dimanche 11 décembre 2016

LE GEANT DE FER, de Brad Bird (1999)


LE GEANT DE FER (The Iron Giant) est un film d'animation réalisé par Brad Bird.
Le scénario est écrit par Brad Bird et Tim McCanlies, d'après le roman de Ted Hughes. La photographie est signée Steven Wilzbach. La musique est composée par Michael Kamen.

Les voix de la version originale sont assurées par : Eli Marienthal (Hogarth Hughes), Vin Diesel (le Géant de Fer), Jennifer Aniston (Annie Hughes), Harry Connick Jr. (Dean McCoppin), Christopher McDonald (Kent Mansley).
 Hogarth rencontre le Géant de Fer

1957. Rockwell, Maine. Pris dans une tempête en mer, un pêcheur n'arrive pas à repérer le phare sur la côte. Soudain, un énorme objet tombe dans les flots déchaînés puis une forme gigantesque se dresse et dépose le pêcheur au pied du phare. 
Le "restaurant" du Géant de Fer 

Le lendemain, au diner, le pêcher raconte à qui veut l'entendre son aventure. Hogarth, orphelin de père, tente de convaincre sa mère, Annie Hughes, serveuse, de le laisser recueillir un écureuil, avant de sympathiser de Dean McCoppin, ferrailleur installé près de Rockwell. 
L'agent Kent Mansley et Annie Hughes

Seul le soir chez lui, Hogarth regarde un film à la télévision mais la diffusion défaille à cause d'un défaut de réception de l'antenne sur le toit. Il s'aventure dans la forêt pour atteindre la centrale électrique voisine. C'est là qu'il surprend un géant de fer en train de se goinfrer en avalant des pylônes. Mais il s'électrocute et ne doit son salut qu'à l'intervention du garçon qui coupe le courant. 
L'armée face au Géant de Fer

Le lendemain et les jours suivants, Hogarth retrouve le géant de fer dans les bois et devient son ami, découvrant qu'il vient d'une planète lointaine mais qu'il a perdu la mémoire. Le garçon apprend au robot à distinguer le bien du mal et à découvrir son environnement, le guidant jusqu'à la casse tenu par Dean où il pourra se nourrir. Le ferrailleur, d'abord stupéfait, accepte d'aider Hogarth tout en faisant comprendre à son "ami" qu'il ne doit pas manger ses sculptures métalliques.
Le Géant de Fer et Hogarth

Mais le géant de fer finit par être remarqué par d'autres habitants de Rockwell, ce qui attire l'attention d'un agent fédéral, Kent Mansley, convaincu qu'il s'agit d'une arme envoyé sur le sol américain par les russes après le lancement de Spoutnik.
Annie Hughes, Hogarth et Dean McCoppin

Alors que Hogarth et Dean tentent de protéger le robot, Mansley mobilise l'armée : un missile nucléaire est lancé sur Rockwell après l'intervention de l'aviation et de troupes au sol.
"Défense de me suivre."

Le géant de fer gagnera finalement la sympathie de toute la communauté en se sacrifiant pour empêcher le missile de détruire la ville. Une statue sera érigée en son honneur tandis que Mansley sera rétrogradé et que Hogarth sera consolé par sa mère et Dean.

Le premier long métrage d'animation de Brad Bird n'aura pas été un succès public à sa sortie mais aura conquis la critique et permis au cinéaste d'être remarqué par le studio Pixar. Exploité une seconde fois en salles en 2005 (avec deux scènes inédites), Le Géant de Fer est une merveille à (re)découvrir.

La genèse du projet se trouve dans l'adaptation du roman éponyme de Ted Hughes dont le guitariste des Who, Pete Towshend, acquit les droits pour en tirer une version musicale en 1993 avant de produire ce film six ans plus tard.

Brad Bird a été formé chez Disney avant de participer à la direction de trois épisodes de la série télé animée Les Simpsons en 1989. Il est repéré par Steven Spielberg avec qui il écrit, réalise et co-produit Family Dog (1992) et trois volets de Amazing Stories (la même année). Mais il va donc se faire un nom en 1999 en adaptant seul puis avec Tim McCanlies l'histoire de The Iron Giant. Il en situe l'action dans l'Amérique profonde des années 1950, inspirée par le climat de peur instauré par la guerre froide, la menace de la bombe atomique et le Maccarthysme - ce dernier point fournit une métaphore car le robot est d'abord considéré comme un engin de mort envoyé par les russes puis plus globalement comme un ennemi venu d'ailleurs.

Cet haine de l'étranger, de l'inconnu est personnifiée par l'agent Kent Mansley et s'oppose à la relation amicale qui se noue entre le géant de fer et Hogarth, un garçon qui a perdu son père, lui aussi d'abord effrayé par l'impressionnant gabarit du robot. Bird joue avec ce personnage énigmatique et démesuré pour éprouver les sentiments des protagonistes et du spectateur : ainsi, dès le début, il le montre tombant brutalement dans une mer démontée et le seul témoin de l'événement est un pêcheur qui confond les yeux de la créature métallique avec la lumière du phare de Rockwell. Plus tard, ces mêmes yeux rougiront de manière effectivement menaçante quand le robot réagit par la colère à la vue de Hogarth évanoui suite à une attaque de l'aviation militaire.

Le géant, on l'apprend en même temps que son jeune compagnon, n'attaque que pour se défendre et Hogarth lui enseigne qu'on ne devient que ce qu'on choisit d'être : l'énorme robot est comme une marionnette, d'autant plus qu'il est amnésique, qui apprend à bien se tenir et à parler en suivant les conseils de l'enfant. Machine de guerre ? Ou robot pacifique ? En lui lisant des comics et en lui désignant Superman, lui aussi échoué sur Terre mais qui met ses pouvoirs au service du bien, Hogarth inspire au géant de devenir un héros - ce qui le conduira à un sacrifice poignant pour sauver les citoyens de Rockwell de la folie stupide de Mansley.

Subtil dans son traitement des personnages et la conduite du récit, le film rend aussi hommage au style des cartoons de l'époque où se situe l'histoire par son graphisme raffiné aux lignes claires et par un habile mélange des techniques (le géant est animé en images de synthèse tandis que les autres protagonistes le sont de manière traditionnelle avec des celluloids). Bird réussit aussi un vrai tour de force en traduisant les émotions du robot alors qu'il est peu expressif grâce à un usage intelligent et simple des couleurs (de ses yeux) et de ses attitudes et mouvements.

Doublé par des acteurs investis (Jennifer Aniston, Harry Connick Jr. ou la voix grave de Vin Diesel), ce joli conte est touchant et entraînant : pour un coup d'essai, c'était déjà un coup de maître, cinq ans avant la consécration grâce aux Indestructibles.

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