vendredi 14 avril 2017

IT FOLLOWS, de David Robert Mitchell (2015)


IT FOLLOWS est un film écrit et réalisé par David Robert Mitchell.
La photographie est signée Michael Gioulakis. La musique est composée par Disasterpeace.


Dans les rôles principaux, on trouve : Maika Monroe (Jamie "Jay"), Keir Gilchrist (Paul), Daniel Zovatto (Greg), Jake Weary (Hugh), Lili Sepe (Kelly), Olivia Luccardi (Yara).
 Hugh et Jay
(Jake Weary et Maika Monroe)

Détroit. Une adolescente sort de la maison familiale en étant effrayée comme si quelqu'un la poursuivait. Elle prend le volant et roule jusqu'à la plage où son père l'appelle sur son son téléphone. Elle lui répond qu'elle les aime, lui et sa mère. Au matin, son corps gît, démembré, sur le sable. Insouciants après ce drame terrifiant et inexpliqué, Jamie, alias "Jay", sort avec son petit ami, Hugh, au cinéma, mais une fois dans la salle, mal à l'aise, il la convainc de repartir. Ils font l'amour dans sa voiture, puis il l'endort en lui appliquant sur le visage un tissu imbibé de chloroforme.  
Jay

Lorsqu'elle revient à elle, Jay est ligotée à une chaise sur roulettes dans un parking couvert désert tandis que Hugh justifie son geste en lui expliquant que lui avoir fait l'amour était le seul moyen pour lui de se débarrasser d'une entité invisible qui le traquait et qui va maintenant la poursuivre, elle. Une femme apparaît alors et leur court après. Hugh abandonne Jay devant chez elle où sa soeur cadette, Kelly, la récupère avec ses meilleurs amis, Paul et Yara, sous le choc.  
Jay

La police ouvre une enquête mais Hugh est introuvable : la maison qu'il disait habiter était louée sous un faux nom. Kelly, Yara et Paul, amoureux de Jay depuis leur enfance, veillent sur elle la nuit suivante mais elle ne trouve pas le sommeil et voit même successivement une femme à moitié nue et un homme de grande taille aux yeux crevés la pourchasser dans sa maison jusqu'à ce qu'elle s'enferme dans une chambre.
Paul et Jay
(Keir Gilchrist et Maika Monroe)

Avec le renfort de Greg, un jeune voisin, ils partent à la recherche de Hugh dont il découvre le vrai nom, Jeff Redmond, et la véritable adresse dans le trombinoscope du lycée. Une fois devant lui, il ne peut que répéter ce qu'il a déjà dit à Jay et comment elle peut espérer se débarrasser de la "chose", en ayant un nouveau rapport sexuel, qui fera de son partenaire la nouvelle cible. 
Greg, Jay et Kelly
(Daniel Zovatto, Maika Monroe et Lili Sepe)

Le groupe d'adolescents décide d'aller se cacher dans la maison sur la plage appartenant aux parents de Greg, qui apprend à Jay à tirer avec un revolver. Quand elle est agressée sous les yeux de ses amis par l'entité, uniquement visible par elle, ils comprennent qu'elle ne délire pas mais elle fuit en voiture avant d'avoir un accident au volant en voulant éviter un autre véhicule. 
"ça te suit et tu ne peux pas lui échapper..."

Heureusement, elle n'est que légèrement blessée. Veillée par Greg à l'hôpital, elle couche avec lui car il n'a pas peur d'hériter de son mal. Il a tort car, une nuit, Jay assiste à une visite de la "chose" chez son ami et le voit mourir. Elle devine que son calvaire va reprendre et Paul lui propose une solution radicale pour en finir.
La "chose" et Jay

La bande tend un piège au monstre en l'attirant à la piscine où Jay sert d'appât pour l'électrocuter. Lorsque la "chose" manifeste, Paul réussit à lui tirer dans la tête et Jay l'achève dans l'eau. Elle sort du bassin qu'elle voit alors se remplir de sang.
Jay

Jay couche avec Paul. Ensemble, ils se promènent, main dans la main, sans remarquer qu'ils sont, apparemment, suivis.

Le film s'ouvre par une scène fantastique dans tous les sens du terme, inspirée à David Robert Mitchell par un cauchemar d'enfance. Cette idée géniale - être poursuivi par une présence visible seulement par sa future victime - donne le ton à ce film d'épouvante - et non d'horreur (l'épouvante s'appuie sur la suggestion, l'horreur sur la représentation) - qui se démarque habilement de tous les slashers movies.

En effet, It Follows dispense le spectateur des poncifs du genre, avec ses héroïnes pulpeuses et hurlantes traquées par des tueurs en série ou des monstres, pour leur préférer une démonstration plus subtile de la peur, et le réalisateur-scénariste, pour son deuxième film (The Myth of American Sleepover est resté inédit en France), se pose là en digne héritier du maître français de l'angoisse, Jacques Tourneur, qui fit trembler Hollywood dans les années 40. Comme lui, il tire superbement profit de l'économie de moyens de sa production et d'un prodigieux sens du hors-champ pour susciter le malaise et l'effroi.

Il ne cède pas non plus à l'ironie, qui imprégnait Scream de Wes Craven (et ses nombreux et pitoyables prolongements directs et indirects), rendant son récit encore plus flippant. La métaphore est sibylline : c'est par le sexe qu'on est puni, mais aussi par le sexe qu'on peu se sauver, quitte pour cela à sacrifier son amant - une dénonciation maline et percutante du puritanisme. Le scénario évoque ainsi les MST, la perte de la virginité, la fin de l'innocence, et donc le passage à l'âge adulte. Le titre lui-même est riche de sous-entendus : il renvoie aux "followers" sur Twitter, ces "amis" qu'on convoite sur les réseaux sociaux sans les connaître, parfois en le regrettant, avec le risque d'être harcelé, en redoutant de le rencontrer réellement.

La mise en scène épouse ces idées avec de nombreux travellings avant, des plans circulaires, un rythme lent : comme l'héroïne, le spectateur a constamment le sentiment d'un danger alentour, d'une menace qui plane - et le film dose a minima les apparitions de la "chose", de telle manière qu'on ne peut jamais anticiper ses attaques.

Comme Jay, remarquablement incarnée par Maika Monroe, dont le jeu sobre et troublée et le physique avenant sans qu'elle soit trop sexuellement attirante détonent là aussi avec les actrices traditionnelles dans ce genre de films, on évolue dans ce cauchemar labyrinthique, étrange, au coeur de lDétroit et sa banlieue, elles-même dépeuplées suite à la crise immobilière. Et alors, It Follows s'enrichit d'une dimension sociale inattendue où les fantômes sont peut-être autant ceux qui ont perdu leurs possessions en ville que ceux qui ont perdu la vie. 

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