lundi 19 décembre 2016

LES VIKINGS, de Richard Fleischer (1958)


LES VIKINGS (The Vikings) est un film réalisé par Richard Fleischer.
Le scénario est écrit par Calder Willingham et Dale Wasserman, d'après le roman Le Viking d'Edison Marshall. La photographie est signée Jack Cardiff. La musique est composée par Mario Nascimbene.

Dans les rôles principaux, on trouve : Kirk Douglas (Einar), Tony Curtis (Erik), Janet Leigh (Morgane), Ernest Borgnine (Ragnar), Frank Thring (Aella), James Donald (Egbert), Alexander Knox (Père Godwin), Orson Welles (le narrateur).
 Einar à la tête de son drakkar
(Kirk Douglas)

Lors d'un raid en Angleterre, le chef Viking Ragnar tue le roi de Northumbrie et viole sa femme. Elle tombe enceinte à la suite de son agression mais le cache à Aella, le cousin du défunt régent, qui accède au trône. Sur le conseil du Père Godwin, la mère et son enfant doivent partir se cacher en Italie.
Erik
(Tony Curtis)

20 ans après, le garçon, prénommé Erik, est devenu un jeune homme, esclave des Vikings après que Ragnar ait intercepté le vaisseau qui devait les amener, lui et sa mère, en Italie. Cependant, Aella fait jeter en prison Lord Egbert pour trahison car il affirme que la reine avait un héritier. Mais le seigneur anglais réussit à s'échapper et se réfugie chez Ragnar à qui il promet, en échange de sa protection, de lui dessiner des cartes pour attaquer sans danger Aella. 
Ragnar, Morgane et Einar
(Ernest Borgnine, Janet Leigh et Kirk Douglas)

Egbert rencontre Einar, le fils de Ragnar, qui élève des faucons mais est humilié par Erik dont l'oiseau est meilleur que le sien et éborgne le Viking qui le réclame à l'esclave. L'anglais identifie Erik comme étant le fils de la reine en remarquant l'amulette qu'elle lui avait placée autour du cou. Mais Ragnar condamne à mort l'esclave en le faisant ligoter à un rocher jusqu'à ce qu'il soit noyé par la marée montante, même si la sorcière Kitala prédit qu'Odin, le père des dieux nordiques, maudira le bourreau d'Erik. Cependant les vents contraires l'épargnent et Egbert obtient qu'il devienne son serviteur au grand dam d'Einar. 
Père Godwin et Morgane
(Alexander Knox et Janet Leigh)

Comme promis, les cartes dessinées par Einar ouvrent de nouvelles voies maritimes pour les Vikings jusqu'en Angleterre et Egbert suggère à Ragnar d'enlever la princesse Morgane, promise au roi Aella, en échange d'une rançon. Einar se charge, avec succès, de cette mission et tombe amoureux de sa captive, tout comme Erik. Lors du festin donné le soir même, Einar confie ses sentiments à son père puis rejoint le drakkar où est retenue la jeune femme. Il tente de la violer mais Erik l'assomme et, aidé d'un autre esclave noir, prend la fuite avec elle et sa dame de compagnie. Einar et Ragnar se lancent à leur poursuite mais les brumes provoquent le naufrage du vaisseau du chef, repêché par Erik qui va le livrer à Aella en échange de la main de Morgane.  
Einar et Morgane

Le vil Aella fait tuer Ragnar d'horrible façon puis mutile Erik en lui tranchant la main gauche. L'esclave retourne voir Einar avec qui il passe un marché : il l'aide à venger son père et le Viking l'aide à libérer Morgane. Les Vikings naviguent jusqu'au royaume anglais et prennent le château d'assaut.  
Erik et Einar

Les guerriers nordiques dominent leurs adversaires et tandis qu'Erik tue Aella, Einar sauve Morgane. Elle lui révèle aimer Erik et que celui-ci est en vérité le demi-frère du Viking, comme le lui a apprise Père Godwin. Les deux hommes s'affrontent à mort pour le coeur de la princesse. 
Les funérailles d'un Viking

Einar hésitera à tuer son demi-frère qui en profite pour lui donner un coup fatal. Mais Erik lui réservera, aux côtés de Morgane, de somptueuses funérailles dignes d'un chef Viking.

Le 9 Décembre dernier, Kirk Douglas, sans doute le dernier géant de l'âge d'or de Hollywood, fêtait son centenaire : toujours vif, cette légende s'est illustré durant toute la dernière campagne électorale américaine en prenant position contre Donald Trump dont l'ascension et la victoire lui rappelaient celle de Hitler, dont il fut témoin. Voilà une charge dont on ne pourra pas douter que son auteur parle sans savoir.

La politique, la filmographie du dénommé Issur Demsky en a largement traité : l'acteur a toujours été un artiste et un citoyen engagé et courageux, se dressant contre le Maccarthysme de manière directe en engageant notamment le scénariste Dalton Trumbo (alors "blacklisté" pour ses sympathies communistes) dans plusieurs longs métrages dont il était la tête d'affiche.

Kirk Douglas ne s'est pas fait que des amis durant sa longue carrière, et pas seulement à cause de ses opinions. Devenu une immense vedette dans les années 50, il fonda en 1955 Bryna Productions pour développer des projets co-financés avec de grands studios, et il (ab)usa souvent de cette position de force avec les réalisateurs qui ne partageaient pas sa vision des films. Un de ces plus fameux clashes l'opposa à Stanley Kubrick avec qui il fit d'abord Les Sentiers de la gloire puis qu'il imposa (après avoir renvoyé Anthony Mann) sur Spartacus pour se fâcher définitivement avec lui !

Le tournage des Vikings fut apparemment plus serein et reste un des meilleurs opus à la fois de Richard Fleischer, un cinéaste à l'aise dans tous les registres, et de sa star, inoubliable dans une composition haute en couleurs de brute ébranlé par l'amour.

Le film bénéficie d'un gros budget et la reconstitution est exemplaire, magnifiée par la photo splendide du chef opérateur Jack Cardiff : les décors naturels grandioses sont saisis en Technirama avec une profondeur de champ d'une netteté incroyable. Plusieurs scènes sont bluffantes comme la poursuite de la barque d'Erik avec Morgane à son bord par les drakkars de Ragnar et Einar dans les brumes traîtresses ou l'attaque du château du roi Aella, sans oublier le climax tragique à souhait où les deux demi-frères se battent à mort en haut de la tour. Aucun épisode de Game of Thrones ne rivalise avec la puissance visuelle et l'intensité dramatique des Vikings !

Le scénario, foisonnant mais maîtrisé durant 115 minutes, explore le thème de la lutte pour le pouvoir à plusieurs niveaux : il s'agit autant de conquérir le trône d'Angleterre avec le cruel Aella que le coeur de la princesse Morgane, d'impressionner Ragnar, d'expliquer la trahison de Lord Egbert... Cette abondance d'alliances, mésalliances, convoitises, querelles, vengeances, amours contrariées, fournit au film un matière très dense mais toujours claire et palpitante, animée par des protagonistes riches, passionnément antagonistes et romantiques.

Fleischer dispose aussi d'un casting de rêve : aux côtés de Douglas, impressionnant avec sa trogne défigurée et dans un registre très physique taillé pour lui (voir la scène où il saute pour s'amuser sur les rames de son drakkar ou celle où il grimpe sur la façade du château d'Aella), Tony Curtis réussit à exister dignement (et il faut du charisme pour y parvenir avec un costume comme le sien !). Entre eux, Ernest Borgnine (qui joue le père de Douglas alors qu'il n'avait que 4 ans de plus que lui !) est grandiose en chef féroce et lubrique, et Janet Leigh (Mme Curtis à l'époque) est à tomber à la renverse en princesse au caractère bien trempé (farouche, elle refroidit Einar en refusant de lui résister : stratégie audacieuse face à un conquérant).

Les Vikings reste un divertissement captivant, parfois étonnamment brutal (les mutilations subies par Einar et Erik), qui n'a vraiment pas pris une ride. Un must absolu !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire