lundi 10 avril 2017

JOHN WICK, de Chad Stahelski et David Leitch (2014)


JOHN WICK est un film réalisé par Chad Stahelski avec David Leitch.
Le scénario est écrit par Derek Kolstad. La photographie est signée Jonathan Sela. La musique est composée par Tyler Bates et Joel L. Richards.


Dans les rôles principaux, on trouve : Keanu Reeves (John Wick), Michael Nyqvist (Viggo Tarasov), Willem Dafoe (Marcus), Alfie Allen (Iosef Tarasov), Adrianne Palicki (Ms. Perkins), John Leguizamo (Aurelio), Bridget Moynahan (Helen Wick), Bridget Regan (Addy).
 Helen et John Wick
(Bridget Moynahan et Keanu Reeves)

Légendaire tueur à gages repenti, John Wick perd sa femme, Helen, des suites d'une longue maladie. Après ses obsèques, il reçoit d'elle un cadeau posthume, un chiot baptisé Daisy, pour l'aider à surmonter son deuil. Il semble en effet lentement reprendre goût à la vie au contact de l'animal. 
Iosef Tarasov et John Wick
(Alfie Allen et Keanu Reeves)

Parti faire une promenade au volant de sa Ford Mustang 1969, John Wick est abordé dans une station-service par Iosef qui lui demande quelle somme il demande pour vendre sa voiture, mais l'intéressé refuse de la céder. La nuit venue, trois hommes cagoulés s'introduisent par effraction chez John et le passent à tabac puis tuent son chien jusqu'à ce soient retrouvées les clés de sa voiture. Iosef se démasque alors et assomme Wick après l'avoir insulté.
Ioseg et Viggo Tarasov
(Alfie Allen et Michael Nyqvist)

Après être passé au garage d'Aurelio, qui refuse de maquiller la Ford Mustang, sachant à qui elle appartient, Iosef est corrigé par son père, le caïd russe Viggo Tarasov. Il téléphone à John Wick pour tenter de le calmer mais le tueur lui raccroche au nez, signifiant ainsi qu'il a l'intention de se venger. 
Winston
(Ian McShane)

John descend à l'hôtel "Continental", qui a pour particularité de ne loger que des assassins professionnels. Reçu par son propriétaire, Winston, il apprend que Iosef se cache, avec des gardes armés lourdement, dans la discothèque "Red Circle". Le tueur s'y rend et exécute méthodiquement la majorité des sbires protégeant sa cible mais celle-ci réussit à lui échapper de justesse. 
John Wick en action

Blessé, il rentre au "Continental" pour y être soigné avant d'être attaqué par Ms. Perkins, une collègue qui, appâtée par le contrat lancé sur la tête de Wick par Viggo Tarasov, n'hésite pas à enfreindre le règlement intérieur de l'hôtel (interdisant à un tueur d'éliminer un confrère). John la maîtrise et la confie à Harry, un voisin de palier, après qu'elle lui ait donné l'adresse de l'endroit où Viggo planque son argent.
Ms. Perkins
(Adrianne Palicki)

John met le feu au magot de Tarasov pour l'obliger à lui livrer son fils, mais il tombe dans une embuscade et il est capturé. Grâce au soutien extérieur de son ami Marcus, il parvient à se débarrasser des hommes de main du caïd et à rattraper ce dernier qui, sous la menace, lui indique où se cache Iosef. 
John Wick et Marcus
(Keanu Reeves et Willem Dafoe)

Averti de la complicité de Marcus, Viggo le torture et le tue puis en informe John, qui vient d'éliminer Iosef et ses gardes. Ms. Perkins répond à une convocation de Winston qui la fait abattre pour avoir enfreint le règlement du "Continental" puis il informe Wick que Tarasov compte quitter la ville depuis un héliport privé. Le tueur affronte et supprime les sbires de son ennemi avant de se débarrasser de ce dernier dans un combat à mains nues. 
"The Boogeyman"

Blessé, il se soigne dans une clinique vétérinaire et en sort en emportant un jeune chiot.

John Wick est ce qu'on appelle un "sleeper", soit un film que personne n'attend, sur lequel personne n'a misé gros, mais qui se taille finalement un joli succès surprise au box office.

De fait, le scénario de Derek Kolstad figurait sur la "blacklist", une collection de scripts à la réputation flatteuse, sans trouver de producteur ou de réalisateur. On sera surpris d'ailleurs de découvrir que, parmi les financiers du projet, se trouve Eva Longoria (hé, oui, l'ex-desperate housewife un temps marié au basketteur franco-américain Tony Parker). 

Finalement, le projet a été confié à un duo de cascadeurs célèbres (on leur doit les chorégraphies spectaculaires de la trilogie Matrix, de la tétralogie Hunger Games, de Sherlock Holmes 2, Iron Man 2, Die Hard 4 ou V pour Vendetta) qui, en matière d'action, comme le héros de cette histoire, connaissent leur job.

L'histoire, justement, joue sur le ressort classique d'une vengeance : tueur mythique (surnommé le "boogeyman", l'équivalent du croque-mitaine), John Wick apparaît au début comme un homme lui-même abattu par le décès de sa femme, pour laquelle il avait renoncé à ses contrats rémunérateurs. Volé et battu par le fils d'un mafieux russe, qui a tué son chien et dérobé sa voiture, il déterre la hache de guerre alors que son ennemi met sa tête à prix, attirant ainsi d'autres assassins professionnels dans cette vendetta.

L'efficacité du résultat tient à la simplicité de l'intrigue et à la sécheresse du traitement : le héros y caractérisé comme le dernier des hommes à qui on a envie de chercher des ennuis, précédé d'une réputation qui lui confère un statut légendaire. Ce dernier point se vérifie rapidement par la prodigieuse puissance de John Wick dans son travail, c'est une machine à tuer qui ne gaspille pas ses munitions inutilement, vise la tête et passe à l'obstacle suivant. Il est mu par une haine désespérée, quasi-suicidaire, que le chagrin réveille. Comme lui, la mise en scène est précise, sans fioriture, et se distingue notamment par sa photographie sombre (due aussi à une majorité de scènes nocturnes ou dans des endroits aux éclairages réduits) dans lequel John Wick se déplace telle une ombre, silencieuse et mortelle. Lorsqu'il est blessé, son ressentiment, un verre d'alcool et quelques points de suture suffisent à le relancer.

Sommaire, le film l'est : il ne cherche pas à transcender le genre dans lequel il s'inscrit (la scène dans la discothèque renvoie à celle, similaire, du Collateral de Michael Mann, sans la dépasser mais en l'égalant par son intensité), il ne s'agit pas de fanfaronner - c'est par son humilité, son respect des codes, son alignement à la série B, que John Wick est le plus savoureux et réussi. 

Pour incarner ce cinéma-là, le choix de Keanu Reeves est judicieux : acteur à la carrière en dents de scie ponctuée par des rôles iconiques (le flic infiltré chez des gangsters surfeurs dans Point Break, celui au volant du bus piégé de Speed, Neo l'élu de la trilogie Matrix - tout cela au milieu d'une tripotée de nanars improbables), il est parfait ici, son jeu inexpressif convient bien à ce démon tiré de son antre, insensible face à ses nombreux adversaires mais terrassé par la perte de sa femme, de son chiot et de sa voiture. Entouré par des gueules mémorables (Ian McShane, Willem Dafoe) et des seconds rôles campés par des comédiens interchangeables (Michael Nyqvist - trop peu menaçant pour vraiment convaincre qu'il puisse freiner John Wick - ou Adrianne Palicki - quelconque dans un rôle pourtant prometteur), il en impose.

Ponctué par des touches d'humour bienvenues (l'absurdité de la vengeance, les clichés sur les mafieux russes, le sentimentalisme envers les toutous) et traversé de morceaux de bravoure (les gunfights brutaux et superbement rythmés), profitant à fond de son format compact (100 minutes) et d'idées brillantes (l'hôtel des assassins, son règlement intérieur strict et son room service bien particulier), John Wick remplit parfaitement son contrat - si bien qu'une suite est sortie l'an dernier.

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