vendredi 28 avril 2017

UN BEAU DIMANCHE, de Nicole Garcia (2013)


UN BEAU DIMANCHE est un film réalisé par Nicole Garcia.
Le scénario est écrit par Nicole Garcia et Jacques Fieschi. La photographie est signée Pierre Milon. La musique est composée par Eric Neveux.


Dans les rôles principaux, on trouve : Pierre Rochefort (Baptiste Cambière), Louise Bourgoin (Sandra), Mathias Brézot (Mathias), Dominique Sanda (Liliane Cambière), Déborah François (Emmanuelle Cambière), Eric Ruf (Gilles Cambière), Benjamin Laverhne (Thomas Cambière), Jean-Pierre Martins (Balou).
 Baptiste Cambière
(Pierre Rochefort)

Jeune instituteur suppléant dans le Sud de la France, Baptiste Cambière refuse l'offre du directeur de l'école où il travaillait de revenir exercer à la rentrée. Il ramène un de ses élèves, Mathias, chez son père, qui le néglige, et dont la mère devait passer le prendre pour le week-end où elle en a la garde. 
Sandra
(Louise Bourgoin)

Pour ne pas laisser le garçon seul, Baptiste dit à son père, ayant promis à sa nouvelle compagne un dîner romantique, qu'il accepte de le garder chez lui pour la nuit. Le lendemain, Samedi, l'instituteur décide pourtant de conduire Mathias jusqu'à sa mère, Sandra, qui travaille comme serveuse saisonnière dans un restaurant près d'une plage. Contrariée, elle les loge dans son bungalow et les invite à profiter du cadre.
Baptiste et Sandra

Le soir venu, Baptiste découvre que Sandra a de gros ennuis financiers : deux hommes lui réclament 50 000 Euros qu'ils lui avaient prêtée pour l'ouverture d'un resto avant que l'affaire ne capote. Refusant que les ennuis de la jeune femme ne troublent son commerce, Balou, le boss de la jeune femme, la congédie. 
Sandra et Baptiste

Baptiste offre alors à Sandra de l'aider mais pour cela, ils doivent gagner une propriété dans les environs de Béziers : il s'agit de la maison de la famille Cambière, de grands bourgeois avec lesquels Baptiste a coupé les ponts depuis plusieurs années au point de n'avoir pas assisté aux obsèques de son père, qui l'avait cherché avec sa plus jeune soeur, Emmanuelle. L'ambiance est donc tendue lorsque Gilles et Thomas, ses frères, et Liliane le voient resurgir subitement en compagnie de Sandra. 
Sandra et son fils Mathias
(Louise Bourgoin et Mathias Brézot)

Tandis que Gilles avise Baptiste que, grâce à la santé florissante des affaires familiales, il a hérité d'une fortune, Liliane échange avec Sandra en lui conseillant d'être une mère attentive pour Mathias car l'éloignement de Baptiste a été pour elle semblable à la perte d'un enfant. 
 Baptiste

Lors du repas de famille, Baptiste révèle la raison pour laquelle il a quitté les siens : étudiant brillant en astrophysique, promis à un bel avenir, il n'était pourtant pas heureux de son existence toute tracée. Ses parents l'ont alors fait interner en hôpital psychiatrique, espérant qu'il se raviserait. Mais, à sa sortie, il a fui. Malgré les suppliques de d'Emmanuelle et de Liliane, il ne souhaite toujours pas réintégrer le giron familial et repart avec les 50 000 Euros que lui avance son frère aîné, Gilles.
Sandra

Sandra décide de reprendre sa place de serveuse jusqu'à la fin du mois d'Août, prête à attendre ses créanciers pour les rembourser, pour reprendre ensuite sa vie en main.

Précédant son excellent Mal de pierres (2016), Un Beau Dimanche prouve encore une fois le talent de Nicole Garcia pour brosser le portrait de personnages rattrapés par leur passé. En peu de plans et de mots, elle nous fait entrer dans cette histoire dont le héros, solitaire et taiseux, cache à l'évidence de lourds et douloureux secrets, et esquive le présent en ne restant jamais longtemps au même endroit (il suppléé des instituteurs le temps de quelques semaines ou mois).

Qui est Baptiste Cambière ? D'où provient cette violence qui semble bouillonner en lui, derrière son apparence si douce ? Et surtout qu'est-ce qui le motive à aider un de ses élèves et sa mère, une paumée qui doit beaucoup d'argent à deux voyous ?

Nicole Garcia nous entraîne sur une fausse piste avec cet intrigant protagoniste. Il faudra attendre le dernier tiers du récit pour avoir des réponses à ces questions qui sont, en vérité, moins importantes (même si elles ne sont pas négligeables) que le bout de chemin que vont faire ensemble cet instituteur, cette serveuse et son fils. La réalisatrice sait jouer de manière experte avec les mystères, le doute, l'incertitude, et utilise, à ces fins, le Dimanche du titre pour nous rappeler à quel point ce jour représente à la fois la fin d'une semaine et le début de la suivante, et par extension le dénouement d'une aventure, d'une période et le commencement d'une autre.

Ainsi la narration va et vient entre le présent (montré) et le passé (évoqué, discrètement), la précarité du personnage de Sandra - auquel Louise Bourgoin, tatouée mais sans maquillage, donne un caractère fébrile, frondeur, revêche et sensuel - et la bourgeoisie dont est issu celui de Baptiste - incarné avec maestria par Pierre Rochefort (le propre fils de Nicole Garcia), mélange de douceur et de colère, de douleur et d'abandon.

L'action se déroule sur trois jours, depuis le moment où Baptiste héberge Mathias jusqu'à ce qu'avec ce dernier et Sandra il retourne auprès de sa famille. On bascule alors dans un milieu de nantis, intransigeants, où l'argent et les convenances ont remplacé l'affection des parents, des frères et soeur au point de creuser un fossé qui ne sera jamais plus comblé avec le fils prodigue. La révélation sur les origines de cette rupture est superbement amenée, avec subtilité et force.

Le film permet aussi d'apprécier un casting de premier ordre où figure Dominique Sanda, après une longue éclipse de celle qui fut une des égéries du cinéma des années 70, aux côtés d'Eric Ruf (actuel patron de la Comédie-Française) et de Déborah François (toujours remarquable et jolie comme un coeur). Ils interprètent avec brio cette famille réprimant sa joie de retrouver un des leurs, mais rattrapée par le regret (de lui avoir fait subir un traitement indigne et irréparable).

La justesse avec laquelle Nicole Garcia raconte ces trois jours, romanesque en diable, n'a d'égale que sa formidable concision et son exemplaire simplicité. Son film a l'intensité d'une nouvelle dont le thème serait la délivrance : celle d'un homme qui, en se détachant des siens, s'est reconstruit, a retrouvé les goût des autres, au point d'aider quelqu'un en souffrance comme il l'a été.  

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