lundi 3 avril 2017

SUPER 8, de J.J. Abramas (2011)



SUPER 8 est un film écrit et réalisé par J.J. Abrams.
La photographie est signée Larry Fong. La musique est composée par Michael Giacchino.


Dans les rôles principaux, on trouve : Joel Courtney (Joe Lamb), Elle Fanning (Alice Dainard), Kyle Chandleer (Jack Lamb), Ron Eldard (Louis Dainard), Noah Emmerich (colonel Nelec), Riley Griffiths (Charles Kaznyk), Ryan Lee (Cary), Zach Mills (Preston), Gabriel Basso (Martin), Glynn Turman (Dr. Woodward).
 Joe, Alice, Cary, Preston et Martin
(Joel Courtney, Elle Fanning, Ryan Lee, Zach Mills et Gabriel Basso)

1979. Lillian, Ohio. Joe Lamb, 13 ans, vient de perdre sa mère, victime d'un accident dans la fonderie locale, et son père, le shérif adjoint Jack Lamb, tient pour responsable Louis Dainard, un des ouvriers du site, le refoulant lors de la réception donnée après les obsèques. 
Martin, Cary, Joe et Charles
(Gabriel Basso, Ryan Lee, Joel Courtney et Riley Griffiths)

Quatre mois après, Joe aide, en qualité de maquettiste et de maquilleur, son ami Charles Kaznyk à réaliser un un film amateur avec Preston, ingénieur du son et figurant ; Cary, en charge des effets spéciaux ; Martin, l'acteur principal, et leur dernière recrue, Alice Dainard. Un soir, en tournant une scène, ils sont témoins d'un spectaculaire accident ferroviaire provoqué par leur professeur de biologie, le Dr. Woodward. L'armée investit aussitôt après le site, sous les ordres du colonel Nelec.    
Le shérif adjoint Jack Lamb et le colonel Nelec
(Kyle Chandler et Noah Emmerich)

Dans les jours qui suivent, une série de disparitions, dont celle du shérif, et des pannes d'électricité sèment la panique dans la bourgade. Jack Lamb tente de rassurer ses concitoyens tout en échouant à recevoir des informations du colonel Nelec, qui finit par le faire enfermer. 
Alice

La nuit suivante, après s'être disputée avec Louis Dainard, son père, Alice est enlevée sous les yeux de ce dernier par une horrible créature. La ville est évacuée par l'armée et ses habitants rassemblés dans un camp, mais Joe persuade Charles, Preston, Martin et Cary de partir à la recherche d'Alice. Pour la retrouver, les garçons retournent dans leur école et fouillent le bureau du Dr. Woodward où ils découvrent qu'il a fait partie, vingt ans auparavant, d'un groupe de savants ayant séquestré un extra-terrestre s'étant crashé sur Terre et dont l'armée cherchait à apprendre les secrets de la technologie de son vaisseau. 
Jack et Joe Lamb, Alice et Louis Dainard
(Kyle Chandler, Joel Courtney, Elle Fanning et Ron Eldard)

Joe se souvient ensuite de mouvements suspects près d'une grange aux abords du cimetière. Preston resté aux abris improvisés par les militaires, Martin blessé en route et veillé par Charles, Joel et Cary découvrent dans la grange un souterrain au creux duquel l'alien détient plusieurs prisonniers humains et travaille à reconstituer son vaisseau. Les deux garçons libèrent Alice et les autres otages et Joel convainc la créature de s'enfuir avant que l'armée ne le retrouve. Agrégeant magnétiquement des éléments métalliques pour sa nef, le monstre parvient à quitter la Terre sans que les militaires puissent l'en empêcher. 
Charles, Joe, Martin, Preston et Alice

Leurs pères réconciliés après cette épreuve au terme de laquelle ils ont récupéré leurs progénitures saines et sauves, Joe et Alice peuvent terminer le film réalisé par Charles, en y ayant incorporé des prises de vue des événements des derniers jours, et qui espère désormais pouvoir le présenter à un festival. 
Alice et Joe

L'examen des productions télé et ciné de J.J. Abrams, si elle impressionne facilement par sa collection de succès retentissants (de Alias à Lost pour le petit écran à Mission : Impossible IV à Star Wars VII en passant par sa relance de Star Trek pour le grand), éclaire aussi l'impersonnalité de son oeuvre. Pour deviner un peu qui est vraiment ce hitmaker, Super 8 est son effort le plus sincère... Sans pourtant qu'il soit un film plus original !

Il suffit de recenser le nombre de citations, qui ne sont pas réinterprétées, pour s'en convaincre. Produit par Steven Spielberg, le long métrage s'inspire si fortement de son univers qu'il renvoie directement à ce que le réalisateur filmait ou finançait dans les années 80 (de E.T. à Gremlins et Les Goonies). Qu'est-ce qui distingue alors J.J. Abrams pour qu'il mérite d'être considéré comme un auteur et que Super 8 raconte quelque chose qui nous renseigne sur son histoire ?

A vrai dire, rien - ou pas grand-chose. On se trouve donc devant un produit qui ne dit rien de celui qui l'a fait, qui n'a aucun style distinctif. En lieu et place, en revanche, un savoir-faire indéniable, à la direction artistique impeccable et à la technique irréprochable, et même une foi indéniable dans la force des images. Tout cela lui est permis grâce à des moyens financiers visibles, et des résultats commerciaux énormes qui en ont fait un des rois de l'entertainment hollywoodien contemporain. Mais rien de plus en vérité.

Je ne veux pas sembler trop sévère et avoir l'air de bouder mon plaisir : le résultat conjugue la romance adolescente, le grand spectacle, un zeste d'épouvante, un brin de comédie, l'hommage cinéphile, avec une efficacité indiscutable. Mais ça se regarde comme on écoute un bon remix : une version customisée de ce qui faisait il y a trente ans, une adresse à l'attention de spectateurs qui avaient l'âge des héros en 1979 (et à leurs enfants qui apprécieront le récit avec curiosité).

Abrams tire donc ses (grosses) ficelles en invoquant la pellicule Super 8 des films amateurs pour évoquer le souvenir des chers disparus (la mère de Joe). Bien que le procédé soit éculé, c'est paradoxalement dans ces moments-là, où il privilégie l'intime que le réalisateur est le plus inspiré, le plus juste, le plus émouvant. Deux scènes, très belles et simples, illustrent cela : quand Joe (Joel Courtney, touchant mais transparent) montre à Alice (Elle Fanning, exceptionnelle comme toujours, à la fois sensible et sobre) un film où apparaît sa mère (sachant que le père de la jeune fille est tenu pour responsable de la mort de la mère de son ami, la scène est déchirante pour les deux adolescents) ; puis quand l'extra-terrestre attire le pendentif fétiche de Joe, avec là encore une photo de sa mère, pour achever l'assemblage de son astronef - l'adolescent s'en sépare finalement aussi bien pour rendre sa liberté à la créature que pour tourner la page d'un deuil douloureux.

Plus que les explosions, le monstre traqué par les méchants militaires, c'est quand il explore la culpabilité, la solidarité, l'amitié, l'amour, que le film de J.J. Abrams charme le plus. Souhaitons qu'il ose, à l'avenir, être plus audacieux dans cette direction, quitte à délaisser ses blockbusters prévisibles, exploitant des franchises ou des genres convenus...

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