et transie de froid pour risquer de quitter son refuge. Elle enfile, après l'avoir déchirée difficilement, une manche de sa combinaison autour de sa cuisse blessée à la manière d'un pansement de compression une fois qu'elle a desserré son garrot pour faire circuler le sang dans sa jambe. Sur la plage, elle aperçoit alors un homme assoupi mais qui se réveille au son de ses cris...
Nancy sur le récif

Malheureusement, c'est un ivrogne qui en profite pour lui voler son sac. Quand il voit sa planche de surf à la dérive, il s'enfonce dans la mer pour la récupérer mais le requin resurgit alors et l'attaque. Le matin se lève et les deux surfeurs de la veille reviennent : Nancy tente de les dissuader de se mettre à l'eau mais ils ne l'écoutent pas. Le requin a tôt fait de les agresser mortellement. L'après-midi, un soleil de plomb accable encore plus Nancy. Le casque équipé de la caméra du surfeur flotte jusqu'au récif où elle le rattrape : elle y enregistre un message puis le rejette à la mer en comptant sur la marée pour qu'il gagne la plage. 
"Take it !"

Voyant un banc de méduses autour du récif, Nancy plonge en espérant qu'il divertira le requin le temps qu'elle atteigne la balise. Une fois dessus, elle y trouve un pistolet et des fusées de sauvetage et en tire deux (sur quatre) en direction d'une péniche au large - mais sans que cela suffise à être remarquée. Elle vise alors le requin qui fonce sur la balise et le blesse. Enragé, le monstre tente alors de provoquer le chavirage de la balise et y parvient. Nancy l'attire alors dans les bas-fonds où le requin fonce sur les fondations acérées de l'îlot et s'y empale.   
Un an après...

Le casque avec la caméra ayant été retrouvé par Miguel sur la plage, son père, Carlos, repêche Nancy à bout de force à l'aube. Un an après, sur la plage de Galveston, Nancy initie sa petite soeur Chloe au surf après avoir examiné avec appréhension la mer...

Tous les étés, aux Etats-Unis, c'est la saison des blockbusters, ces films à grand spectacle produits pour triompher en salles. Parmi ces grosses machines, à l'intérêt et aux qualités très variables, se cachent ce que les analystes appellent des "sleepers", des longs métrages aux budgets beaucoup plus modestes mais qui deviennent des cartons inattendus. Généralement, il s'agit de films aux genres bien définis, ou plus précisément encore évoluant dans ses sous-genres, mis en scène par des réalisateurs à la notoriété faible avec des acteurs aussi peu connus, mais à la narration et à la mise en images efficaces. 

Cette absence de prétention artistique, la contrainte de livrer un divertissement calibré avec peu de moyens, a fait les beaux jours des projections dans les drive-in ou les compléments de programme à une époque.  Les studios ou structures indépendants qui les financent n'ont pas grand-chose ou rien à y perdre puisqu'ils ne coûtent pas cher et peuvent rapporter gros et que leur meilleure publicité est le bon vieux bouche-à-oreille.

The Shallows (soit, littéralement, Les Bas-Fonds) est un pur "sleeper" : avec seulement 17 millions pour le tourner, il en a remporté... Près de 125 rien que sur le sol américain ! Un vrai jackpot.

Le français Louis Leterrier (exilé aux Etats-Unis après avoir été découvert par Luc Besson, et à qui on doit Hulk ou Insaissables) devait initialement le diriger avant de se désister et d'être remplacé par l'espagnol Jaume Collet-Serra : c'est un habile faiseur, qui a souvent eu Liam Neeson devant sa caméra (le très bon Sans Identité, et les plus oubliables Non-Stop ou Extinction).

Le sujet tient sur un timbre-poste et pourrait se résumer par : une (jolie) fille, une plage, un requin. Mais ça suffit car le résultat séduit justement par son minimalisme. Depuis Les Dents de la Mer (Steven Spielberg, 1975, le premier blockbuster du New Hollywood), tous les cinéastes et les spectateurs savent le potentiel dramatique et spectaculaire qu'ont les "films de requins" - et comme Marathon Man (John Schlesinger, 1976) a traumatisé nombre de patients de dentistes, l'opus de Spielberg a nourri les angoisses de moult vacanciers partis faire trempette.

Collet-Serra suggère d'abord simplement, en isolant son héroïne au milieu de la mer ou en la filmant en train de surfer dans des tubes, la présence d'une menace qui ne se montre pas. Puis, subitement, le danger apparaît dans toute son horreur, très tôt : ainsi, le spectateur comme Nancy s'habitue à ce requin affamé et impitoyable, aussi vorace que rusé et puissant.

Quand on a une bombe (an)atomique comme Blake Lively devant son objectif, difficile de faire l'économie de quelques plans sur son physique admirable : la beauté solaire et la ligne de l'actrice n'est pourtant pas trop exploitée car, là aussi, il s'agit surtout de montrer l'épreuve qu'elle va traverser et dont elle gardera les stigmates corporelles et psychologiques. Le film insiste intelligemment davantage sur la survie de la jeune femme et oppose le combat de cette sirène contre le monstre.

La comédienne donne donc de sa personne mais sans que le spectateur ne se rince (trop) l'oeil (de toute façon, ça fait partie du jeu : la séduction de l'appât est aussi un argument), mais Lively tient son rôle avec beaucoup d'intensité. Son personnage, certes, ne cède pas exagérément à la panique (alors que n'importe qui dans pareille situation serait affolé et désespéré), mais le calme dont elle fait preuve est justifié par les études en médecine et donc l'habitude face aux moments délicats. Le scénario y ajoute un trauma familial pour la touche mélodramatique (la mort de la mère, le retour sur la plage que la défunte fréquentait qui donne à la présence de Nancy un air de pèlerinage) : c'est convenu mais pas bien méchant.

Les rebondissements sont assez fréquents et réalistes, avec une dose de sadisme raisonnable, pour ponctuer l'histoire (le voleur ivrogne, les deux surfeurs, le fils de Carlos) et le climax (avec le duel sur et sous la balise) est palpitant. Peut-être qu'un fan de ce genre de films serait plus exigeant que moi, qui n'en suis pas un grand consommateur, mais j'ai été accroché.

Vite fait mais bien fait (85 minutes), bien joué (par une des plus belles filles du ciné US actuel), cette série B est un plaisir, plaisir coupable certes, mais réel. 

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