vendredi 4 novembre 2016

LE BAGARREUR, de Walter Hill (1975)


LE BAGARREUR (Hard Times) est un film réalisé par Walter Hill.
Le scénario est écrit par Walter Hill, Bryan Gindoff, Bruce Heustell, d'après l'idée de Lawrence Gordon. La photographie est signée Philip Lathrop. La musique est composée par Brian De Vorzon.


Dans les rôles principaux, on trouve : Charles Bronson (Chaney), James Coburn (Speed), Jill Ireland (Lucy Simpson), Strother Martin (Poe), Maggie Blye (Gayleen Schoonover), Michael McGuire (Gandil).
 Chaney
(Charles Bronson)

Années 1930, Etats-Unis. Chaney, la cinquantaine, vagabond, rencontre Speed, le manager d'un champion de boxe clandestin qui vient de perdre son dernier combat. Il le convainc de miser sur lui et expédie son premier adversaire au tapis. Les deux hommes s'associent. 
Speed
(James Coburn)

Direction : la Nouvelle-Orléans. Speed y retrouve sa compagne, Gayleen Schoonover, et présente à Chaney Poe, un médecin opiomane, qui le soignera après les combats. Le boxeur rencontre dans un bar une jeune femme, Lucy Simpson, qu'il raccompagne chez elle. Mais il ne s'impose pas pour finir la nuit avec elle et promet qu'ils se reverront.   
Chaney

Speed entraîne Chaney chez un fermier avec lequel il a arrangé un combat. Mais, après la victoire de Chaney, leur adversaire refuse de les payer, lui et Speed. Chaney récupérera quand même son dû en rudoyant le fermier et ses acolytes qui fêtaient leur entourloupe dans un bistrot plus tard dans la soirée. 
Chaney et Lucy
(Charles Bronson et Jill Ireland)

De retour en ville, Speed approche le riche manager Gandil pour défier son champion mais il doit pour cela réunir 3 000 $. Empruntant à divers créanciers, il collecte la somme tandis que Chaney, ignorant ces combines, revoit Lucy avec lequel il entame une liaison et avoue comment il gagne sa vie.
Speed et Chaney

Chaney affronte et bat le champion de Gandil. Plutôt que de rembourser ses banquiers, Speed dilapide sa part dans des maisons de jeux et de passe. Gandil invite le manager et le boxeur pour racheter la moitié du contrat qui lie les deux hommes, mais Chaney refuse. Lorsque Speed, rattrapé par ses créanciers, insiste auprès de son partenaire pour qu'il reconsidère sa décision, celui-ci choisit de rompre leur association. 
Le dernier combat de Chaney

Chaney apprend ensuite que Lucy fréquente un autre homme, riche, avec qui elle va s'installer. Speed est pris en otage par Gandil pour que Chaney soit obligé de combattre son nouveau champion. Poe convainc le boxeur de disputer ce dernier combat. Réussira-t-il à vaincre pour la première fois un challenger qu'il n'a pu observer auparavant ?

Rédacteur de scripts pour divers réalisateurs, Walter Hill souhaite passer à son tour derrière la caméra et voit son rêve exaucé par le producteur Lawrence Gordon qui lui donne l'idée de The Streetfighter. Le scénariste estime le potentiel du sujet mais souhaite le remanier en resituant l'action durant la Grande Dépression et en le tournant en noir et blanc.

Si l'histoire est effectivement retouchée avec la collaboration de Bryan Gindoff et Bruce Heustell, Hill se résigne à l'adapter en couleurs. Il renonce également à son idée de casting initiale, souhaitant confier le rôle de Chaney au jeune Jan-Michael Paré et celui de Speed à Warren Oates : il ne le regrettera pas longtemps même s'il appréhendait alors de diriger Charles Bronson, devenu une vedette depuis la fin des années 60 et réputé pour être un "director's killer", réclamant qui plus est un cachet d'un million de dollars (une fortune pour l'époque et pour une petite production).

La présence en tête d'affiche de cet ex-bûcheron, qui mène de front une carrière en Europe et aux Etats-Unis, et alors âgé de 54 ans, va effectivement apporter une autre dimension au récit et au personnage : comme dans Il était une fois dans l'Ouest (Sergio Leone, 1968), il campe un homme surgi de nulle part, apparaissant pour sa première scène en train de descendre d'un train. On devine, sans qu'on soit davantage informé par la suite, qu'il a traversé une existence dure (Hard Times, comme l'indiquait le titre original) et qu'il en a tiré une certaine sagesse (comme il l'explique d'emblée à Speed, il ne compte pas combattre longtemps, juste assez pour gagner assez d'argent, conclure une "période creuse"). Comme tous les héros de Hill, c'est un bloc, énigmatique, impénétrable, qui n'hésite pas à couper les ponts dès qu'il sent une résistance ou une menace : in fine il demandera juste au médecin Poe (joué par Strother Martin avec gouaille) de s'occuper du chat qu'il a recueilli dans sa chambre d'hôtel et à Speed de veiller sur Poe (qui est opiomane), mais renoncera à sa romance avec Lucy (incarnée par la compagne de Bronson, la délicate Jill Ireland) quand elle refusera d'être entretenue par lui (préférant la sécurité d'un mari plus fortuné).

Malgré l'appréhension de Hill, Bronson s'entendra bien avec lui, respectant le fait qu'il ait aussi écrit le film, quand bien même il n'appréciera pas, en découvrant le film, que plusieurs scènes avec Jill Ireland aient été coupées au montage. Le cinéaste sera également impressionné par la condition physique de l'acteur et il est effectivement impressionnant dans la peau de ce boxeur inspiré de Jack Dempsey (quand bien même il n'aurait pas été en mesure de tenir trop longtemps durant les scènes de combat car il fumait trop - mais Hill ajoutera que Bronson "restait capable d'envoyer n'importe quel membre de l'équipe au tapis si on l'avait provoqué" !).

Ce ne sera pas la même chanson avec James Coburn: bien que le comédien y livre une formidable composition de flambeur fort en gueule et filou, sa carrière déclinait à l'époque et il en souffrait, jalousant le salaire et la popularité de son partenaire.

A la fois portrait mélancolique d'un bagarreur vieillissant et réflexion simple et directe sur la violence qu'engendre toujours une époque de crise sociale et économique, le film tire sa force de sa concision (90 minutes) et de son absence de sensiblerie. Comme le dit Speed, en regardant son champion disparaître dans la nuit à la fin : "c'était quelqu'un, ce bonhomme-là !"

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